Londres (awp/afp) - Les ventes au détail au Royaume-Uni ont repris leur marche en avant en juillet, malgré les difficultés du commerce physique, un rayon de soleil pour l'activité économique en proie à l'incertitude à quelques mois du Brexit.

Selon des chiffres publiés jeudi par l'Office des statistiques nationales (ONS), les ventes au détail ont rebondi de 0,7% en juillet sur un mois grâce au bond des achats sur internet, aux festivités de la Coupe du monde et au beau temps.

Cette progression, qui intervient après un repli de 0,5% le mois précédent, est bien plus vive que prévu par les économistes interrogés par Bloomberg qui tablaient sur une hausse modeste de 0,2%.

"De nombreux consommateurs sont restés à l'écart des magasins de centre-ville en juillet, mais les ventes en ligne ont été très solides, soutenues par des offres promotionnelles proposées par plusieurs distributeurs", résume Rhian Murphy, statisticien pour l'ONS.

Les ventes sur internet, notamment passées auprès des grands magasins, ont poursuivi leur essor pour atteindre une proportion de 18,2% sur le mois, un record historique.

Dans le même temps, les achats alimentaires n'ont pas faibli, avec une hausse certes modeste de 0,1% en juillet, mais qui marque le quatrième mois de progression consécutif.

Bières et barbecues

Selon M. Murphy, "les gens ont continué de profiter de la Coupe du monde et du soleil". Bières et barbecues ont été au programme pour nombre de Britanniques à la faveur du long et surprenant parcours de l'équipe d'Angleterre lors du Mondial de football, associé à une météo très clémente.

Principal bémol, les dépenses en carburant ont sérieusement fléchi de 1,5%, à cause d'un renchérissement de l'essence sur fond de rebond des cours du pétrole ces derniers mois.

Cette meilleure forme des ventes au détail ne masque pas un contexte préoccupant pour le commerce physique au Royaume-Uni, victime du développement des achats en ligne, du coût des loyers et d'une consommation des ménages moins forte qu'auparavant sur fond de Brexit.

"En comptabilisant tous les distributeurs ayant annoncé des suppressions d'emploi au premier semestre, le nombre total d'employés en moins s'élève à 50.000", remarque Josie Dent, économiste au centre de recherche CEBR.

De nombreux magasins de centre-ville subissent une baisse de fréquentation et sont contraints de lancer de lourdes restructurations, voire dans certains cas sont poussés à la faillite.

Attention au 'no deal'

Malgré leur rachat par le propriétaire de l'enseigne d'articles de sports Sports Direct, l'avenir des grands magasins House of Fraser inquiète toujours, alors que l'enseigne a été contrainte de fermer temporairement son site internet en raison d'un conflit avec le gestionnaire d'un entrepôt sur le paiement de factures.

Nombre d'économistes retiennent toutefois le bon côté des choses et estiment que la reprise des ventes au détail est une bonne nouvelle pour la croissance, au moment où les difficiles négociations sur le Brexit jettent une ombre sur les perspectives économiques.

Le chiffres des ventes "alimente les espoirs d'une croissance au troisième trimestre qui pourrait relativement bien se tenir", remarque Howard Archer, économiste chez EY Item Club, après une accélération à 0,4% au deuxième trimestre.

Tout va dépendre de l'évolution du pouvoir d'achat des ménages, entre une inflation encore élevée et alimentée désormais par les prix du carburants, et de bonnes nouvelles sur les salaires et l'emploi.

Les consommateurs, dont les achats sont souvent réalisés à crédit, vont devoir par ailleurs digérer la hausse des taux, certes modeste, décidée début août par la Banque d'Angleterre.

Gare enfin à un échec des négociations sur le Brexit dont les effets seraient incertains et qui pourraient enrayer la machine économique, rappelle James Smith, économiste chez ING.

"Nous doutons que le risque d'une absence d'accord soit vraiment envisagée à ce stade par les consommateurs", prévient l'économiste.

afp/rp