par Julien Ponthus et Matthieu Protard

Pourtant, selon des banquiers et des avocats d'affaires, les perspectives de croissance économique molle, voire d'un retour en récession, font pourtant peser de nouvelles craintes sur la capacité des entreprises sous LBO (rachat d'entreprises par endettement) à rembourser leur dette.

Les valorisations importantes atteintes sur certaines transactions, comme la vente de Picard Surgelés qui aurait obtenu une valeurs d'entreprise estimée à environ 1,5 milliard d'euros, rappellent à certains les excès de la crise précédente.

"On est en train de repartir sur une bulle et on voit bien, mois après mois, qu'il y a un peu plus de levier, que les multiples sont un peu plus élevés", alerte Walter Butler.

"Les leçons de la crise n'ont pas été tirées au niveau de la régulation bancaire, elles n'ont pas été tirées au niveau de la régulation économique et financière. Pourquoi auraient-elles été tirées dans le private equity?", s'interroge le financier.

Plus mesuré, le président d'Astorg Partners, Xavier Moreno, juge qu'une nouvelle vague de restructurations de la dette de certaines entreprises sous LBO est inéluctable.

MUR DE LA DETTE

"Des entreprises vont repasser sur la table d'opération", prévient-il, jugeant également que les entreprises les plus fragiles peinent encore à trouver des repreneurs.

Mais l'épouvantail d'un "mur" de la dette LBO qui constituerait une réelle menace pour le bilan des banques et les entreprises ne trouve pas que des adhérents.

"Moi, le risque systémique sur les LBO, je n'y crois pas. S'il avait dû avoir lieu, il aurait eu lieu début 2009. Or il n'a pas eu lieu", souligne quant à lui Gonzague de Blignières, le président de Barclays Private Equity France.

Michel Paris, de la société d'investissement PAI Partners, pense que si la concurrence féroce que se livrent les fonds d'investissement pour racheter les entreprises disponibles sur le marché rappelle la période de la précédente bulle spéculative, les excès relèvent désormais du passé.

"D'après moi, s'il y a une chose qui fonctionne dans ce bas monde, c'est le levier, c'est la dette LBO", estime-t-il, jugeant que les banques n'acceptent de financer que les projets solides et quand elles ont la certitude de pouvoir être repayées.

Tirant les leçons de la crise récente, Wendel assure par exemple qu'il aura désormais recours à un moindre effet de levier dans ses futures opérations de LBO.

Bernard Gautier, membre du directoire du groupe d'investissement, n'anticipe pas de nouvelle restructuration de ses filiales non cotées Materis, Deutsh ou Stahl, qui ont déjà fait l'objet d'un réaménagement de leur dette.

"Nous continuerons à faire des opérations à effet de levier mais moins fort. Nous savons aujourd'hui, après la crise, que tôt ou tard, nous pouvons être face à un accident de marché", souligne-t-il.

Mais tous les fonds ont fait part de leur projet de profiter de la reprise, comme Astorg qui souhaite lever un nouveau fonds d'au moins 800 millions d'euros "pour remplir le réservoir" ou encore Axa Private Equity qui ouvrira deux nouveaux fonds.

La filiale d'Axa s'apprête à lever un fond dédié au financement d'infrastructures, doté de plus d'un milliard d'euros et qui devrait permettre à la société de tirer parti notamment des opportunités d'acquisition en Espagne.

Dominique Senequier, présidente d'Axa PE, souhaite aussi ouvrir un nouveau fonds pour investir sur le marché secondaire du private equity, c'est-à-dire des rachats d'intérêts dans des fonds matures ou de portefeuilles de participations dans des sociétés non cotées.

Avec Nina Sovich, Gilles Guillaume, Pascale Denis, Jean-Michel Belot, James Regan, édité par Dominique Rodriguez