Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé de 2,3% en rythme annualisé, selon la première estimation publiée jeudi par le département du Commerce, après une progression de 0,6% sur les trois premiers mois de l'année.

Les chiffres du premier trimestre ont été revus en nette hausse puisque le PIB avait précédemment été donné en baisse de 0,2%. Cette révision attendue reflète des mesures prises par le gouvernement pour affiner les ajustements pour lissage des fluctuations saisonnières, réclamées par certains économistes.

L'administration avait annoncé fin juin qu'elle corrigerait le tir.

La banque centrale américaine a estimé mercredi, à l'issue de son comité de politique monétaire, que l'économie s'était remise du ralentissement du premier trimestre et connaissait une "croissance modérée", avec des "créations d'emplois soutenues".

Cette évaluation de la conjoncture américaine laisse la porte ouverte à un relèvement des taux d'intérêt en septembre, pour la première fois depuis 2006.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance légèrement supérieure, de 2,6%, toujours en rythme annualisé. Mais la composition de la croissance reflète un renforcement des fondamentaux du marché intérieur.

Un indicateur de la demande privée intérieure, qui exclut le commerce, les stocks et les dépenses de l'Etat, affiche une croissance de 2,5% contre 2,0% au début de l'année.

Le dollar a accentué ses gains face à un panier de devises tandis que Wall Street tout comme les obligations américaines perdaient un peu de terrain après ces donnnés.

LE SECTEUR DE L'ÉNERGIE PÈSE

La croissance a été soutenue par les dépenses de consommation, les ménages américains ayant profité du supplément de pouvoir d'achat dégagé par la baisse des prix de l'essence fin 2014 et début 2015 pour réaliser d'autres achats.

La consommation des ménages, qui représente plus de deux tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, a connu une croissance de 2,9%, après avoir augmenté de 1,8% au premier trimestre (revu en baisse par rapport à +2,1% précédemment).

L'amélioration du marché de l'emploi, ainsi que du marché du logement, ont également été des facteurs positifs.

Le taux d'épargne est tombé à 4,8% contre 5,2%.

Néanmoins, le secteur de l'énergie a continue à peser sur la croissance, affecté par la baisse brutale des dépenses d'investissement des compagnies de services pétroliers comme Schlumberger ou Halliburton, conséquence de la chute de plus de 60% des cours du pétrole l'an dernier.

Les dépenses de structure des entreprises ont baisse de 1,6% après avoir chuté de 7,4% au premier trimestre et les dépenses d'équipement ont reculé de 4,1% sur la période avril-juin.

Les dépenses d'exploration minière et de matériel de forage ont dégringolé de 68,2%, plus net recul depuis le deuxième trimestre 1986, après une chute de 44,5% au premier trimestre.

Toutefois, quelques signes montrent que la chute des dépenses dans le secteur pourrait bientôt prendre fin et qu'une reprise progressive pourrait voir le jour au second semestre.

Les exportations ont rebondi au deuxième trimestre en dépit du dollar fort et les importations ont progressé légèrement, ce qui a permis un déficit commercial plus limité, qui a contribué à hauteur de 0,13 point de pourcentage à la croissance du PIB.

La reconstitution des stocks a ralenti au deuxième trimestre après avoir été soutenue au premier trimestre.

Avec la hausse des cours du pétrole et de la consommation, le rythme d'inflation s'est accéléré. L'indice des prix PCE a rebondi à 2,2% après être retombé à 1,9% au premier trimestre. Hors alimentation et énergie, les prix ont augmenté de 1,8%.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Lucia Mutikani