par Giselda Vagnoni et Steve Scherer

TAORMINE, Italie, 27 mai (Reuters) - Les chefs d'Etat du G7 ont accueilli des dirigeants africains samedi au dernier jour d'un sommet dominé par le désaccord persistant entre Donald Trump et ses homologues sur la question du changement climatique et une unanimité en matière de lutte contre le terrorisme.

L'Italie espérait placer l'immigration et le développement de l'Afrique au coeur du sommet organisé en Sicile, une île qui a vu débarquer des centaines de milliers de migrants au cours des quatre dernières années, en grande partie originaires de pays d'Afrique sub-saharienne souffrant de la guerre et de la pauvreté.

Mais les deux jours de discussions ont été dominés par les conséquences de l'attentat suicide qui a fait 22 morts lundi à Manchester et les débats interminables sur les mérites du libre-échange et l'avenir de l'Accord de Paris sur le climat conclu en 2015.

Donald Trump, qui avait promis pendant la campagne présidentielle de retirer les Etats-Unis de l'accord, n'a toujours pas dit s'il respecterait les engagements pris par son prédécesseur en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Nous devons débattre de questions qui ont été tranchées il y a plusieurs années", a déploré un membre d'une délégation d'un pays du G7 sans cacher sa frustration.

Le communiqué final devrait mentionner que six pays soutiennent l'accord et accorder davantage de temps aux Etats-Unis pour se prononcer, a-t-on dit de même source.

Les diplomates allemands, américains, britanniques, canadiens, français, italiens et japonais ont travaillé jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi sur le projet de communiqué qui devrait tenir sur six pages, contre 32 l'an dernier.

"Les discussions sur le commerce ont enregistré des progrès substantiels, notamment en matière de multilatéralisme", a-t-on appris de source proche de l'Elysée. La question d'une mention de la lutte contre le "protectionnisme" dans le communiqué n'était cependant toujours pas tranchée dans la matinée.

TRUMP AFFICHE SON DÉSINTÉRÊT

L'Italie espérait à l'origine l'adoption d'un texte saluant les aspects positifs des migrations et appelant les pays industrialisés à renforcer les canaux d'immigration légale pour éviter aux réfugiés de risquer leur vie en tentant la traversée de la mer Méditerranée sur des bateaux de fortune.

L'idée a été enterrée avant même le début du sommet.

"Elle s'est heurtée à une très forte opposition des Américains et des Britanniques qui voulaient recentrer le débat sur la sécurité", a commenté un diplomate européen sous le sceau de l'anonymat.

Les questions de sécurité ont de fait dominé la première journée de discussions qui s'est achevée par la publication d'un communiqué appelant les fournisseurs d'accès à internet et les réseaux sociaux à se montrer plus actifs pour supprimer les contenus extrémistes sur la toile.

L'Afrique s'est néanmoins réinvitée à la table des discussions samedi grâce à la présence des dirigeants d'Ethiopie, du Kenya, du Niger, du Nigeria et de Tunisie, ainsi que des chefs de l'Union africaine, des Nations unies, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

"Peut-être que le choix de Taormine et de la Sicile en dit long sur l'importance de nos relations avec l'Afrique", a dit le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, dans ses propos liminaires.

"Aujourd'hui, notre discussion sur l'Afrique se concentrera sur le besoin de partenariat dans tous les secteurs, avec pour objectif principal l'innovation et le développement", a-t-il poursuivi en italien.

Signe ostensible de son peu d'intérêt pour la question, Donald Trump, qui était assis entre les présidents tunisien et nigérien, n'a même pas mis ses écouteurs pour entendre la traduction simultanée des propos du chef du gouvernement italien.

Le président américain s'envolera d'ailleurs directement pour son pays à la fin du sommet sans donner de conférence de presse, contrairement aux autres dirigeants.

Des responsables américains ont néanmoins assuré que Donald Trump avait apprécié les échanges "vigoureux" avec ses homologues et indiqué qu'il avait appris beaucoup de choses sur le changement climatique, qu'il qualifiait encore l'an dernier d'invention.

"Il est venu pour apprendre (...) Ses opinions évoluent comme elles le doivent", a déclaré vendredi son conseiller économique, Gary Cohn. (Avec Steve Holland, Giselda Vagnoni, John Irish et Andrea Rinke; Tangi Salaün pour le service français)