par Lucia Mutikani

Les Etats-Unis ont créé 192.000 emplois non agricoles le mois dernier, selon les données publiées vendredi par le département américain du Travail, un chiffre en ligne avec les attentes.

Les chiffres des mois de décembre et janvier ont été revus en hausse, apportant 58.000 créations de postes supplémentaires par rapport à ce qui avait été initialement annoncé.

La dernière fois qu'un telle hausse a été enregistrée, en mai 2010, l'Etat avait embauché des intérimaires pour réaliser un recensement, ce qui avait dopé les statistiques.

A l'instar des mois précédents, les nouveaux postes viennent tous du secteur privé, lequel a créé 222.000 postes, une performance inégalée depuis avril 2010, après 68.000 en janvier.

Le taux de chômage est tombé à 8,9%, son plus bas niveau depuis avril 2009, contre 9,0% le mois précédent.

"Nous sommes entrés dans la phase de développement du cycle économique et l'économie est auto-entretenue", commente Brian Levitt, économiste chez OppenheimerFunds.

"Ces chiffres confirment que les conditions du marché du travail s'améliorent progressivement. Il est crucial que le rythme de progression accélère tout au long de l'année compte tenu de l'ampleur du problème du chômage", estime quant à lui Mohamed El-Erian, de PIMCO.

Toutefois, ce rebond des créations d'emplois, après la faible progression du mois de janvier due à la rigueur de l'hiver, n'aura probablement aucune influence sur la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale.

Le taux de chômage a baissé de 0,9 point depuis novembre. Ce taux est issu d'une enquête auprès des ménages et montre que davantage de personnes ont trouvé un emploi en février, tandis que le chiffre des créations d'emploi provient d'une enquête différente auprès des employeurs.

LA FED SCRUTE LE CHÔMAGE

Le taux de chômage est suivi de près par la Fed et pourrait déterminer le calendrier de sa première hausse des taux. La banque centrale, qui doit se réunir le 15 mars, maintient ses taux directeurs à un niveau proche de zéro depuis décembre 2008.

Les économistes estiment que la Fed attendra que les créations de postes soient supérieures à 200.000 pendant au moins six à neuf mois et que le taux de chômage baisse sensiblement avant d'arrêter sa politique de soutien à l'économie via des taux bas et des injections massives de liquidités.

"Si nous commençons à créer assez d'emplois, suffisamment pour faire baisser le taux de chômage, je pense que la Fed se sentira plus à l'aise pour lever le pied", estime Ryan Sweet, économiste chez Moody's Analytics. "Mais pour l'instant, l'économie reste fragile. Il y a plusieurs obstacles que nous pouvons rencontrer et la Fed ne va pas vouloir se retirer tout de suite", ajoute-t-il.

En outre, la récente montée des cours du pétrole en raison des troubles politiques dans le monde arabe représente une nouvelle difficulté.

Toutefois, Ben Bernanke a fait savoir cette semaine que la hausse des cours du brut ne devrait pas affecter significativement la croissance ni provoquer davantage d'inflation, tant qu'elle reste temporaire.

Le taux de chômage restant très au-dessus de son niveau dit naturel de 5-6% et l'inflation se situant pour l'instant en-dessous de l'objectif de près de 2% de la Fed, les analystes s'attendent à ce que la Fed aille jusqu'au bout de son programme de rachat d'obligations souveraines américaines de 600 milliards de dollars, programme qui doit s'étaler jusqu'en juin.

Les créations de postes dans le secteur privé des services, qui avaient reculé en janvier en raison des intempéries, ont affiché une croissance solide en février passant de 33.000 en janvier à 152.000 en février.

Dans le secteur de la production de biens physiques, les créations d'emplois ont connu un rebond à 70.000 grâce à une météo favorable, avec une hausse de 33.000 dans la construction - secteur qui avait perdu 22.000 emplois en janvier - comme dans le secteur manufacturier.

Le secteur public a quant à lui enregistré 30.000 postes en moins, soit la quatrième baisse mensuelle consécutive, tant au niveau fédéral que local en raison de l'austérité budgétaire.

La durée moyenne de travail hebdomadaire est restée stable, à 34,2 heures, et le salaire horaire moyen a progressé d'un cent.

Florent Le Quintrec pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat