par Richard Leong

21 mars (Reuters) - Le principal taux d'intérêt de la Réserve fédérale a franchi mercredi à la hausse un niveau critique pour la première fois, selon des données publiées jeudi qui pourraient susciter des interrogations sur la capacité de la banque centrale à contrôler le niveau des taux à court terme.

Le taux des federal funds est le coût moyen que les banques se facturent pour des prêts à un jour sur le marché des fonds fédéraux, autrement dit le marché secondaire de leurs dépôts auprès des Réserves fédérales régionales.

La hausse de ce taux au-dessus du niveau souhaité par la Fed est intervenu le jour même où la banque centrale a annoncé le calendrier de l'arrêt de la réduction de son bilan. Certains traders ont accusé la diminution du portefeuille d'obligations de la Fed d'être en partie responsable des turbulences récentes sur les marchés monétaires.

La Réserve fédérale de New York a publié jeudi les données sur les taux au jour le jour.

Le taux moyen des prêts et emprunts, appelé taux effectif des fed funds, est ressorti à 2,41% mercredi, au-dessus du taux de 2,40% que la banque centrale utilise pour rémunérer les réserves en excès des banques (IOER).

En 2018, la Fed a ajusté l'IOER à deux reprises pour tenter de maintenir le taux effectif des fed funds au milieu de sa zone cible, qui est actuellement de 2,25-2,50%.

La hausse de mercredi du taux des fed funds fait dire à certains que la banque centrale pourrait cibler un autre taux au jour le jour du fait de la baisse régulière de liquidités sur le marché des fonds fédéraux depuis 10 ans.

Pour certains traders et analystes, la normalisation du bilan de la Fed explique en grande partie le tarissement des réserves en excès à négocier sur le marché secondaire.

En décembre, la pénurie de réserves en excès était telle que les coûts d'emprunt sont montés en flèche dans d'autres segments du marché monétaire essentiels au financement du trading à Wall Street.

"Cela a envoyé le message à la Fed qu'il fallait arrêter plus vite la diminution de son bilan", déclare Gennadiy Goldberg, stratège taux chez TD Securities à New York.

La demande des banques en fin de mois et en fin de trimestre pour emprunter des réserves en excès et se conformer ainsi aux exigences de réserves obligatoires ne fait qu'exacerber ce déséquilibre ressenti, disent les analystes.

La Fed a annoncé mercredi, au terme de sa réunion de politique monétaire, qu'elle ralentirait dès le mois de mai la réduction de son bilan, effectuée actuellement au rythme de 50 milliards de dollars par mois, et qu'elle y mettrait un terme en septembre.

"C'est reconnaître ce problème de pénurie", dit Gemma Wright-Casparius, gérante senior chez Vanguard à Malvern, en Pennsylvanie. "L'objectif de la Fed avec son bilan c'est : "surtout ne pas faire de mal."

(Véronique Tison pour le service français)