(.)

BRUXELLES, 22 mars (Reuters) - "Le temps de la naïveté européenne" dans les relations avec la Chine est révolu, a déclaré vendredi Emmanuel Macron, à l'unisson des autres chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne qui étaient réunis jeudi et vendredi à Bruxelles.

Le bloc communautaire européen s'est gardé de prendre parti dans la guerre commerciale que se livrent depuis des mois Washington et Pékin. Mais les politiques de subventions publiques et l'intervention de l'Etat dans l'économie chinoise, de même que la lenteur de l'ouverture des marchés chinois, sont une source croissante de contrariétés, au menu du prochain sommet UE-Chine le 9 avril prochain.

"Je dois le dire très clairement, le temps de la naïveté européenne est révolu", a déclaré le président français, qui s'exprimait après l'examen par les dirigeants européens d'un durcissement de la stratégie européenne, passant notamment par la recherche de nouvelles règles sur la réciprocité dans l'accès aux marchés publics et l'analyse des investissements dans des secteurs stratégiques.

Emmanuel Macron a notamment évoqué la technologie de téléphonie 5G, où les équipementiers chinois comme Huawei sont particulièrement puissants, ce qui pourrait poser des problèmes de sécurité, selon les Etats-Unis.

Les Européens ont adopté vendredi un instrument européen de contrôle des investissements stratégiques et relancé les travaux sur un dispositif de réciprocité dans l'ouverture des marchés publics et engagé une adaptation des règles de concurrence, a souligné le chef de l'Etat.

Pour Angela Merkel, l'Europe doit traiter la Chine autant comme un concurrent que comme un partenaire. Un avis qu'ont partagé le chancelier autrichien Sebastian Kurz et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le sommet européen, bouleversé une fois encore par le processus du Brexit, a permis un long débat sur la Chine, mais n'a pas abouti à une conclusion formelle.

L'objectif affiché de présenter un front uni sur la Chine a été compliqué par la visite que le président chinois Xi Jinping effectue en parallèle en Italie, où le gouvernement Ligue-Mouvement 5 Etoiles devrait signer un accord arrimant l'Italie au projet chinois des Nouvelles routes de la soie ("Belt and Road").

D'autres pays de l'UE, principalement d'ex-pays de l'Europe de l'Est, se sont déjà rapprochés de ce gigantesque projet d'infrastructures porté par Pékin.

Le numéro un chinois poursuivra samedi sa visite d'Etat en Italie avec un détour par à Palerme, en Sicile. Il se rendra dimanche ensuite dans la principauté de Monaco avant une visite d'Etat en France, qui débutera samedi soir par un "dîner restreint" avec son homologue français dans les Alpes-Maritimes. (Jean-Baptiste Vey, Philip Blenkinsop et Robin Emmott édité par Sophie Louet et Henri-Pierre André)