L'actualité financière se joue la plupart du temps sur plusieurs niveaux. D'abord une partie bien rodée avec ses rituels et sa cadence imposée par les calendriers, comme les publications de résultats des entreprises, les statistiques macroéconomiques ou les rendez-vous monétaires. C'est la dimension la plus prévisible. Le second niveau est par nature inattendu : il s'agit des événements qui viennent bouleverser le train-train habituel. Ils sont souvent source de volatilité et peuvent concerner une valeur, un secteur ou même une classe d'actifs entière. Sur les dernières semaines écoulées, je pourrais citer les remous créés par ceux que l'on a appelé les "covid-traders" autour de GameStop et d'autres actions. Ou la faillite de Greensill. Parfois, ces événements disparaissent d'eux-mêmes. Quand ce n'est pas le cas, ils atteignent généralement le troisième niveau, c’est-à-dire qu'ils s'installent plus longuement dans la trame de fond boursière. Pour reprendre un exemple récent, l'appétit des investisseurs pour les valeurs décotées qui a commencé à poindre en novembre de façon frénétique a duré et se maintient quatre mois plus tard.

Le blocage du canal de Suez par un porte-conteneur constitue un de ces impondérables. Durera-t-il une semaine ou un mois ? Plusieurs théories s'affrontent, aussi bien sur la date de réouverture que sur les conséquences de l'incident. Apparemment, le voyage alternatif de contournement de l'Afrique ne prendrait qu'une semaine de plus. Il se peut donc que cette nouvelle "affaire de Suez" n'ait pas grand impact sur l'économie. Il nous aura en tout cas permis d'apprendre qu'en dépit des avancées technologiques, un navire géant peut se retrouver coincé en travers d'une des infrastructures majeures du monde et qu'une pelle mécanique de plusieurs dizaines de tonnes n'a pas l'air d'un grand secours au pied de ces colosses des mers.

L'autre événement de la semaine, qui à mon sens emporte un risque global bien plus lourd de conséquences, est le durcissement des relations entre les puissances occidentales et la Chine autour de la question des Ouïghours dans le Xinjiang. Les réponses outrées de Pékin s'accompagnent d'une rhétorique agressive et de réactions un peu hallucinantes, comme la disparition quasi instantanée des produits de certaines marques occidentales des sites de vente en ligne. Leur tort ? Avoir adhéré aux critiques sur le Xinjiang ou ne plus s'approvisionner dans cette région, ce qui revient au même. H&M a même apparemment fait l'expérience de la disparition pure et simple de ses magasins des applications de cartographie en Chine. Des marques comme Nike et Burberry subissent des tombereaux d'injures sur les réseaux sociaux. Si vous n'achetez pas notre coton, nous pouvons vous faire disparaître, en somme.

La menace n'est pas à prendre à la légère pour les entreprises qui profitent d'une partie du gâteau chinois, et elles sont nombreuses. "Il y aura un prix à payer pour avoir ignoré à quel point la Chine, son agenda politique, son propre ensemble de réglementations et sa poussée militaire se sont infiltrés dans l'exercice de valorisation des entreprises européennes", souligne le bureau d'études AlphaValue, qui rappelle que cette prime de risque a été jusqu'ici rognée par la générosité des banques centrales, mais que "le réveil pourrait être d'autant plus brutal". A un moment où à un autre, cette problématique se télescopera nécessairement avec les fameux critères ESG – le "S" en l'occurrence – qui sont, paraît-il, si chers aux dirigeants d'entreprises et aux investisseurs. L'avertissement vaut pour les entreprises du textile et du luxe mais aussi pour tous les autres secteurs qui ont fait de la Chine un débouché majeur pour leurs produits.

Le CAC40 flirte avec les 6000 points à l'ouverture, sur un gain de 0,75%. 

Les temps forts économiques du jour

Les ventes de détail britanniques (8h00), l'indice de confiance des consommateurs français (8h45), et l'indice Ifo allemand de confiance des milieux économiques (10h00) occuperont la matinée, avant aux États-Unis la publication des revenus et dépenses des ménages et des stocks des grossistes (13h30) et de l'indice de confiance des consommateurs de l'université du Michigan (15h00).

L'euro poursuit son reflux à 1,1779 USD. L'once d'or perd un peu de terrain à 1724 USD. Le pétrole, qui a baissé hier, rebondit à 59,20 USD le WTI et 62,50 USD le Brent. Le T-Bond offre un rendement de 1,64 %. Le Bitcoin gagne 2 % à 52 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Assa Abloy : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 280 SEK.
  • British American Tobacco : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 3606 GBp.
  • Cassiopea : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 65 à 67 CHF.
  • Compagnie Financière Richemont : Investec démarre le suivi à conserver en visant 95 CHF.
  • Danone : Credit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 62 EUR.
  • Imperial Brands : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 2041 à 1466 GBp.
  • ITM Power : HSBC passe de conserver à acheter en visant 550 GBp.
  • Kuehne + Nagel : Baader Helvea passe d'acheter à alléger en visant 250 CHF.
  • Nel ASA : HSBC passe de conserver à acheter en visant 33 NOK.
  • Next : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 8800 GBp.
  • Ocado : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 2390 GBp.
  • Poste Italiane : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 14 EUR.
  • Safran : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 100 à 110 EUR.
  • Schibsted : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 432 NOK.
  • Standard Life Aberdeen : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 300 GBp.
  • U-Blox : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 63 CHF.
  • Zooplus : Liberum reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 220 à 270 EUR.

Actualités des sociétés

En France

Annonces importantes

  • EssilorLuxottica rachète Walman aux États-Unis.
  • Capgemini s'offre l'australien RXP Services pour un montant non dévoilé.
  • Selon Les Echos, un accord aurait été obtenu à Bruxelles sur la recapitalisation d'Air France-KLM.
  • Guillaume Texier futur directeur général de Rexel.
  • Technip Energies s'allie à Nipigas en Russie pour créer Nova Energies, spécialiste de la transition énergétique dans le pays.
  • Bic nomme un président non-exécutif par intérim et un administrateur indépendant référent.
  • Lectra signe le contrat d'acquisition de Gerber Technology pour 175 M€.
  • CNIM signe un mémorandum d'entente sur sa restructuration financière avec l'Etat, Martin GmbH, ses créanciers et assureurs-crédit.
  • L'AG de Signaux Girod valide le transfert sur Euronext Growth.
  • Focus Home Interactive relève ses prévisions.
  • Akka signe un partenariat avec On Device Solutions.
  • Hydrogen Refueling Solutions signe sa première commande avec Plug Power pour une station de ravitaillement en hydrogène.
  • Placement privé de 30 M€ pour Gensight, à 6,70 EUR l'action.
  • Energisme lance une nouvelle plateforme de gestion des données.
  • PSB Industries va quitter la cote à 30 EUR l'action.
  • MedinCell annonce le démarrage au T2 de l'étude de phase III de mdc-CWM.
  • Riber reçoit une commande de machine MBE.
  • DBT, pour financer ses ambitions dans la mobilité électriques, signe une ligne de financement dilutive de 200 M€ sous forme de BEOCABSA avec Park Capital, déjà financeur d'une ligne précédente.
  • Wallix, Bastide, Gascogne, Quantum Genomics, Deinove, Esker, Lacroix, Réalités, Burelle, Exacompta ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Microsoft est désormais en négociations exclusives pour racheter Discord sur la base d'une valorisation de 10 Mds$, selon le Wall Street Journal..
  • Aux États-Unis, la Fed va lever les restrictions sur le versement des dividendes par les banques.
  • Allianz achète la filiale polonaise d'Aviva pour 2,5 Mds€.
  • Moody's relève la notation crédit de Tesla de B2 à Ba3 avec une perspective positive.
  • Le consortium CDP devrait relever à 9,5 Mds€ son offre à Atlantia pour Autostrade, selon Il Messaggero.
  • Burberry devient la première marque de luxe à souffrir de mesures de rétorsion à cause de sa position sur le Xinjiang.
  • Xiaomi va produire des véhicules électriques.
  • ABB Ltd prévoit un rachat d'actions géant de 4,3 Mds$ à partir d'avril.
  • Greensill se place sous la protection de la loi des faillites américaines à New York.
  • Aux dernières rumeurs, Robinhood souhaiterait faire participer ses utilisateurs à son introduction en bourse.
  • Apollo songerait à céder McGraw-Hill Education pour 6 Mds$, selon Bloomberg.
  • Principaux résultats des sociétés attendus. China Life, SAIC, Smiths Group, Pharmagest, Eurocommercial, Immobel

Lectures