Les perspectives se sont dégradées pour l’aviation mondiale : l’Iata, qui intègre les données de 280 compagnies aériennes, corrige à la baisse ses attentes en termes de bénéfices pour 2018. L’Association révise ses chiffres de 12%, passant de 38,4 à 33,8 milliards de dollars (28,9 milliards d’euros) pour l’année en cours. Pourtant, le rendement par passager devrait augmenter de 3,2%, premier gain depuis 2011. Alors comment expliquer la chute des bénéfices attendus ?

Un carburant de plus en plus onéreux

La principale cause avancée par l’Iata est, sans surprise, la hausse des prix du baril de pétrole et du kérosène. Pas étonnant lorsqu’on se rend compte que le prix du carburant représente près de 25% des coûts opérationnels des compagnies aériennes. L’Association estime que le prix moyen du baril de Brent atteindra 70 USD sur l’année (76 USD ce jour) soit 27,5% plus cher qu’en 2017.


L’évolution des prix du baril de brut et de kérosène depuis 2011 (Source : www.iata.org)
 
Alors comment faisaient les compagnies aériennes quand le pétrole s’échangeait à plus de 100 dollars le baril ? A l’époque, les bénéfices étaient très faibles, de l’ordre de 10 milliards de dollars en 2013 par exemple. Déjà, la consommation de pétrole était plus faible. Elle s’est depuis envolée de 34% en 5 ans pour atteindre 356 milliards de litres, surtout à cause de l’augmentation de la flotte aérienne. De plus, les compagnies comptaient sur l’explosion de la demande, provenant notamment des pays asiatiques ainsi que de la libéralisation des échanges à l’échelle mondiale.

Une demande affaiblie

Mais la demande s’est ralentie ces derniers temps puisque les taux de croissance sont sur la pente descendante. Pour 2018, l’Iata table sur une augmentation de 7% en termes de passagers (8,1% en 2017), et 4% seulement pour le fret de marchandises (9,7% en 2017). La faute aux risques géopolitiques, selon Brian Pearce, le Chef-économiste de l’Association. La guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine et l’Europe ainsi que le Brexit sont le signe d’un protectionnisme qui ne cesse de se renforcer depuis la crise de 2008. Et c’est la demande mondiale qui en pâtit.

En bourse, les compagnies aériennes souffrent manifestement de cette situation : d’après notre comparaison sectorielle, seules 17 compagnies sur les 56 recensées sont dans le vert depuis le 1er janvier (30%). A ce rythme, les compagnies ne peuvent qu’espérer une embellie géopolitique pour compenser la hausse des prix du baril de pétrole.