Rome (awp/afp) - Des chercheurs d'un hôpital spécialisé de Milan (nord) sont parvenus à isoler la version italienne du nouveau coronavirus, qui "circulait inaperçu depuis des semaines" dans la péninsule, selon ces spécialistes qui tentent de remonter à la source de l'épidémie.

"L'épidémie n'est pas récente dans le pays et le virus a circulé inaperçu pendant plusieurs semaines, avant les premiers cas avérés de la maladie", a expliqué vendredi le professeur Massimo Galli, dont l'équipe a isolé la souche italienne du virus en seulement quatre jours, sur la chaîne publique Rainews 24.

"Ce n'est pas une découverte incroyable", plutôt "normale pour un laboratoire comme le nôtre", mais cela va "donner une contribution à la recherche sur la dynamique de l'épidémie en Italie", a poursuivi le professeur Galli, directeur de l'hôpital Sacco de Milan, spécialisé dans les maladies infectieuses.

Il s'est dit convaincu qu'étudier la version italienne du virus "aidera à mieux comprendre cette épidémie et à la circonscrire".

Avec 650 personnes testées positives, dont toutefois seulement 303 sont considérées comme vraiment malades, l'Italie est le pays d'Europe le plus touché par l'épidémie.

L'équipe de chercheurs du Sacco, pilotée par la professeure d'immunologie Claudia Balotta, a travaillé sur des échantillons prélevés sur trois patients de la "zone rouge" autour de Codogno, en Lombardie (région de Milan dans le nord), hospitalisés entre vendredi et samedi.

Codogno (15.000 habitants) est la localité où a démarré l'épidémie italienne à partir d'un malade, appelé patient 1. Le patient zéro n'a pas encore été trouvé mais le patient 1 est considéré comme à la source des deux foyers existant en Italie, le deuxième se trouvant en Vénétie (nord-est), près de Padoue.

Ce patient 1, un cadre de 38 ans de l'entreprise anglo-néerlandaise Unilever hospitalisé depuis le 19 février, d'abord à Codogno puis à Pavie, a involontairement contaminé son épouse enceinte, un ami puis des habitués d'un bar de Codogno, ses médecins, du personnel sanitaire et des patients de l'hôpital local, et leur entourage.

"Polémiques inutiles"

La Lombardie concentre 403 cas de contaminations sur les 650 personnes testées positivement en Italie où le coronavirus a fait depuis vendredi dernier 17 morts parmi des personnes âgées et déjà atteintes de pathologies graves.

La professeure Balotta a expliqué qu'"étudier les différences entre la souche italienne et le coronavirus chinois permettra d'établir son parcours en Italie, les rapports entre le +cluster+ (foyer) lombard et celui de Vénétie et toutes les contagions successives".

Le professeur Galli a balayé les "polémiques inutiles" sur le fait que l'Italie aurait effectué trop de tests (plus de 12.000 depuis vendredi), ce qui expliquerait la hausse exponentielle du nombre de cas dont une majorité de personnes non malades.

"La hausse du nombre de cas que nous voyons jour après jour ne correspond pas à de nouvelles infections apparaissant du jour au lendemain", a-t-il souligné, faisant valoir qu'il s'agit de contaminations pour la plupart anciennes de proches de personnes déjà malades.

Les chercheurs cherchent à "remonter en arrière en pratiquant le test sur toutes les personnes qui ont été en contact avec les patients pour lesquels on a une information claire concernant la maladie".

Il faut absolument revenir aux premières versions du virus quand il est apparu en Italie "pour aider à circonscrire l'épidémie et éviter qu'elle ne se propage", insiste-t-il.

Selon la professeure Ballotta, "il faudra des semaines pour déterminer la date exacte de l'arrivée de cette souche en Italie, sans doute quand l'épidémie sera terminée".

afp/rp