BERLIN, 26 septembre (Reuters) - Les Allemands se rendent aux urnes ce dimanche pour désigner le successeur de la chancelière Angela Merkel et peut-être mettre fin à seize années de pouvoir conservateur.

Le Parti social-démocrate (SPD) d'Olaf Scholz était en tête dans les derniers sondages, avec environ 25% des intentions de vote, soit selon les instituts entre un et trois points d'avance sur l'Union chrétienne-démocrate (CDU) du dauphin d'Angela Merkel, Armin Laschet, et ses alliés bavarois de la CSU.

Les premiers résultats du scrutin sont attendus en début de soirée.

Olaf Scholz, qui occupe le poste honorifique de vice-chancelier dans la "grande coalition" CDU-SPD au pouvoir à Berlin, a clairement dit sa préférence pour une alliance ancrée plus à gauche avec les Verts, attendus autour de 16%, ce qui marquerait une rupture majeure pour l'Allemagne comme sans doute pour l'Union européenne.

Egalement ministre des Finances du gouvernement sortant, le dirigeant social-démocrate est par exemple favorable à la création d'une union bancaire entre les Vingt-Sept.

Dans un Bundestag qui s'annonce une nouvelle fois très fragmenté, le SPD et les Verts auraient cependant sans doute besoin d'un troisième partenaire de gouvernement, ce qui n'est jamais arrivé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et présage de longues négociations avant de pouvoir former une coalition.

LES LIBÉRAUX DU FDP "FAISEURS DE ROI"?

Si les conservateurs ont brandi dans les derniers jours de la campagne la menace d'une coalition "rouge" avec Die Linke, rien n'indique que le parti d'extrême gauche soit en mesure d'être un "faiseur de roi", puisque les sondages le créditent d'à peine plus des 5% nécessaires pour entrer au Parlement.

Les libéraux du FDP, crédités d'environ 11%, semblent mieux placés pour jouer ce rôle, mais leur agenda politique très éloigné de celui du SPD et des Verts rend très incertain un accord de gouvernement.

Le FDP est notamment opposé au projet du SPD et des Verts d'accélérer la transition écologique et la numérisation de l'économie grâce à des investissements financés par l'émission de dette - un tabou pour une partie des Allemands.

Les libéraux refusent également la hausse de l'imposition des riches et celle du salaire minimum, toutes deux défendues par les sociaux-démocrates et les écologistes.

Au terme d'une campagne marquée par ses maladresses et ses impairs, Armin Laschet n'a par conséquent pas perdu toute chance de tirer son épingle du jeu. Mais si l'écart dans les sondages s'est un peu réduit ces derniers jours, le bloc conservateur CDU/CSU n'a pas abordé depuis longtemps un scrutin dans une telle position de faiblesse.

A la déception d'une défaite électorale pour terminer son ultime mandat, Angela Merkel pourrait donc ajouter l'épreuve de longues et difficiles tractations politiques, puisqu'elle restera chancelière jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement. (Emma Thomasson et Thomas Escritt à Berlin, version française Tangi Salaün)