par Kevin Plumberg et Aiko Hayashi

Les principales Bourses européennes, qui avaient déjà reculé de 6% la veille, suivent le mouvement de baisse généralisée avec des pertes comprises entre 3% et 4% dans les premiers échanges.

Après l'euphorie qui a gagné les places financières mondiales lundi et mardi dans la foulée de plans de soutien au secteur bancaire représentant des centaines de milliards de dollars des deux côtés de l'Atlantique, la panique semble de nouveau avoir saisi les investisseurs, qui redoutent l'impact de la crise financière sur les résultats des entreprises.

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo, qui avait enregistré la plus forte hausse de son histoire (+14,15%), a subi jeudi, comme d'ailleurs le Dow Jones, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le krach d'octobre 1987.

La Bourse de Séoul a subi la troisième plus forte baisse en pourcentage de son histoire, avec un plongeon de 9,67%, ce qui constitue également la plus mauvaise performance depuis septembre 2001. De son côté, le won sud-coréen chute de près de 10%, sa plus forte baisse depuis plus de 10 ans.

L'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong reculait de plus de 5% vers 7h45 GMT et la bourse indienne de plus de 4%. La Bourse de Shanghai a terminé en baisse de 4,3% et la place financière australienne a reculé de 6,7%.

CHUTE DES VALEURS LIEES AUX MATIERES PREMIERES

A Hong Kong et en Australie, la baisse des valeurs liées aux matières premières est particulièrement marquée, les intervenants craignant que le secteur soit le premier touché par une récession mondiale.

En Austalie, Rio Tinto a cédé de 15,9% et BHP Billiton a reculé de 13%. A Hong Kong, le premier producteur de charbon chinois, Shenhua, reculait de 14,7%.

Les valeur liées au fret maritime sont également durement touchées, l'indice Baltique, qui mesure le prix du fret maritime sur les principales routes de transport de matières comme le charbon, le minerai de fer, le ciment ou encore les céréales, a chuté de plus de 10% pour tomber à un plus bas depuis février 2003.

La semaine dernière, cet indice avait subi les plus violentes baisses journalières en 23 ans d'existence. Depuis un pic de 11.793 points atteint en mai, il a perdu plus des quatre cinquièmes de sa valeur.

A Tokyo, la firme spécialisée dans le fret maritime Mitsui OSK Lines a ainsi perdu 14,83% en une séance.

"Les secteurs qui reflètent le plus les craintes sur l'économie mondiale sont ceux du fret maritime et du négoce (...) au moment où les inquiétudes concernant l'état du secteur financier commencent à se calmer après les mesures prises par les gouvernements, on se dit qu'il en faudra également pour l'économie réelle", a souligné Yoshinori Nagano, stratège chez Daiwa Asset Management.

La Bourse de Tokyo n'a guère été aidée par le Premier ministre japonais Taro Aso qui a dit que la baisse des Bourses constituait la preuve que le plan de soutien américain au secteur bancaire pourrait être insuffisant pour juguler la crise financière.

Encore plus que le dollar, le yen, monnaie à faible rendement, est très recherché dans un contexte d'incertitudes, la devise japonaise étant proche de 100 yens pour un dollar.

Cette appréciation du yen, face au billet vert et à l'euro, affecte les valeurs tournées vers l'exportation. Canon chute de 12,2%, Sony de 13%, Honda de plus de 10% et Toyota, premier constructeur automobile mondial, de 9,3%.

Version française Benoit Van Overstraeten