Mario Draghi a fait grimper les actions européennes et baisser l'euro ainsi que les rendements obligataires de la zone euro. Il a également provoqué la colère de Donald Trump, qui l'a accusé de donner un avantage compétitif déloyal aux exportateurs européens en provoquant un repli de la monnaie unique face au dollar.

À Paris, le CAC 40 a pris 2,20% à 5.509,73 points, signant sa deuxième meilleure performance de l'année après une progression de 2,72% le 4 janvier.

Le Footsie britannique a gagné 1,17% et le Dax allemand a avancé de 2,03%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 2,06%, le FTSEurofirst 300 de 1,81% et le Stoxx 600 de 1,67%.

La BCE assouplira encore sa politique si l'inflation ne converge pas vers son objectif, a déclaré Mario Draghi, renforçant les anticipations de nouvelles mesures de soutien monétaire dans la zone euro dans les prochaines semaines.

"Le président de la BCE, dont la communication avait été pour le moins ambiguë à la suite du dernier comité de politique monétaire, semble avoir révisé sa copie", commente Valérie Riche-Flores (RF Research). "Les propos d'aujourd'hui viennent corriger le tir mais fragilisent par là-même un peu plus le secteur bancaire."

Autre élément positif pour les marchés d'actions, Donald Trump a annoncé mardi qu'il rencontrerait son homologue chinois Xi Jinping au prochain sommet du G20, les 28 et 29 juin à Osaka, faisant naître l'espoir d'une embellie sur le front du commerce.

VALEURS Tous les indices sectoriels ont fini nettement dans le vert, même les banques, pourtant longtemps dans le rouge.

La plus nette progression est pour les ressources de base (+2,91%), emmenées par ArcelorMittal (+6,26%, plus forte hausse du Stock 600). Ce compartiment a été porté par l'espoir que le sommet du G20 soit le théâtre d'un accord commercial entre les deux premières économies du monde.

Le repli de l'euro a favorisé les exportateurs, notamment les grosses valorisations du luxe. LVMH, Hermès et Kering ont pris de près de 3% à plus de 4%.

Contre la tendance, les fabricants de semi-conducteurs ont souffert de l'avertissement de Siltronic, qui a chuté de 7,67% à la Bourse de Francfort.

A WALL STREET

Les indices de la Bourse de New York prennent plus de 1%, les investisseurs paraissant espérer que la Réserve fédérale s'inspire de la tonalité adoptée par la BCE, sans parler de l'effet positif de l'annonce d'une prochaine rencontre entre les présidents américain et chinois.

La Fed a entamé mardi une réunion monétaire qui s'achèvera mercredi par le traditionnel communiqué, suivi par la conférence de presse de son président, Jerome Powell.

Les investisseurs évaluent à seulement 26% la probabilité d'une baisse de taux dès ce mois-ci, selon le baromètre FedWatch de CME Group. Ils sont en revanche convaincus à une écrasante majorité qu'une baisse sera annoncée lors de la prochaine réunion de la Fed, au mois de juillet.

"Selon nos estimations, la Fed ne changera pas ses taux d'intérêt mercredi", déclare Stefan Kreuzkamp, directeur des investissements chez DWS. "Toutefois, elle pourrait préparer le terrain pour une baisse des taux dans un avenir proche. Même si cela dépendra plus des pressions externes et internes qui s'exercent sur la Réserve Fédérale que du climat économique actuel."

TAUX

La perspective d'un assouplissement monétaire se reflète logiquement dans les taux de la dette souveraine de la zone euro.

Le rendement des emprunts d'Etat français à dix ans est ainsi passé en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Ce taux de référence a perdu jusqu'à 11 points de base pour descendre légèrement en dessous de zéro, à -0,002%, avant de finir de justesse en territoire positif.

Le rendement du Bund allemand à dix ans a terminé pour sa part à un plus bas record à -0,32%.

Le rendement des obligations du Trésor américain à dix ans recule de trois points de base, autour de 2,056%.

CHANGES

Les déclarations accommodantes de Mario Draghi ont également entraîné une baisse de l'euro, qui évolue en dessous de 1,12 dollar, à un creux de deux semaines à 1,118

Logiquement, l'"indice dollar", qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, remonte et prend environ 0,15%.

De son côté, la livre sterling se stabilise après avoir touché un creux de plus de cinq mois face au dollar et à l'euro en raison des inquiétudes grandissantes de voir Boris Johnson, favorable à un Brexit dur, devenir le prochain Premier ministre britannique.

PÉTROLE

Les cours du brut grimpent, portés par l'annonce d'une rencontre prochaine entre les présidents américain et chinois. Le Brent prend 2,5% à 62,45 dollars le baril et le brut léger américain gagne près de 4% pour se rapprocher de 54 dollars.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)

par Patrick Vignal