Londres (awp/afp) - Les Bourses européennes pourraient encore évoluer au gré des tensions commerciales autour des Etats-Unis, sur fond d'activité économique poussive peu rassurante pour les investisseurs.

Le marché est resté une nouvelle fois suspendu au dossier commercial lors de la semaine écoulée, se positionnant au gré des annonces parvenant de Chine et des Etats-Unis. Il a connu un démarrage assez éprouvant mais a repris des couleurs mardi, se raccrochant à la perspective d'une rencontre entre les dirigeants américains et chinois. L'embellie a été de courte durée cependant puisque les inquiétudes ont ressurgi en fin de semaine.

"C'était une semaine en yoyo", a commenté auprès de l'AFP Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. "Les signaux qu'on nous envoie d'une séance à l'autre sont complètement contradictoires. C'est extrêmement dur de suivre le dossier", a-t-il poursuivi. "Les investisseurs restent quand même assez prudents parce que nous avons eu de mauvaises données économiques du côté américain et chinois, auxquelles s'ajoutent des incertitudes qui s'accentuent encore ce (vendredi) matin sur la guerre commerciale".

Le conflit a pris en effet une nouvelle dimension, Washington sortant l'artillerie lourde dans le secteur des technologies pour tenter de neutraliser Huawei, acteur incontournable des réseaux mobiles et de la 5G en particulier.

"Les médias d'Etat chinois ont indiqué que le gouvernement chinois ne voyait pas l'intérêt de poursuivre les discussions dans le climat actuel de droits de douanes rehaussés et d'hostilité à l'encontre de Huawei", a souligné Michael Hewson, analyste chez CMC Markets UK.

D'après cet analyste londonien, "les discussions pourraient ne pas vraiment reprendre jusqu'au sommet du G20 le mois prochain".

Instabilité

En attendant, les marchés de Paris, Londres et Francfort pourraient être soumis aux rumeurs et développements abrupts sur ce sujet, alors que les opérateurs sont déjà peu rassurés par une économie mondiale peu gaillarde.

A court terme, d'après M. Dembik, "nous n'aurons pas de stabilité a priori car les deux éléments déstabilisateurs qui ont joué cette semaine, c'est-à-dire la guerre commerciale et cette macroéconomie qui revient un peu sur le devant de la scène, seront des éléments qui vont encore perturber" le marché. "On peut faire face à des pics soudains de volatilité à cause d'une annonce qui sera mal interprétée par le marché", a-t-il prévenu.

L'agenda macroéconomique sera peu garni en Europe cette semaine mais les investisseurs pourraient quand même réagir jeudi à la publication en France comme en Allemagne de données sur le climat des affaires au mois de mai. Destatis publiera le même jour les détails du PIB allemand pour le premier trimestre, lequel s'est repris (+0,4%) après avoir échappé de peu à la récession en seconde partie d'année 2018.

Au Royaume-Uni, les donneurs d'ordre surveilleront notamment mercredi les chiffres de l'inflation pour avril, qui pourraient peser sur une livre sterling passablement affaiblie par la crise politique sans fin à Westminster.

Confrontée à une impasse autour du Brexit, la Première ministre conservatrice, Theresa May, a été sommée par son parti de préparer son départ cet été. Les spéculations montent autour du fait que son successeur pourrait être un partisan d'un Brexit dur, prêt à une sortie sans accord avec l'UE, comme l'ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson.

Du côté de la microéconomie, les prochains jours seront surtout ponctués à Paris par la tenue des assemblées générales de plusieurs grosses pointures du CAC 40 (Société générale, Orange, Engie ou encore BNP Paribas).

A Francfort, peu d'annonces marquantes sont attendues a priori du côté des entreprises au sortir de la saison des résultats trimestriels. Le groupe industriel ThyssenKrupp pourrait tenter de retrouver de la stabilité après avoir chuté d'environ 13% depuis lundi, suite à un bond de 28% le vendredi précédent. L'euphorie est passée après ses annonces de profonde réorganisation et de cession de son activité ascenseurs.

A Londres, quelques résultats sont encore attendus notamment dans le secteur de la distribution, avec les comptes annuels de Marks and Spencer mercredi.

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