Paris (awp/afp) - Les Bourses européenne et Wall Street décrochaient de plus de 4% jeudi, dans une logique de prise de bénéfices favorisée par le pessimisme sur la reprise économique et les craintes de deuxième vague de Covid-19.

Tous les marchés actions européens ont dévissé de plus de 4%: Paris (-4,71%), Francfort (-4,47%), Londres (-3,99%), Milan (-4,81%) et Madrid (-5,04%). L'Eurostoxx a perdu 4,27%. A Zurich, le SMI a cédé 3,14%.

Au moment de la clôture européenne, Wall Street s'enfonçait de 5%.

"C'est la cinquième plus forte baisse en Europe depuis le début de la crise du coronavirus", rappelle Thierry Le Clercq, gérant actions spécialiste des actions françaises chez Mandarine Gestion.

L'aversion au risque a profité au marché obligataire, où les rendements des dettes souveraines ont fortement baissé.

Les prix du pétrole plongeaient de près de 10%, trahissant l'inquiétude des investisseurs sur le dynamisme de la reprise économique mondiale et par ricochet celui de la demande en or noir.

Les marchés ont un peu "un sentiment de gueule de bois après les annonces de la Fed d'hier" mercredi, qui a prévu de laisser les taux d'intérêt près de zéro jusqu'en 2022, a indiqué à l'AFP Andrea Tuéni, analyste chez Saxo Banque.

"A chaque fois qu'on a une réunion où on se contente de confirmer les mesures déjà en place, sans plus, il peut y avoir un sentiment de déception", a ajouté l'expert.

Surtout, les projections économiques présentées par la Banque centrale américaine (Fed) mercredi ont saboté l'espoir d'une reprise rapide de l'économie, "ce qui a pu générer aussi un peu de déception", souligne-t-il.

La Fed prévoit notamment une baisse de 6,5 % du Produit intérieur brut cette année avant un fort rebond de 5% en 2021 et une croissance plus modeste (3,5%) l'année suivante.

"Compte tenu de l'arithmétique trimestrielle, l'économie ne sortira pas de son trou actuel avant 2022. Le taux d'emploi et d'inflation maximum semble hors de portée pour les deux ans et demi à venir", indique Vincent Reinhart, stratégiste chez BNY Mellon Investment Management.

La position "ni trop prudente ni trop alarmiste" de la Fed a servi également de "prétexte pour prendre ses bénéfices" après un mouvement haussier intense, souligne M. Tuéni.

Crainte sanitaire

En outre, "le risque de deuxième vague de l'épidémie inquiète".

La résurgence de cas de Covid-19 dans plusieurs régions des Etats-Unis fait craindre une deuxième vague qui ferait encore plus de dégâts et viendrait ralentir la lente reprise économique, alors que l'emploi commence à reprendre quelques couleurs.

Les Etats-Unis, où un vaccin expérimental contre le Covid-19 de la biotech Moderna sera testé sur 30.000 volontaires à partir de juillet, affirment cependant qu'ils ne fermeront pas de nouveau leur économie en cas de deuxième vague de l'épidémie.

Néanmoins, "la correction du jour est à replacer dans un contexte qui a été extrêmement vertueux depuis plusieurs séances", nuance M. Tuéni.

La semaine dernière, les indices ont connu un "krach haussier", s'appuyant sur le déconfinement et la reprise de l'activité économique.

Les valeurs automobiles ont amplement souffert: DAIMLER (-8,98% à 35,32 euros), BMW (-5,55% à 55,62 euros), et VOLKSWAGEN (-7,52% à 132,42 euros). PEUGEOT (-10% à 12,93 euros) et RENAULT (-14% à 21,35 euros)

LUFTHANSA (-9,09% à 10,16 euros) : Le premier groupe aérien européen, en pleine crise du fait de la pandémie, a l'intention de supprimer 22.000 postes dans le monde, soit 16% de son effectif, a indiqué mercredi l'entreprise à l'AFP.

TOTAL, poids lourd de la cote parisienne (-6,19% à 34,73 euros) a pâti du recul des prix de l'or noir.

AIRBUS a chuté de 10,5% à 67,06 euros.

IAG (-8,81% à 262,90 pence) La compagnie aérienne British Airways, filiale d'IAG, veut vendre une partie de sa collection d'oeuvres d'art afin d'améliorer ses finances mises à mal par la crise sanitaire.

afp/rp