Le repli du compartiment technologique dans la foulée de la baisse accusée par le secteur lundi soir à Wall Street pèse par ailleurs sur la tendance.

À Paris, l'indice CAC 40 recule de 0,48% à 5.216,24 points vers 08h20 GMT. A Londres, le FTSE abandonne 0,21% mais à Francfort, le Dax progresse de 0,12%, soutenu par la progression des valeurs automobiles.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro cède 0,21%, le FTSEurofirst 300 perd 0,36% et le Stoxx 600 plie de 0,35%.

La Chine et les Etats-Unis restent empêtrés dans un conflit commercial qui menace de perdurer alors que le ton s'est considérablement durci entre les deux premières puissances économiques mondiales.

L'administration Trump a déploré lundi que la Chine l'ait accusée dimanche d'être responsable de l'impasse dans les négociations commerciales entre les deux pays.

Dans une déclaration conjointe, le bureau du représentant américain au Commerce extérieur et le Trésor américain ont réitéré leur point de vue selon lequel les négociateurs chinois avaient fait "marche arrière" sur des éléments importants d'un accord commercial qui avait été largement accepté, notamment sur une modalité d'application.

Ce regain de tensions, qui s'est accompagné d'un nouveau front commercial ouvert par les Etats-Unis avec le Mexique, nourrit les craintes d'un ralentissement prononcé de l'économie mondiale lié à la faiblesse des échanges commerciaux.

Ces inquiétudes alimentent parallèlement les anticipations de mesures de soutien des banques centrales, et notamment d'une baisse des taux de la part de la Réserve fédérale (Fed).

Une baisse de taux aux Etats-Unis "pourrait être bientôt justifiée", a ainsi déclaré lundi James Bullard, président de la Réserve fédérale de St. Louis, adressant un signal d'une clarté inédite sur l'éventualité d'un changement de stratégie de la banque centrale face aux tensions commerciales et à leur impact économique.

Le président de la Fed, Jerome Powell, doit s'exprimer à 13h55 GMT lors d'une conférence à Chicago.

VALEURS

Le compartiment de la technologie (-1,75%) accuse de loin le plus fort repli sectoriel dans le sillage de la baisse du secteur lundi soir à Wall Street en raison de craintes sur des enquêtes antitrust aux Etats-Unis contre les géants du numérique.

A Paris, Dassault Systèmes perd 4,19%, lanterne rouge du CAC 40.

L'indice parisien est aussi pénalisé par le repli des valeurs du luxe sur fond de craintes sur la demande chinoise. Kering abandonne 1,18%, LVMH cède 1,33% et Hermes perd 0,97%.

Plus forte baisse du Stoxx 600, Ubisoft chute pour sa part de 6,42%, le marché s'inquiétant d'une vente importante d'actions de la société par la famille fondatrice Guillemot lors des derniers jours.

A contrario, CGG bondit de 6,76% après l'annonce d'un accord portant sur le transfert au groupe Shearwater de cinq navires.

Dans le reste de l'Europe, le groupe alimentaire suisse Aryzta (-7,87%) et le fabricant de produits électroniques Bang & Olufsen (-18,6%) sont sanctionnés après des avertissements sur résultats.

Le secteur automobile européen se distingue à la hausse (+1,6%), après avoir perdu 16,9% entre son pic annuel du 18 avril et la clôture de lundi soir.

EN ASIE

Les Bourses chinoises ont clôturé en nette baisse avec un repli de 0,96% pour l'indice composite à Shanghai.

A Tokyo, le Nikkei a fini sur une note stable (-0,01%), toujours pénalisé par les tensions commerciales et la vigueur du yen. La chute des valeurs technologiques américaines a également affecté le secteur au Japon, avec un repli de 3,27% pour Softbank, poids lourds de la cote.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les indices américains signalent une ouverture en hausse de 0,3% mardi à Wall Street après une séance très volatile lundi, marquée par une forte baisse des valeurs de la "high tech" à la suite d'informations du Wall Street Journal selon lesquelles la Federal Trade Commission (FTC) a obtenu le droit d'étudier les pratiques commerciales de Facebook et de celles de Reuters rapportant que la justice américaine serait chargée de conduire une éventuelle enquête sur Apple.

L'indice Dow Jones, qui a oscillé tout au long de la journée entre positif et négatif, a grappillé en clôture 0,02% mais le Standard & Poor's 500 a cédé 0,28% et le Nasdaq Composite a reculé de 1,61%.

Le Nasdaq confirme ainsi son entrée en correction puisque son repli depuis son record de clôture du 3 mai dépasse désormais 10%.

"Le Nasdaq est maintenant à peu près là où il se trouvait au plus bas en mars. C'est un niveau important à tenir. Si on tombe en dessous, la baisse va se poursuivre. Demain (mardi, ndlr) sera une journée importante pour voir si la tendance reste orientée à la baisse", a estimé Bucky Hellwig, vice-président senior de BB&T Wealth Management.

TAUX

Le rendement des Treasuries à dix ans reprend des couleurs et revient à 2,0968%, après être tombé lundi à 2,061% en raison du climat général d'aversion au risque et des déclarations de James Bullard sur une baisse des taux qui pourrait "bientôt" se justifier.

Le rendement des notes à deux ans remonte à 1,8754% après avoir chuté jusqu'à 1,812% lundi, au plus bas depuis décembre 2017.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans reste toutefois sous pression, à -0,211%, non loin du plus bas record à -0,219% touché lundi.

CHANGES

La remontée des taux américains soutient un peu le dollar qui est tombé lundi à un plus bas de cinq mois face au yen dans la foulée de la baisse des rendements obligataires.

"Le dollar a été un actif refuge durant la récente phase d'aversion au risque mais sa vigueur s'affaiblit car le rythme inattendu de la baisse des rendements américains est devenu trop important pour être ignoré", indique Yukio Ishizuki, stratège sur les changes chez Daiwa Securities.

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, est stable après avoir perdu 0,6% la veille. Cela a permis à l'euro de revenir à plus de 1,1250 dollar.

PÉTROLE

Les cours du brut évoluent en baisse, les craintes d'une faiblesse de la demande avec le ralentissement économique prenant le pas sur les déclarations de l'Arabie saoudite augurant d'une prolongation des réductions de production de l'Opep.

Le baril de Brent évolue à moins de 61 dollars et celui du brut léger américain (WTI) revient sur le seuil des 53 dollars.

(Édité par Marc Joanny)

par Blandine Henault