Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge jeudi à la veille de la pause du 1er-Mai pour la plupart d'entre elles, les annonces de la Banque centrale européenne n'ayant pas convaincu les investisseurs après des indicateurs économiques moroses en Europe comme aux Etats-Unis.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 2,12% à 4.572,18 points. Le Footsie britannique a perdu 3,5% et le Dax allemand a cédé 2,22%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonnée 2,27% et le FTSEurofirst 300 a reculé de 2,18%.

Revenu en séance à son plus haut niveau depuis sept semaines, le Stoxx 600 a finalement perdu 2,03%. L'indice affiche toutefois un gain de 3,27% sur la semaine et de 6,23% sur le mois, sa meilleure performance mensuelle depuis octobre 2015.

Le CAC 40 a gagné environ 4% à la fois sur la semaine et sur l'ensemble du mois d'avril.

Les places européennes se sont enfoncées dans le rouge après les annonces de la BCE, qui a réaffirmé son vaste programme de rachat de titres mais n'a annoncé aucune nouvelle mesure significative face à la crise sans précédent déclenchée par la pandémie de coronavirus.

Le "Programme d'achats d'urgence pandémique "(PEPP) reste ainsi inchangé alors que certains observateurs n'excluaient pas qu'il soit renforcé.

"Certains acteurs du marché s'attendaient à autre chose, comme une expansion de son programme d'assouplissement quantitatif. Cela ne s'est pas produit et cela explique pourquoi les marchés n'ont pas réagi positivement", a déclaré Elwin de Groot, responsable de la stratégie macro chez Rabobank.

Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING, estime qu'il est nécessaire que la BCE garde des munitions "car les données de la croissance nous ont donné une première impression de la gravité de la crise dans la zone euro".

L'activité économique dans la zone euro a en effet subi au premier trimestre la plus forte contraction de son histoire, une chute de 3,8% par rapport aux trois derniers mois de 2019, en raison de l'épidémie de coronavirus et des mesures de confinement dans la plupart des pays de la région.

Les autres indicateurs du jour n'ont pas été en mesure d'inverser la tendance, au contraire: les inscriptions hebdomadaires au chômage ont moins reculé que prévu aux Etats-Unis, à environ 3,84 millions, portant à plus de 30 millions le nombre total d'Américains ayant perdu leur emploi en six semaines, soit près de 19% de la population active.

Les dépenses des consommateurs américains accusent par ailleurs une chute sans précédent de 7,5% en mars, quand le consensus tablait sur une contraction de 5%.

VALEURS

L'indice Stoxx des banques a perdu 4,5% après les annonces jugées décevantes de la BCE.

Société Générale (-8,62%), plus forte baisse du CAC, a également contribué au repli du secteur après avoir fait état d'une perte nette au premier trimestre.

BNP Paribas et Crédit Agricole ont perdu respectivement 6,6% et 6%.

A Londres, Royal Dutch Shell (-10,82%) a accusé l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600 après avoir réduit son dividende pour la première fois depuis 80 ans, l'effondrement de la demande mondiale de pétrole ayant fortement pesé sur son bénéfice.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, l'indice Dow Jones perdait 1,64%, le Standard & Poor's 500 1,45% et le Nasdaq Composite 0,43%, la tendance étant plombée principalement par les derniers chiffres des inscriptions au chômage.

American Airlines abandonnait 7,5% après avoir fait état de sa première perte trimestrielle depuis 2013 et averti que sa consommation de trésorerie atteindrait 70 millions de dollars par jour au deuxième trimestre.

En hausse, Tesla gagnait 3,42% après la publication d'un bénéfice trimestriel inattendu grâce à une production de véhicules quasi ininterrompue malgré la pandémie.

Facebook affichait une progression de 4,93% grâce à des ventes supérieures aux attentes de Wall Street.

CHANGES

Le dollar perd 0,51% face à un panier de devises internationales, les cambistes rééquilibrant leurs portefeuilles avant la fin du mois.

L'euro revient ainsi au-dessus de 1,09 dollar, un plus haut de deux semaines, après avoir momentanément cédé du terrain après les annonces de la BCE.

TAUX

Les rendements obligataires de référence en Europe ont accentué leur baisse après les annonces de la Banque centrale européenne. Celui des emprunts d'Etat allemands à 10 ans est tombé à -0,588%, un plus bas depuis mi-mars. L'OAT de même échéance, déjà affaibli par la contraction sans précédent de l'économie française (-5,8%) au premier trimestre, a reculé à -0,112%. Le rendement des Treasuries à dix ans cède quatre points de base à 0,5873%.

PÉTROLE

Les cours pétroliers continuent de monter, portés par une augmentation moins forte qu'attendu des stocks américains de brut et par une légère reprise de la demande.

Le groupe chinois Sinopec, premier importateur mondial, a en effet annoncé jeudi que ses ventes quotidiennes de produits pétroliers raffinés représentaient plus de 90% des niveaux observés avant les perturbations causées par l'épidémie de coronavirus.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) grimpe d'environ 19% à 17,97 dollars le baril et le Brent de mer du Nord gagne 12,11% à 25,27 dollars.

Par ailleurs, la Norvège, premier producteur pétrolier d'Europe occidentale, va réduire pour la première fois depuis 18 ans sa production de brut afin de se joindre aux efforts visant à relever les cours.

(Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)