Paris (awp/afp) - Les places boursières mondiales connaissaient une séance mouvementée jeudi, affectées par le durcissement des restrictions contre le Covid-19 et le blocage des discussions sur un plan de relance américain et sur celles autour de l'après-Brexit.

A l'ouverture de Wall Street, le Dow Jones reculait de 1,16%, Nasdaq de 1,65% et l'indice élargi S&P 500 de 1,09%.

Dans le même temps, l'indice CAC 40 à Paris perdait 2,36% à 4.825,98 points pendant que le Dax à Francfort chutait de 2,93%, le FTSE 100 à Londres de 2,23%. En Espagne, l'indice Ibex 35 plongeait de 1,86% et Milan perdait 3,21%.

Cette aversion au risque avait pour effet d'accentuer le recul des rendements des titres d'Etats en zone euro, particulièrement sur les dettes allemande et française considérées comme des valeurs refuge. Le Bund, emprunt allemand à dix ans qui fait référence sur le marché, s'enfonçait à -0,64% tandis que le taux d'emprunt français chutait à -0,35%.

"Les espoirs déçus de relance américaine, les incertitudes liées au Brexit et la hausse du nombre de contaminations à travers l'Europe sont autant d'éléments pour un cocktail détonnant", commente Neil Wilson, analyste en chef pour Markets.com.

Attendue depuis plusieurs semaines comme une bouffée d'oxygène par les ménages et entreprises américains très durement touchés par la première vague de Covid-19, une nouvelle relance budgétaire tarde à voir le jour aux Etats-Unis, faute d'un consensus entre républicains et démocrates, obnubilés par la présidentielle.

Le faible espoir quant à la conclusion d'un accord avant le scrutin du 3 novembre a été douché mercredi par des propos du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, estimant que les vues des uns et des autres étaient encore "très éloignées" sur plusieurs pans du nouveau plan.

Les indices asiatiques ont souffert de ces propos à la clôture jeudi: Tokyo a perdu 0,51%, Hong Kong 2,06% et Shanghai 0,26%.

A l'approche des élections américaines, les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent: les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis sont reparties à la hausse la semaine passée, pour atteindre un plus haut niveau depuis août. Et l'activité manufacturière dans la région de New York a ralenti en octobre.

A défaut de prévoir une fin de la pandémie, les marchés attendent un vaccin comme antidote à la récession économique provoquée par la chute de l'activité pendant la première vague du coronavirus alors que sur le Vieux continent des restrictions ont été durcies pour freiner une deuxième vague.

"Reconfinement"

"Un reconfinement en Europe semblait impossible jusqu'à récemment. Avec l'arrivée de la deuxième vague, on ne peut plus totalement l'écarter", observe Milan Cutkovic, analyste pour Axi.

Cette situation suscite de sérieuses interrogations sur la santé financière des entreprises d'ici à la fin de l'année, alors que ces dernières sont déjà lourdement affectées par les conséquences de la première vague.

Leurs résultats du troisième trimestre seront scrutés à la loupe dans les prochains jours, la traditionnelle saison des publications venant d'ouvrir. Pour l'heure, deux banques américaines, Bank of America et Wells Fargo, ont présenté des chiffres décevants, et ont fortement chuté à Wall Street mercredi.

Côté Brexit, les dirigeants de l'UE sont déterminés à afficher leur fermeté jeudi à Bruxelles lors d'un sommet sur la relation post-Brexit malgré la pression du Britannique Boris Johnson, qui laisse planer la menace d'un arrêt des négociations.

L'INDUSTRIE DU VOYAGE BOIT LA TASSE

Les valeurs du secteur du voyage étaient lourdement affectées par le durcissement des mesures françaises: Accor plongeait de 5,82% à 22,64 euros, Airbus chutait de 1,82% à 61,00 euros, et Air France-KLM de 2,83% à 2,92 euros.

La compagnie irlandaise Ryanair (-3,90% à 11,84 euros) a fait savoir qu'elle allait de nouveau réduire ses capacités de vols au regard du Covid-19 et de la chute du trafic, et les faire passer cet hiver à 40% contre 60% l'an passé.

Toujours dans l'aérien, le groupe IAG chutait de 2,38% à 95,92 pence, miné par la perspective de plus amples réductions de l'activité et du trafic dans un secteur traversant déjà une grave crise.

L'AUTOMOBILE SOUFFRE

Très cycliques, les valeurs liées à l'industrie automobile plongeaient. En Allemagne, BMW lâchait 4,31% à 61,32 euros, Daimler 4,22% à 46,24 euros et Volkswagen 4,34% à 133,10 euros.

En France, Renault perdait 3,50% à 22,34 euros et PSA 3,55% à 15,07 euros.

afp/jh