ADEN, 30 août (Reuters) - Les Emirats arabes unis ont mené jeudi des frappes aériennes contre des positions gouvernementales dans le sud du Yémen en soutien aux forces séparatistes, lesquelles ont déployé des renforts à Aden face à leurs alliés supposés au sein de la coalition saoudienne qui lutte contre les rebelles Houthis.

Dans un communiqué relayé par l'agence de presse Wam, les EAU disent avoir mené des raids aériens contre des "organisations terroristes" qui ont attaqué à l'aéroport d'Aden les forces de la coalition militaire sous commandement saoudien.

"L'amplification récente des offensives contre les forces de la coalition arabe et les civils met en péril la sécurité de la coalition", est-il écrit dans le communiqué. "Cela a rendu nécessaires des frappes aériennes précises et directes les 28 et 29 août contre des milices terroristes".

Le président Abd-Rabbou Mansour Hadi a demandé à l'Arabie saoudite de mettre fin à ce qu'il considère comme une ingérence des EAU et le soutien aux séparatistes du Conseil de transition du Sud (CTS) qui combattent pour reprendre la ville d'Aden.

Les forces gouvernementales se sont retirées d'Aden pour éviter qu'elle ne soit détruite après les frappes aériennes menées par les Emirats qui ont fait des dizaines de morts et blessés, a ajouté le président Hadi dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle Saba.

Plus de 300 personnes ont été tuées ou blessées dans les raids menés par les avions des EAU contre Aden et la province d'Abyan, a déclaré le ministère yéménite de la Défense.

Les séparatistes, qui veulent rétablir l'Etat du Yémen du Sud, et le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale étaient alliés depuis plus de quatre ans dans la lutte contre les rebelles chiites Houthis, qui tiennent la capitale Sanaa dans le centre du pays.

Les Emirats reprochent aujourd'hui au président Hadi de coopérer avec le parti Islah, considéré comme proche des Frères musulmans, des ennemis jurés des EAU.

Le gouvernement yéménite a affirmé mercredi avoir pris le contrôle de l'aéroport d'Aden, ajoutant qu'il contrôlait la majeure partie de la ville, ce que les séparatistes ont démenti.

Jeudi, le CTS a annoncé avoir dépêché à Aden des troupes jusqu'ici déployées dans les faubourgs du port d'Hodeida, sur la mer Rouge, qui est contrôlé par les rebelles houthis. Depuis décembre, une trêve conclue sous les auspices de l'Onu est en vigueur à Hodeida.

Des tirs sporadiques ont été entendus jeudi à Aden où patrouillaient des combattants des deux camps, ont rapporté des habitants. Les bureaux et les commerces sont restés fermés.

Un responsable yéménite a déclaré que l'Arabie saoudite et les Emirats étaient en contact avec les deux camps pour tenter de mettre fin aux affrontements mais que des renforts de troupes continuaient d'arriver à Aden et dans les provinces de Shabwa, Lahej et Abyan. (Mohammad Mukhashaf; Guy Kerivel et Jean Terzian pour le service français)