AMMAN, 24 juin (Reuters) - Les Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance arabo-kurde appuyée par les Américains) qui contrôlent Rakka ont imposé dimanche à l'aube un couvre-feu d'une durée de trois jours et décrété l'état d'urgence, en déclarant que des djihadistes de l'Etat islamique (EI) s'étaient introduits dans cette ville du nord de la Syrie et comptaient y commettre des attentats à la bombe.

Les forces de sécurité de la ville, affiliées aux FDS, ont annoncé un couvre-feu en vigueur jusqu'à mardi et mis en place des postes de contrôle dans les rues, ont rapporté des témoins.

"Nos services de renseignement ont appris que des groupes de terroristes liés à Daech (le groupe Etat islamique) étaient entrés dans la ville et étaient sur le point de lancer des attaques, afin de saper la sécurité dans la ville", lit-on dans un communiqué des FDS.

La mesure de couvre-feu interdit à quiconque de quitter la ville ou d'y entrer. Les FDS se sont emparés de Rakka en octobre au terme de quatre mois d'affrontements qui ont fait des milliers de morts parmi les civils et laissé la majeure partie des quartiers à l'état de ruines.

La ville, ont déclaré deux habitants, a connu ces dernières semaines une montée de la tension entre la population majoritairement arabe et les FDS dominées par les Kurdes, ce qui a donné lieu à des manifestations sporadiques. Ces rassemblements, dont les participants réclamaient le départ des FDS de Rakka, ont été réprimés par la force.

Selon ces deux personnes, les quelque 100.000 habitants de Rakka sont indignés par la politique d'enrôlement obligatoire des jeunes et estiment que les hauts responsables kurdes qui, de fait, gèrent la ville, font subir à la population arabe des pratiques discriminatoires.

Les FDS rejettent ces accusations. (Suleiman Al-Khalidi; Eric Faye pour le service français)