Avec la journée de jeudi dernier, les marchés actions ont commencé à se dérégler malgré des espoirs toujours présents de rallye de fin d'année, observe Igor de Maack, gérant et porte parole de la Gestion de DNCA Investments. Prises de profit, inquiétudes sur le momentum économique, résurgence de la guerre sino-américaine avec l'arrestation de la directrice financière de Huawei au Canada constituent selon lui des explications plausibles.

Des niveaux de volatilité plus élevés et des investisseurs (en Europe tout au moins) toujours confrontés à des flux sortant ne peuvent pas non plus inciter à l'achat d'actions européennes voire françaises.

Les désordres sociaux en Europe traduisent trois problématiques.

Premièrement, le modèle démocratique et institutionnel dysfonctionne. A l'origine conçu pour créer de la croissance économique dans une dynamique démographique avec une redistribution rigoureuse de l'argent public (les fameuses Trente Glorieuses), il semble pour l'instant être perçu par certains comme engendrant de plus grandes inégalités sociales ou écologiques, constate Igor de Maack.

Deuxième problématique, le rapport entre inactifs (retraités et personnes au chômage) et actifs s'est détérioré au profit des inactifs en raison du vieillissement démographique et d'un taux de sous emploi élevé.

Troisième problématique enfin, ces désordres enseignent aussi que malgré une générosité sans égal dans le monde développé (taux le plus élevé de dépenses publiques sur PIB, taux de prélèvements obligatoires le plus élevé), le modèle social français (qu'aucun autre pays ne suit...) ne semble pas répondre aux attentes d'un peuple pourtant relativement protégé de la globalisation et gâté par sa situation géographique et climatique.

Ce triangle magique des trois conditions est primordial pour assurer l'harmonie économique et sociale d'une nation, développe Igor de Maack. Il suffit d'en respecter deux critères au moins.

Toutes les grandes nations économiques l'ont compris : Les Etats-Unis fabriquent de la croissance et du plein-emploi (donc assure un équilibre du rapport actifs/inactifs) mais creuse pour l'instant leur déficit.

La Chine, elle, voit le nombre de ses inactifs rapidement augmenter en raison du vieillissement démographique accéléré mais produisent une croissance robuste en accumulant les excédents budgétaires.

L'Allemagne, elle, cumule presque les trois critères puisque même si elle vieillit vite, elle crée croissance, emploi et excédents commerciaux.

En France estime Igor de Maack, la plupart des citoyens ne veulent ou ne peuvent pas voir que nous n'avons aucun côté du triangle magique : croissance molle, taux de chômage élevé avec des cohortes de retraités à assumer financièrement et finances publiques toujours sous pression (et ce, depuis 1974...).