Des millions de Portugais se rendent aux urnes ce dimanche pour un troisième scrutin législatif en autant d'années, mais nombreux sont ceux qui s'attendent à une nouvelle période d'incertitude, le vote ayant peu de chances de déboucher sur un gouvernement stable.
Le scrutin de dimanche a été convoqué un an seulement après le début du mandat du gouvernement minoritaire de centre-droit, suite à l'échec du Premier ministre Luis Montenegro à obtenir la confiance du Parlement en mars, lors d'un vote qu'il avait lui-même proposé après que l'opposition a mis en doute son intégrité en raison des activités de la société de conseil de sa famille.
Montenegro a nié toute irrégularité et la plupart des sondages montrent que les électeurs rejettent les critiques de l'opposition.
Les bureaux de vote sont ouverts de 8h à 19h (0700-1800 GMT), avec des estimations dès 20h (1900 GMT).
Le scrutin, dominé également par des questions telles que le logement et l'immigration, intervient après une décennie de gouvernements fragiles, dont un seul a disposé d'une majorité parlementaire, mais qui s'est tout de même effondré à mi-mandat l'an dernier.
Les sondages placent l'Alliance Démocratique (AD) de Montenegro en tête en nombre de voix et probablement avec quelques sièges de plus qu'aux élections de mars 2024, mais encore une fois sans majorité parlementaire.
« On ne peut pas avoir des élections tous les ans », estime Diogo Lima, employé de banque de 26 ans, ajoutant que l'AD devrait pouvoir gouverner même sans victoire écrasante.
L'adversaire historique de l'AD, le Parti socialiste (PS) de centre-gauche, était donné autour de 26 % dans l'agrégateur de sondages de Radio Renascença, derrière l'AD qui dépasse les 32 %.
Le politologue Antonio Costa Pinto estime que le nouveau Parlement ressemblera probablement au précédent, et qu'il est impossible de prédire la durée de vie du gouvernement, celle-ci dépendant de facteurs aussi variés que la situation internationale ou la capacité de l'AD à nouer des accords avec d'autres partis.
« Le seul doute porte sur le fait de savoir si l'AD formera un nouveau gouvernement minoritaire... ou bien une coalition post-électorale avec IL, même si cette coalition ne garantit pas une majorité absolue », explique-t-il, en référence au parti Libéral Initiative (IL) pro-entreprises, quatrième dans les sondages.
Celui-ci partage certaines affinités avec l'AD de Montenegro, et de nombreux analystes les considèrent comme des partenaires naturels, mais les scores d'IL durant la campagne restent insuffisants pour permettre à une alliance entre les deux formations d'atteindre la majorité de 116 sièges sur les 230 du Parlement, ce qui nécessite au moins 42 % des voix.
La participation électorale est traditionnellement faible au Portugal, et certains politologues craignent qu'elle ne soit encore plus basse cette année en raison de la lassitude électorale.
Le parti d'extrême droite Chega, avec lequel Montenegro refuse tout accord, est donné troisième avec environ 18 % d'intentions de vote, un score similaire à celui de l'an dernier, bien que des problèmes de santé de dernière minute pour son leader charismatique André Ventura pourraient influencer le résultat.
Après deux passages à l'hôpital au cours de la semaine dernière en raison de spasmes oesophagiens, il a fait une apparition surprise lors du dernier meeting de son parti vendredi.