par Jonathan Landay et Arshad Mohammed

WASHINGTON, 24 février (Reuters) - Les Etats-Unis souhaitent que le président afghan Ashraf Ghani reporte sa prestation de serment pour un second mandat afin que cette cérémonie ne perturbe pas leurs efforts de paix en Afghanistan, a-t-on appris lundi de deux sources informées de cette volonté.

Ashraf Ghani a revendiqué la semaine dernière la victoire à l'élection présidentielle du 28 septembre et il prévoit de prêter serment jeudi, a dit un responsable afghan.

Son adversaire, Abdullah Abdullah, s'est lui aussi déclaré vainqueur du scrutin et souhaite organiser sa propre cérémonie d'investiture, rapportent les médias afghans.

Les Etats-Unis n'ont pas reconnu de vainqueur pour l'instant et cette situation menace le processus de paix qu'ils pilotent. Ce dernier est entré dans une phase cruciale samedi dernier avec le début d'une période d'accalmie convenue avec les taliban et censée aboutir, samedi prochain, à la signature d'un accord entre Washington et les insurgés islamistes sur un retrait des troupes américaines d'Afghanistan.

Cet accord doit être suivi de pourparlers interafghans pour parvenir à une issue politique à des décennies de conflit dans le pays.

La querelle entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah menace cependant de compliquer la formation d'une équipe de négociateurs gouvernementaux pour traiter avec les taliban alors que la constitution de cette délégation a déjà fait l'objet de retards et de disputes.

C'est pourquoi le représentant spécial des Etats-Unis, Zalmay Khalilzad, présent à Kaboul depuis la semaine dernière, souhaite qu'Ashraf Ghani reporte sa prestation de serment pour un nouveau mandat de cinq ans, a dit une source.

Un ancien haut responsable afghan a déclaré que Zalmay Khalilzad s'efforçait de persuader également Abdullah Abdullah de ne pas prêter serment.

La Maison blanche et le département d'Etat n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires. L'ambassade d'Afghanistan aux Etats-Unis a refusé de s'exprimer.

Le retrait des quelques 13.000 membres des forces américaines d'Afghanistan est un objectif majeur de politique étrangère de Donald Trump, qui, s'il l'atteint, pourrait y puiser un argument de campagne supplémentaire en vue de sa propre réélection en novembre.

L'armée américaine est déployée en Afghanistan depuis 2001 à la suite de l'intervention déclenchée pour chasser du pouvoir les taliban, qui avaient permis au pays de servir de sanctuaire à Al Qaïda, l'organisation responsable des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington. (version française Bertrand Boucey, avec Abdul Qadir Sediqi)