Des groupes comme BP Plc et Lyft ont été poussés à opérer des changements sous l’impulsion d’investisseurs activistes comme Elliott Investment Management, Mantle Ridge et Starboard Value. Le nombre total de campagnes lancées dans le monde a progressé de 17% sur un an, atteignant 70 initiatives au premier trimestre. Aux États-Unis, cette hausse est encore plus marquée : 41 campagnes ont été recensées, soit une augmentation de 46%.

"Nous sommes dans une phase où les activistes continuent de tirer parti des incertitudes ambiantes", explique Jim Rossman, responsable mondial du conseil aux actionnaires chez Barclays. "En ce début d’année 2025, nous observons plus de conflits, plus de règlements à l’amiable et davantage de sièges obtenus par les activistes au sein des conseils d’administration qu’à la même période l’an passé."

Ces nouvelles campagnes interviennent dans le sillage d’une année 2024 déjà record en matière d’activisme actionnarial. Le contexte économique américain — marqué par les droits de douane instaurés par le président Donald Trump, les licenciements massifs dans les agences fédérales et la crainte d’une récession — alimente la volatilité des marchés et l’agitation des actionnaires.

Près d’un quart des revendications formulées visent à améliorer la stratégie ou les opérations des entreprises, un chiffre stable par rapport à l’an dernier. En revanche, les demandes liées aux fusions et acquisitions, comme la vente d’actifs ou d’une société entière, restent en retrait : elles ne représentent qu’un quart des campagnes, un niveau divisé par deux depuis le pic des transactions mondiales en 2021.

Les activistes récoltent néanmoins les fruits de leur engagement : 51 sièges au sein de conseils d’administration ont été remportés par le biais de règlements ou de votes au premier trimestre, un bond de près de 34% sur un an.

Un activisme qui séduit de nouveaux entrants

Porté par les succès des acteurs établis, l’activisme séduit désormais de nouveaux venus. Onze nouveaux fonds ou fonds n’ayant jamais mené de campagne auparavant ont lancé des offensives au premier trimestre. Barclays ne fournit pas de données comparatives pour la même période en 2024, mais rappelle qu’un total de 47 nouveaux entrants avait été enregistré sur l’ensemble de l’année dernière.

Parmi eux, Garden Investments, lancé par Ed Garden — cofondateur historique de Trian Fund Management — s’est illustré en janvier en incitant The Middleby Corporation, fabricant d’équipements pour les cuisines professionnelles et domestiques, à recentrer son activité sur son cœur de métier. Garden a ensuite été nommé au conseil d’administration de la société en février.

Barclays anticipe une poursuite de cette dynamique pour le reste de l’année, principalement axée sur les entreprises américaines.

Deux campagnes emblématiques se sont récemment conclues par un vote : Mantle Ridge a évincé le directeur général d’Air Products, tandis que Matthews International a réussi à repousser la tentative de Barington Capital Group, malgré le soutien unanime des trois principaux cabinets de conseil en vote aux candidats du fonds activiste. Le trimestre a comptabilisé 13 combats par procuration, contre 10 à la même période l’an dernier.

Enfin, l’activisme a aussi gagné du terrain au Japon, où le nombre de campagnes a bondi de 45% pour atteindre 16, tandis que l’Europe reste en retrait, avec seulement 9 campagnes recensées, soit une baisse de 18% sur un an.