Montréal (awp/afp) - Les actionnaires du voyagiste canadien Transat A.T., propriétaire d'Air Transat, ont accepté à la quasi-unanimité vendredi l'offre d'achat d'Air Canada, renforçant la position de la première compagnie aérienne canadienne au risque d'amenuiser la concurrence sur le marché transatlantique.

Les actionnaires de l'entreprise ont validé à près de 95% l'offre d'achat d'Air Canada de 18 dollars canadiens (12,1 euros) par action, soit un montant total de 720 millions de dollars canadiens (485 millions d'euros).

Le rachat doit encore être validé par les différentes autorités règlementaires, au Canada et en Europe.

"Nous sommes ravis du soutien des actionnaires à l'arrangement, lequel mènera à la création d'un chef de file de l'industrie des voyages qui sera établi à Montréal et qui pourra livrer concurrence à l'échelle mondiale", a indiqué dans le communiqué Jean-Marc Eustache, PDG de Transat.

L'entreprise, qui emploie 5.000 personnes et dont le siège social est situé à Montréal, était en discussion depuis plusieurs mois pour son éventuel rachat.

La maison mère d'Air Transat, troisième compagnie aérienne au Canada, avait annoncé le 16 mai être entrée dans "une période d'exclusivité de négociations de 30 jours" avec Air Canada. Ce dernier avait initialement offert de racheter le voyagiste pour 520 millions de dollars (13 dollars par action).

Suite au surenchérissement d'un groupe immobilier, Mach, Air Canada avait relevé début août son offre pour acquérir Transat, la portant de 520 à 720 millions de dollars canadiens (485 millions d'euros), afin de s'assurer d'un vote positif des actionnaires de Transat.

La deuxième compagnie aérienne canadienne, Westjet, avait quant à elle été rachetée en mai par le fonds d'investissement Onex pour 5 milliards de dollars canadiens.

Risque pour la concurrence

Avec cette acquisition, Air Canada contrôlera plus de la moitié des vols canadiens vers l'Europe, selon Michel Nadeau, expert en finance et gouvernance interrogé par Radio-Canada, ce qui suscite des inquiétudes par rapport à la concurrence.

"Ne vous attendez pas à une bataille de prix ou à une réduction des coûts de ce côté. Il faudra voir si le gouvernement, le bureau de la concurrence ou les autorités réglementaires ne vont pas amener d'autres joueurs étrangers, amener un peu plus de concurrence pour nous permettre d'avoir des vols vers l'Europe à 1000 dollars et moins", a-t-il estimé.

L'homme d'affaires québécois et patron du groupe Québécor Pierre-Karl Péladeau, qui dit détenir 1,6% des actions de Transat et avait lui-même exprimé son désir de racheter Transat si la transaction venait à échouer, a exprimé son opposition à ce rachat sur les réseaux sociaux. Cette transaction est selon lui "contraire à l'intérêt public" car "Air Canada concentrerait plus de 60% du marché, un seuil inacceptable dans quelque industrie que ce soit".

Pour le PDG de Transat, le rachat de son entreprise était avant tout une nécessité.

"L'idéal aurait été que l'entreprise continue, mais elle ne peut pas continuer seule... On n'avait pas le choix", a affirmé M. Eustache lors d'une conférence de presse, mettant en avant les aléas du marché mondial et les risques d'une récession prochaine.

"Au niveau des consommateurs, je ne serais pas inquiet... Il y a encore d'autres joueurs", a-t-il tempéré, citant les autres compagnies aériennes offrant des vols transatlantiques entre le Canada et l'Europe, dont Air France et Corsair.

Air Canada, basée à Montréal depuis 1949, compte 36.000 employés dans le monde et a transporté plus de 10 millions de passagers au départ de Montréal en 2018.

Transat propose des forfaits vacances, des séjours hôteliers et des liaisons aériennes sous les marques Transat et Air Transat. Le groupe précise sur son site internet qu'il est présent dans une soixantaine de destinations dans plus de 25 pays en Amérique et en Europe.

afp/rp