PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse lundi et les Bourses européennes évoluent dans le rouge à mi-séance dans un contexte d'aversion au risque toujours liée à la remontée rapide des taux d'intérêt et à une accélération de la dégradation de la conjoncture économique, deux facteurs auxquels s'ajoutent désormais des turbulences sur le marché des changes.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,69% pour le Dow Jones, de 0,74% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,59% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 0,16% à 5.774,31 vers 12h20 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,1% et à Londres, le FTSE recule de 0,74%. La Bourse de Milan en revanche prend 0,49% au lendemain des élections législatives anticipées, remportées par l'alliance des droites emmenée par Giorgia Meloni.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 reflue de 0,43%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,05% et le Stoxx 600 de 0,51%.

La livre sterling, qui a touché en séance 1,0327 dollar, son plus bas niveau depuis le passage du Royaume-Uni au système décimal au début des années 1970, alimente les spéculations sur une possible intervention en urgence de la Banque d'Angleterre (BoE).

"Le marché traite désormais le Royaume-Uni comme s'il s'agissait d'un marché émergent", a déclaré Michael Every, stratège chez Rabobank, qui n'exclut pas une intervention de la BoE.

Au Japon, le ministre des Finances, Shunichi Suzuki, a déclaré lundi que son pays était prêt à réagir de nouveau aux mouvements de spéculation sur les devises alors que les autorités nippones sont intervenues la semaine dernière sur le marché des changes pour soutenir le yen face au dollar.

L'euro, de son côté, est tombé en séance à un creux à 0,9569 dollar, soit un nouveau plus bas de vingt ans face à la monnaie américaine, tandis que le dollar avance de 0,34% face à un panier de devises de référence.

Aux turbulences sur les changes, s'ajoutent les prévisions que l'OCDE qui souligne lundi un risque de récession dans les économies développées en raison notamment de la guerre menée par la Russie en Ukraine, de l'inflation et de la crise énergétique.

En Allemagne, l'enquête mensuelle de l'institut Ifo a montré que le climat des affaires en Allemagne s'était dégradé plus que prévu en septembre et que le risque de récession était de plus en plus net.

Par ailleurs, les interventions publiques attendues de dirigeants de grandes banques centrales n'incitent guère à la prise de risque alors qu'elles ont relevé la semaine dernière, de manière quasi synchronisée, leurs taux d'intérêt pour juguler une inflation élevée.

VALEURS EN EUROPE

Sur le Stoxx 600 paneuropéen, le compartiment technologique (+1,27%) figure en tête, soutenu par des achats à bon compte sur des valeurs comme STMicroelectronics (+0,77%) et Dassault Systèmes (+0,56%).

À l'opposé le secteur de l'immobilier (-2,4%) accuse la plus forte baisse dans la perspective de nouveaux relèvements de taux d'intérêt qui pourraient réduire les capacités d'emprunt des consommateurs.

Le compartiment des matières premières, en repli de 1,56%, et celui du pétrole et du gaz, en baisse de 1,69%, souffrent de la vigueur du dollar et des craintes d'une baisse de la demande.

Les pétroliers TotalEnergies, BP et Shell perdent respectivement 0,25%, 2,07% et 2,03%.

Les groupes miniers Anglo American, Glencore et Rio Tinto cèdent respectivement 2,92%, 1,58% et 1,09% à Londres, tandis qu'à Paris ArcelorMittal recule de 0,26%.

TAUX

Les rendements obligataires continuent de progresser: le dix ans allemand prend plus de sept points à 2,114% et le deux ans plus de 11 points à 2,017%.

Aux Etats-Unis, les rendements des Treasuries à dix ans et deux ans se traitent respectivement à 3,7808% et 4,2671%, soit une hausse d'environ de huit points chacun.

PÉTROLE

Les cours pétroliers, tombés à un creux de neuf mois, sont à la fois pénalisés par l'appréciation soutenue du dollar et les craintes d'une baisse de la demande mondiale.

Le Brent, tombé en séance au plus bas depuis le 14 janvier, abandonne 1,28% à 85,05 dollars le baril.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI), qui a chuté en séance à un creux depuis le 6 janvier, reflue de 1,24% à 77,76 dollars.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

par Claude Chendjou