Les Bourses européennes ont terminé en net repli mercredi, les déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, sur le risque d'une reprise lente n'ayant pas rassuré les investisseurs, qui craignent avant tout une résurgence de l'épidémie de coronavirus.

À Paris, le CAC 40 enregistre en clôture une baisse de 2,85% (127,55 points) à 4.344,95 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 1,59% et à Francfort, le Dax a reculé de 2,56%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 2,55%, le FTSEurofirst 300 1,92% et le Stoxx 600 1,94%.

Lors d'une intervention publique très attendue à l'occasion d'une téléconférence sur la conjoncture économique, Jerome Powell a estimé que l'économie américaine pourrait connaître une "période prolongée" de croissance faible et il a promis que la banque centrale prendrait de nouvelles mesures de soutien si nécessaire tout en excluant le recours à des taux d'intérêt négatifs.

"Le marché montait en s'appuyant sur le fait que l'économie était en train de rouvrir et c'est la première fois qu'un responsable de la Fed dit que la suite est incertaine et qu'il y a des risques à la baisse sur la reprise", commente Joseph Sroka, directeur des investissements de Novapoint.

Avant même l'intervention du patron de la Fed, l'incertitude sur l'évolution de la pandémie de COVID-19 après la levée des mesures de confinement dans plusieurs pays favorisait déjà la remontée de la volatilité sur les places européennes: l'indice mesurant celle de l'EuroStoxx 50 a rebondi de 20,78% sur la journée.

VALEURS

Le repli des actions européennes a touché tous les secteurs et en premier lieu les plus affectés par l'impact de la pandémie de COVID-19: l'indice Stoxx du transport et du tourisme a reculé de 5,04% et celui de l'automobile de 4,98%.

Le secteur bancaire (-3,73%) a souffert à la fois des doutes sur la reprise de l'activité économique et des résultats jugés décevants de Commerzbank (-7,09%) et ABN Amro (-8,57%)

Dans l'actualité des fusions-acquisitions, Exor a cédé 6,93% à Milan après l'annonce par l'assureur mutualiste français Covéa de son renoncement au rachat du réassureur PartnerRe aux conditions initiales. Scor a au contraire pris 2,11%, certains observateurs estimant que Covéa pourrait de nouveau s'intéresser à lui.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en ordre dispersé: le Dow Jones cédait 2% et le Standard & Poor's 500 1,71% alors que le Nasdaq Composite gagnait 0,6%.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni s'est contracté de 5,8% en mars, un record, et de 2% sur l'ensemble du premier trimestre. La production industrielle de la zone euro accuse par ailleurs une chute de 11,3% en mars, le recul le plus spectaculaire jamais enregistré.

Aux Etats-Unis, les prix à la production ont baissé plus qu'attendu en avril de 1,3% par rapport à mars et de 1,2% sur un an.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat américains reculent malgré le rejet par Jerome Powell de l'hypothèse d'un recours à des taux négatifs.

Celui des Treasuries à dix ans cède plus de quatre points de base à 0,6395%, au plus bas depuis vendredi dernier, et le deux ans est repassé sous 0,15% après un pic à 0,171%.

Sur le marché à terme, les futures de taux américains montrent que la probabilité estimée d'un passage des taux sous zéro l'an prochain a diminué mais n'est pas pour autant nulle.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a reculé de deux points à -0,527%.

CHANGES

Les propos de Jerome Powell écartant l'hypothèse de taux négatifs assurent un soutien au dollar, qui a effacé ses pertes du début de journée et s'apprécie de 0,11% face à un panier de devises de référence.

L'euro recule ainsi sous 1,0850 dollar alors qu'il avait atteint 1,0895 juste avant les déclarations du président de la Fed.

PÉTROLE

Le marché pétrolier recule après la nouvelle révision à la baisse des prévisions de demande de l'Opep et sur fond d'inquiétude sur la vigueur de la reprise à venir, des facteurs qui l'emportent sur la baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.

Le Brent abandonne 1,7% à 29,47 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,13% à 25,23 dollars.

OR

La perspective de nouvelles mesures de soutien de la Fed à l'économie profite au marché de l'or en mettant en valeur son statut de protection contre l'inflation et les fluctuations de change: le cours de l'once sur le marché "spot" prend 0,65% à 1 713,14 dollars.

(Marc Angrand)