Le département américain de la Santé et des Services sociaux (HHS) a annoncé mardi qu'il allait établir des objectifs de tarification des médicaments sur ordonnance selon le principe de la "nation la plus favorisée", à la suite d'un décret signé la semaine dernière par le président Donald Trump visant à réduire le coût des médicaments de marque pour les consommateurs américains.

Le HHS souhaite que les prix des médicaments sur ordonnance aux États-Unis soient alignés sur les prix les plus bas pratiqués parmi les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe la plupart des grandes économies mondiales.

Les nouveaux objectifs de tarification se concentreraient sur les pays de l'OCDE dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant atteint au moins 60 % de celui des États-Unis, a précisé le département.

Donald Trump souhaite voir le prix des médicaments sur ordonnance chuter de 59 % à 90 %. Toutefois, les analystes de Wall Street et les experts juridiques estiment que la mise en oeuvre de ce décret sera complexe et qu'il risque d'être contesté devant les tribunaux.

Durant son premier mandat, Trump avait déjà tenté d'aligner les prix américains des médicaments sur ceux pratiqués à l'étranger, mais cette initiative avait été bloquée par la justice. Les États-Unis paient de loin les prix les plus élevés pour les médicaments sur ordonnance, souvent près de trois fois plus que dans d'autres pays développés.

« L'idée ici est que, parmi ce groupe de pays développés, les États-Unis souhaitent être la nation la plus favorisée », explique Yunan Ji, professeure adjointe à la McDonough School of Business de l'université de Georgetown.

Le Japon, le Canada et certains pays d'Europe de l'Ouest remplissent le critère des 60 % fixé par le HHS. Des pays de l'OCDE plus petits, comme l'Estonie ou le Costa Rica, n'atteignent pas ce seuil.

Ji précise qu'une politique de tarification fondée sur le principe de la nation la plus favorisée fonctionne généralement sur un petit marché, mais que si les États-Unis tentaient de l'appliquer, cela pourrait bouleverser « l'équilibre mondial », étant donné qu'ils représentent le plus grand marché pharmaceutique au monde.

« Il est presque certain que les fabricants de médicaments devront renégocier leurs contrats avec d'autres pays », ajoute-t-elle.

Les États-Unis investissent également massivement dans la recherche et le développement pharmaceutique, et les laboratoires estiment qu'une baisse brutale des prix risquerait de freiner l'innovation et la R&D.

L'agence a indiqué que le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., et le directeur des Centres pour les services Medicare et Medicaid, Mehmet Oz, dévoileront dans les prochaines semaines des objectifs précis à destination des fabricants de médicaments.

« Nous attendons des fabricants pharmaceutiques qu'ils tiennent leur engagement de baisser les prix pour les patients américains, ou nous prendrons des mesures pour nous en assurer », a déclaré mardi Robert F. Kennedy Jr.

Le décret de Trump demande également au gouvernement d'étudier la mise en place de programmes d'achat direct pour les consommateurs, qui permettraient de vendre les médicaments aux prix pratiqués à l'étranger.

Les actions des entreprises pharmaceutiques sont sous pression depuis le début de l'année. Le fonds négocié en bourse SPDR S&P Pharmaceutical affiche une baisse de près de 5 % depuis le début de 2025, alors que l'indice S&P 500 dans son ensemble connaît une légère hausse.