AMMAN (Reuters) -Les aviations russe et syrienne ont bombardé dimanche la ville d'Idlib au cours d'une deuxième journée de frappes intensives sur les régions du nord de la Syrie tenues par des rebelles, qui ont conquis la majeure partie d'Alep en quelques jours, a-t-on appris de sources militaires syriennes.
D'après des habitants, l'un de ces raids a touché un quartier résidentiel densément peuplé du centre d'Idlib, la principale ville de l'enclave rebelle près de la frontière avec la Turquie où environ quatre millions de personnes vivent dans des tentes et des abris de fortune.
Au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées, selon des secouristes sur place.
Le président syrien Bachar al-Assad a promis de tuer dans l'oeuf l'insurrection, arguant dans les médias d'Etat que les "terroristes ne connaissent que le langage de la force et c'est avec ce langage que nous allons les écraser".
L'armée syrienne, avec son alliée russe, dit viser des caches de rebelles et dément bombarder des civils.
Les avions de chasse russes et syriens ont déjà bombardé samedi plusieurs autres villes de la province d'Idlib, qui est tombée complètement aux mains des rebelles alors que les lignes de front étaient globalement gelées depuis 2020 dans le conflit issu d'un soulèvement populaire contre le président Bachar al Assad en 2011 dans le cadre des "printemps arabes".
Les rebelles, coalition hétéroclite de groupes armés laïques soutenus par la Turquie mais dominée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al Cham, sont entrés dans Alep, à l'est de la province d'Idlib, vendredi soir au terme d'une offensive éclair qui a contraint l'armée du président Bachar al Assad à se redéployer.
L'armée syrienne a reconnu la perte de dizaines de soldats dans cette attaque rebelle.
Elle a déclaré dimanche avoir repris plusieurs localités conquises par les rebelles les jours précédents.
A Alep, dont le régime avait repris le contrôle en 2016 avec l'appui de la Russie, les rues étaient quasiment vides et de nombreux commerces fermés ce dimanche, les habitants préférant rester chez eux. Des civils continuaient à fuir la ville en nombre, ont rapporté des témoins et des habitants.
Les combattants rebelles brandissaient le drapeau de l'opposition dans la ville, a déclaré à Reuters Yusuf Khatib, résident d'Alep.
Les habitants ont pointé le départ soudain et précipité de l'armée syrienne.
"Je suis surpris de la vitesse à laquelle ils ont fuit et nous ont abandonné", a déclaré Ahmad Tutenji, un commerçant du Nouveau quartier d'Alep.
Après s'être retirée, l'armée syrienne s'efforce de se regrouper et des renforts sont envoyés sur place en prévision d'une contre-offensive, ont dit les sources militaires.
Les rebelles ont affirmé dimanche avoir poursuivi leur progression au sud d'Alep, qui était autrefois la plus grande ville de Syrie. Ils ont notamment revendiqué la prise de Khansir pour tenter de couper la principale ligne d'approvisionnement de l'armée à Alep.
(Reportage Suleiman Al-Khalidi, version française Bertrand Boucey)
par Suleiman Al-Khalidi