Les avoirs étrangers en bons du Trésor américain ont atteint un niveau record en mars, selon les données publiées vendredi par le département du Trésor, marquant une troisième hausse consécutive alors que la demande pour la dette publique américaine est restée soutenue quelques mois après l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump.

Les détentions de bons du Trésor américain ont bondi à 9,05 billions de dollars en mars, un sommet historique, soit une hausse de plus de 233 milliards de dollars par rapport aux 8,81 billions enregistrés en février. Sur un an, les titres détenus par des investisseurs étrangers ont progressé de près de 12 %.

Certains analystes estiment toutefois que cette tendance pourrait s'inverser en avril, après que l'administration Trump a introduit, le 2 avril, un choc commercial majeur ayant entraîné une envolée des droits de douane, notamment sur les produits chinois.

Ce contexte a provoqué une vague de ventes sur les bons du Trésor américain, faisant grimper les rendements de référence à 10 ans de plus de 70 points de base, atteignant près de 4,6 % entre le 3 et le 11 avril. Selon les analystes, cette correction pourrait inclure des cessions d'actifs par des investisseurs étrangers.

Donald Trump a depuis suspendu l'application de nouveaux tarifs douaniers pour une durée de 90 jours, ce qui a permis une relative stabilisation du marché des Treasuries, bien que les investisseurs étrangers demeurent vraisemblablement prudents à l'égard des actifs américains.

Les données montrent également que les investisseurs britanniques ont dépassé la Chine, devenant le deuxième plus grand détenteur non-américain de bons du Trésor, avec 779 milliards de dollars d'encours. Le Royaume-Uni est généralement considéré comme un compte de conservation, servant souvent de relais pour les fonds spéculatifs. D'autres juridictions utilisées par ces fonds pour la conservation incluent les îles Caïmans et les Bahamas.

Le Japon reste le premier détenteur étranger de la dette américaine, avec 1,13 billion de dollars en mars, en hausse d'environ 0,4 % par rapport aux 1,126 billions de février. Les avoirs japonais progressent ainsi pour le deuxième mois consécutif.

La Chine, en revanche, a réduit ses avoirs à 765,4 milliards de dollars en mars, contre 784,3 milliards le mois précédent. En décembre dernier, la part de la Chine était tombée à 759 milliards de dollars, son niveau le plus bas depuis février 2009, où elle s'établissait à 744,2 milliards.

Les analystes soulignent que les investissements chinois dans les Treasuries sont orientés à la baisse depuis 2018.

Le rendement de référence à 10 ans a débuté le mois de mars à 4,18 % pour terminer légèrement plus haut à 4,425 %.

Les principales classes d'actifs américaines ont par ailleurs affiché des flux entrants et sortants contrastés au cours du mois, selon les données publiées.

En termes de transactions, les obligations et bons du Trésor ont enregistré un afflux net de 123 milliards de dollars en mars, après 106,2 milliards en février.

Les investisseurs étrangers ont poursuivi leurs achats de titres d'entreprises américaines, avec des flux entrants de 60,4 milliards de dollars, tandis que les agences ont enregistré des sorties de 10,4 milliards, selon les chiffres officiels.

Les actions américaines, quant à elles, ont attiré 10,4 milliards de dollars d'investissements en mars, contre 24,7 milliards le mois précédent.

Au total, les acquisitions nettes de titres à long et court terme par les étrangers, y compris les flux bancaires, se sont traduites par une sortie nette de 254,3 milliards de dollars en mars, en légère hausse par rapport aux 248,9 milliards enregistrés en février.