Francfort (awp/afp) - Le système financier allemand est vulnérable aux scénarios de remontée des taux d'intérêt, jugée probable si l'inflation devait rester élevée plus longtemps que prévu, affirme jeudi la Banque fédérale d'Allemagne.

L'inflation en Allemagne, qui bat des records depuis l'été, devrait culminer à près de 6% en novembre en raison de l'envolée des prix de l'énergie, des pénuries de matériel, et d'un effet mécanique lié au taux de TVA provisoirement abaissé en 2020.

Ces facteurs sont jugés temporaires et la progression des prix devrait ralentir en 2022 mais les économistes n'excluent plus un pic plus durable que prévu.

Le "risque d'une hausse de l'inflation à moyen terme s'est accru" faisant que "les taux d'intérêt sur les marchés financiers pourraient augmenter sensiblement", a expliqué Claudia Buch, vice-présidente de la "Buba", lors de la présentation d'un rapport annuel sur la stabilité financière.

Cela entraînerait des "corrections de marché et des pertes de prix" sur des actifs et "frapperait particulièrement les banques, car leurs coûts de financement augmenteraient" pendant que, d'autre part, leurs revenus "n'augmenteraient que lentement", a-t-elle ajouté.

L'institut cite le fait que 50 % des crédits immobiliers en Allemagne, accordés ces derniers temps à des conditions très favorables, comportent une clause de fixation des taux d'intérêt supérieure à 10 ans.

La Bundesbank estime que ce risque de taux d'intérêt affecterait principalement les petites et moyennes banques, tandis que les grandes banques ont davantage recours aux opérations de couverture pour compenser ce risque.

Pour l'heure, le secteur financier allemand est jugé dans l'ensemble robuste malgré le recul l'an dernier du PIB allemand de près de 5%.

Aussi, "la résilience des banques n'a pas été sérieusement mise à l'épreuve" en raison d'amples mesures gouvernementales qui ont permis de limiter les impayés et faillites d'entreprises.

Mais "nous ne devons pas prolonger la situation particulière de ces dernières années", a prévenu Mme Buch.

En cas de nouvelle crise grave avec une augmentation possible des faillites, les "mesures d'aide de l'État d'une ampleur similaire (à celles de 2020 et 2021) ne peuvent alors être envisagées", selon elle.

"Le secteur financier serait alors plus sévèrement touché", conclut la Bundesbank.

afp/jh