Washington (awp/afp) - Les banques centrales doivent "maintenir le cap" et "faire plus" afin de lutter contre l'inflation persistante, a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, dans un entretien exclusif accordé à l'AFP.

Pour l'heure, "le risque est qu'elles n'en fassent pas assez, pas qu'elles en fassent trop" face à l'inflation qui "reste têtue et persistante", a ajouté Mme Georgieva, comparant la hausse des prix "à une taxe versée par les plus pauvres".

"Si les banques centrales n'agissent pas, nous assisterons à un transfert des prix élevés de l'énergie et de l'alimentation vers l'inflation sous-jacente", a insisté la directrice générale du FMI.

Les banques centrales des principales économies, à commencer par la banque centrale américaine (Fed), ont fortement augmenté leurs taux ces derniers mois et prévoient de continuer à le faire d'ici à la fin de l'année et en 2023, avec le risque de voir les pays avancés plonger dans la récession.

Dans un discours prononcé un peu plus tôt, Mme Georgieva a reconnu que la réduction de l'inflation "ne sera pas facile et ne sera pas indolore", rejoignant en ce sens l'avertissement lancé par le président de la Fed, Jerome Powell.

Mais les Etats peuvent limiter l'impact négatif de ces mesures par "des politiques budgétaires qui doivent être vraiment ciblées", a insisté Mme Georgieva, "elles doivent viser le bien-être des gens".

"Les Etats doivent être très prudents, avec des politiques ciblées et temporaires", a ajouté la directrice générale du FMI. "Si vous conduisez une voiture en appuyant sur le frein de la politique monétaire et en même temps l'accélérateur de la politique budgétaire, ça ne se passe pas bien."

"Si nous avons un seul message: soyez prudent, faites attention, les politiques budgétaires et monétaires doivent être coordonnées afin d'éviter une situation encore plus compliquée à l'avenir", a répété Mme Georgieva.

La patronne du FMI a déjà pris position en faveur de la lutte contre l'inflation menée par les banques centrales, jugeant en particulier mardi que la Banque d'Angleterre avait réagi "rapidement et de manière très appropriée" après la réactions des marchés à l'annonce, le 23 septembre dernier, d'un mini-budget intégrant d'importantes baisses d'impôts.

afp/rp