Mercredi, le prêteur allemand Commerzbank a annoncé un bénéfice net plus important que prévu pour le deuxième trimestre, grâce notamment à la hausse des taux d'intérêt.

Signe d'une tendance observée dans toute l'Europe, les revenus nets d'intérêts de la Commerzbank ont bondi de 26 % au cours de cette période par rapport à l'année précédente, en raison de la hausse des taux d'intérêt à long terme en Allemagne et de l'augmentation des coûts d'emprunt officiels par la banque centrale de Pologne, où elle est très présente. Manfred Knof, le directeur général de la banque, a décrit les risques "considérables" qui se profilent à l'horizon, mais a souligné que les taux d'intérêt constituaient un "point positif".

Depuis des années, les dirigeants des banques du continent déplorent que la politique monétaire ultra-faible de la Banque centrale européenne et la facturation de frais pour le stationnement de leurs liquidités pèsent sur leurs résultats. Mais aujourd'hui, les efforts déployés par la banque centrale pour mettre un terme à l'inflation galopante en Europe ont changé la donne. Les banques, de l'Espagne à la Grande-Bretagne, commencent tout juste à profiter de l'écart accru entre ce qu'elles facturent aux emprunteurs et ce qu'elles versent aux épargnants.

"La hausse des taux d'intérêt profitera fortement aux marges nettes d'intérêt et à la rentabilité globale de toutes les banques européennes, mais l'effet sera progressif et variera selon les pays", a déclaré Moody's dans un récent rapport. Moody's a désigné les banques d'Espagne, d'Italie et du Portugal comme étant celles qui profiteront particulièrement de la hausse des taux, car un plus grand nombre de prêts bancaires y sont à taux variable, ce qui donne aux prêteurs une "augmentation plus prononcée des revenus bancaires".

L'augmentation des revenus renforce la confiance des dirigeants en matière de revenus, alors même que les responsables européens réduisent les prévisions de croissance dans un contexte d'inflation galopante et de contraction de l'activité commerciale.

En Espagne, Bankinter a relevé ses prévisions de revenus nets d'intérêts d'un faible pourcentage à un pourcentage à un chiffre à un pourcentage moyen à élevé pour 2022, et Banco Sabadell a fait une mise à jour similaire.

Les grands prêteurs britanniques, dont HSBC, Lloyds Banking Group et NatWest, ont relevé leurs prévisions pour 2022 lors de la publication de leurs résultats semestriels la semaine dernière, en invoquant la hausse des taux d'intérêt qui stimule les marges sur les prêts.

La hausse des taux a permis aux deux premières banques italiennes, Intesa Sanpaolo et UniCredit, de réaliser des bénéfices supérieurs aux attentes du marché au deuxième trimestre.

Selon une étude récente de PricewaterhouseCoopers, même les banques allemandes, où la concurrence acharnée a pesé sur les bénéfices du secteur pendant des années, devraient bénéficier d'une augmentation de 11 milliards d'euros de leurs revenus en 2023 grâce à la hausse des taux d'intérêt.

C'est un chiffre important, qui représente plus de cinq fois le bénéfice annuel de la Deutsche Bank, le plus grand prêteur du pays, l'année dernière.

Commerzbank prévoit une hausse de ses revenus nets d'intérêts grace à la hausse des taux

Commerzbank prévoit de gagner au moins 300 millions d'euros de plus en revenus d'intérêts supplémentaires cette année par rapport à 2021, pour atteindre 800 millions de plus en 2024. Ce chiffre est à comparer aux attentes des analystes qui tablent sur des revenus totaux de 9 milliards pour cette année. Mais le bénéfice final n'est pas encore clair.

Nous ne savons pas encore comment les clients vont réagir après de nombreuses années de taux ultra-bas", a déclaré le directeur financier de Commerzbank aux journalistes.

Dans le cas de la Commerzbank, comme dans celui d'autres banques, le vent arrière ne compensera qu'en partie les pertes potentielles liées aux dépréciations des prêts aux entreprises qui se dégradent si les sources d'énergie se tarissent. La banque prévoit des provisions et des dépréciations de 700 millions d'euros cette année, contre 570 millions l'année dernière.