Le groupe diversifié a lancé à mi-septembre l'introduction en Bourse de Blue Solutions sur la Bourse NYSE Euronext en vue d'accélérer le développement de cette activité et de capitaliser sur le succès de son service de voitures en libre-service Autolib.

L'introduction, prévue le 30 octobre, porte sur 10% du capital de Blue Solutions, qui fabrique les batteries d'Autolib, et se traduira par la mise sur le marché de 2,88 millions d'actions. Elle prévoit également une option de surallocation pour un maximum de 288.382 actions.

Le prix définitif des actions de la filiale sera fixé le 29 octobre.

L'opération, qui doit permettre d'accroître la visibilité de Blue Solutions auprès des investisseurs internationaux, est destinée surtout aux investisseurs institutionnels dans le cadre d'un placement privé international, mais s'adressera aussi aux particuliers via une offre à prix ouvert portant au moins sur 10% du nombre du nombre d'actions offertes.

"Cet investissement repose sur une technologie (...) c'est donc plus compliqué que dans la logistique où il n'y a pas tellement d'innovations majeures qui font qu'un concurrent peut arriver brutalement avec une formule qui rend obsolète l'ensemble de vos productions", a commenté Vincent Bolloré, PDG du groupe familial, au cours d'une conférence de presse.

"La clientèle visée est plutôt une clientèle d'investisseurs avertis", a-t-il ajouté.

BLUECAR, BLUEBUS, BLUEBOAT ET BLUEHOUSE

Le groupe Bolloré, créé en 1822, réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires de dix milliards d'euros dans le transport et la logistique portuaire et pétrolière. Très présent en Afrique, il possède également 9.000 hectares de plantations au Cameroun pour la production d'huile de palme et de caoutchouc.

Leader mondial de la fabrication de films plastiques, le groupe a utilisé cette expertise héritée de l'histoire du groupe pour se lancer dans les batteries électriques dites solides, un pari technologique différent du lithium-ion utilisé aujourd'hui sur tous les autres véhicules électriques.

L'introduction en Bourse concernera dans un premier temps seulement l'activité de fabrication, qui compte deux usines en Bretagne et une au Canada, mais pourra être complétée d'ici 2018 par d'autres activités sur lesquelles Blue Solutions détient des options d'achat (notamment les Bluecars d'Autolib, les autobus électriques Bluebus, les bateaux électriques Blueboat et le stockage stationnaire pour les Bluehouse).

Ces options et les perspectives de croissance de l'activité batteries conduisent Bolloré à viser pour Blue Solutions un chiffre d'affaires d'environ 100 millions d'euros en 2014, 200 millions en 2017 et plus de 1,5 milliard en 2022, contre une quarantaine de millions actuellement.

Lors d'une conférence téléphonique, Gilles Alix, le directeur général du groupe Bolloré, a précisé que les actionnaires actuels de Blue Solutions, à savoir Bolloré SA et Bolloré Participations, céderaient chacun 10% de leurs titres.

La filiale est actuellement détenue à 80% par Bolloré SA et à 20% par Bolloré Participations.

"Nous faisons une vente et pas une augmentation de capital parce que nous venons de recapitaliser Blue Solutions avec un montant très conséquent de 133,8 millions d'euros", a précisé Gilles Alix, qui est aussi directeur général de Blue Solutions.

"La société présente des capitaux propres tout à fait satisfaisants, une situation financière très saine", a-t-il ajouté.

Bolloré produit des batteries pour les voitures électriques du libre service francilien Autolib, qui doit essaimer l'an prochain à Indianapolis aux Etats-Unis, mais aussi pour le stockage de l'électricité produite par des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques.

Le groupe a aussi annoncé en septembre un projet de partenariat avec Renault dans l'autopartage et le développement d'une Autolib de plus petite taille.

Bolloré compte également fabriquer une version décapotable de sa voiture dans l'usine Renault de Dieppe. Il s'est déclaré vendredi ouvert à des projets analogues avec PSA Peugeot Citroën.

Vers 14h15, l'action Bolloré est quasiment stable à 379,50 euros. le titre a gagné plus de 47% depuis début janvier.

Edité par Jean-Michel Bélot

par Matthieu Protard et Gilles Guillaume