Lundi noir pour les marchés asiatiques. L’ensemble des principales places boursières a chuté lourdement, dans un climat tendu par la surenchère tarifaire entre Washington et Pékin. Sur fond de menaces persistantes de récession, les investisseurs tablent désormais sur un assouplissement rapide de la politique monétaire américaine, possiblement dès mai.
À Tokyo, l’indice Nikkei a perdu jusqu’à 8,8% en séance avant de clôturer la matinée en baisse de 6,5%, à son plus bas niveau depuis octobre 2023. Le Topix, indice plus large, a suivi la même trajectoire, avec un repli de 6,5%. Depuis l’annonce de tarifs douaniers plus sévères la semaine dernière, le Nikkei a cédé 11,6%, tandis que le S&P 500 américain a reculé de 10,6%.
Dégringolade généralisée
L’ensemble de la région a été emporté. En Corée du Sud, l’indice local a chuté de 5%, tandis que le MSCI Asie-Pacifique hors Japon enregistrait sa pire séance depuis 2008, en recul de 7,8%. En Chine, les marchés ont perdu 6,3%, dans l’attente d’un éventuel plan de relance. À Taïwan, l’indice principal s’est effondré de près de 10% après deux jours de fermeture, poussant les autorités à encadrer les ventes à découvert. L’Inde n’a pas été épargnée : le Nifty 50 a reculé de 4%.
Les banques japonaises ont été parmi les plus pénalisées, plombées par la chute des rendements obligataires et les anticipations de statu quo prolongé sur les taux. L’indice Topix bancaire a plongé de 17,3% en séance, avant de limiter ses pertes à 9,8%. En trois jours, le secteur a perdu un quart de sa capitalisation. Resona Holdings a chuté de 12,2%, Mizuho de 11,3% et Nomura de 10,9%.
Le secteur technologique a également souffert. Renesas a perdu 14,8%, Sumco 14,4%, et Tokyo Electron 8,6%. Une “vente massive de tout ce qui avait rapporté jusqu’ici”, selon Rikki Malik, gérant chez Springboard Capital, qui anticipe toutefois un “point de capitulation” proche, propice à un rebond.
Hong Kong et la Chine continentale en alerte rouge
En Chine, les marchés ont réagi avec retard à la riposte tarifaire de Pékin, annoncée vendredi après les nouveaux droits de douane américains. L’indice Hang Seng de Hong Kong a plongé de 9%, entraîné par les valeurs technologiques, bancaires et solaires. HSBC a chuté de 13%, Standard Chartered de plus de 16%, frôlant des records de baisse.
Sur le continent, l’indice CSI300 a reculé de plus de 5%, alors que le yuan atteignait un plus bas depuis janvier. Dans un mouvement de fuite vers la sécurité, les obligations ont progressé. “Ce n’est pas une réaction disproportionnée, mais un désengagement général du risque”, commente Ben Bennett, de LGIM.
Tous les secteurs ont été frappés : solaire, électroménager, pétrole, cloud, véhicules électriques. Alibaba et Tencent ont chacun perdu plus de 10%. La volatilité a bondi à son plus haut niveau depuis octobre.
L’espoir d’un soutien chinois
Face à la détérioration rapide des relations sino-américaines, les investisseurs attendent désormais un geste fort de Pékin. “L’impact de ce choc risque d’être considérable”, estime Tao Wang, chef économiste Chine chez UBS. Déjà mise à rude épreuve, la croissance chinoise pourrait en pâtir durablement sans mesures de soutien à l’économie intérieure et aux exportateurs.
Alors que Donald Trump persiste et signe, parlant de ses droits de douane comme d’un “remède”, les marchés semblent suspendus à une hypothétique détente... ou à l’intervention des banques centrales.