Alors que les marchés mondiaux se préparent à recevoir cette semaine les résultats du premier trimestre des grandes entreprises technologiques américaines, les tensions géopolitiques sont montées d'un cran lorsqu'un diplomate chinois en poste en France a remis en question l'indépendance de tous les anciens États soviétiques.

À la veille d'une semaine riche en événements, les actions des marchés émergents chinois et mondiaux sont tombées à leur plus bas niveau depuis près d'un mois et le yuan à son plus bas niveau depuis près de six semaines, la déclaration controversée ayant suscité de vives réactions dans les capitales européennes, en particulier celles des États baltes qui sont désormais membres de l'Union européenne.

Bien que le ministère chinois des affaires étrangères ait tenté de se défendre en affirmant que Pékin respectait la souveraineté et l'intégrité de tous les pays - malgré son refus de condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie - la polémique ne manquera pas d'inquiéter de nombreux investisseurs qui se méfient du soutien de Pékin à Moscou et de sa position sur le droit de ce pays à Taïwan.

Alors que l'économie chinoise s'accélère à nouveau depuis qu'elle a mis fin à ses longues périodes de blocage liées au COVID, stimulant ainsi à nouveau la croissance mondiale, les tensions politiques risquent d'empêcher de nombreux investisseurs de réinvestir dans le pays.

Par ailleurs, la saison des bénéfices est très chargée cette semaine, puisque plus d'un tiers des entreprises du S&P500 publient leurs résultats.

Trois des quatre plus grandes entreprises américaines en termes de valeur marchande - Microsoft, Alphabet, la société mère de Google, et Amazon - devraient publier des mises à jour, Microsoft et Alphabet le mardi, et Amazon le jeudi. La société mère de Facebook, Meta Platforms, est prévue entre les deux, mercredi.

En comptant Intel, ces cinq valeurs technologiques ont représenté les deux tiers des gains du S&P500 cette année, l'engouement pour l'intelligence artificielle suscité par l'émergence de ChatGPT ayant ajouté un nouvel attrait non cyclique au secteur.

Et ce cycle, malgré toutes les craintes de récession qui abondent, a reçu un nouveau coup de pouce de la part des entreprises américaines et mondiales du secteur des services, qui ont annoncé vendredi une nette accélération de leur activité en avril.

Mais avant que les marchés n'aient un aperçu des bénéfices technologiques du premier trimestre, les répercussions de l'explosion bancaire du mois dernier sont encore en train d'être absorbées.

First Republic, l'une des banques régionales américaines prises dans la tourmente, publiera ses résultats plus tard dans la journée de lundi, alors que Wall street évalue le niveau de fuite des dépôts de ces banques et réfléchit à des projets de nouvelles réglementations pour les opérations de taille moyenne.

En Europe, le Credit Suisse a annoncé lundi que 61 milliards de francs suisses (68 milliards de dollars) d'actifs avaient quitté la banque au cours du premier trimestre et que les sorties de fonds se poursuivaient, soulignant ainsi le défi auquel est confrontée UBS pour sauver sa rivale.

Les chiffres du produit intérieur brut du premier trimestre des États-Unis et de la zone euro sont attendus plus tard dans la semaine. Les yeux sont également tournés vers le nouveau gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, qui présidera sa première réunion de politique monétaire à la fin de la semaine.

Bien que l'on soit convaincu que la politique ultra-doviste de la BOJ restera inchangée vendredi prochain, les économistes soulignent le risque non négligeable d'une nouvelle modification surprise du plafond explicite des rendements obligataires.

Les actions japonaises ont clôturé en territoire positif lundi, à contre-courant de la tendance observée dans le reste de l'Asie.

Les actions européennes ont été légèrement négatives et les contrats à terme sur les actions américaines ont également été légèrement dans le rouge avant l'ouverture de Wall street. Les prix du pétrole brut ont baissé.

Les rendements des bons du Trésor sont restés pratiquement inchangés, la Réserve fédérale ayant décidé d'augmenter ses taux d'intérêt d'un quart de point le mois prochain. L'accent est mis sur l'impasse tendue concernant le plafond de la dette, la Chambre des représentants devant voter cette semaine sur le projet de loi des Républicains relatif aux dépenses et à la dette.

Le dollar a connu un panorama contrasté - en hausse par rapport aux devises asiatiques, mais en baisse par rapport aux devises européennes, en raison des sondages optimistes de la Banque centrale européenne sur les taux d'intérêt.

Événements à surveiller lundi :

* Enquête de la Fed de Dallas sur l'industrie manufacturière en avril, enquête nationale de la Fed de Chicago sur les entreprises.

* Résultats des entreprises américaines : First Republic, Coca Cola, Whirlpool, Ameriprise, Brown&Brown, Packaging Corp of America, Alexandria Real Estate, Cadence Design Systems, etc.

* Fabio Panetta, membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne, et François Villeroy de Galhau, chef de la banque centrale française, s'expriment.

* Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol entame une visite d'une semaine aux États-Unis pour un sommet avec le président Joe Biden.