L'Or se réveille. Jordan Dufee
"Je vois un environnement de plus en plus propice à l’évolution des cours de l’or. Ce que j’entends par propice c’est une juxtaposition de facteurs qui sont en train de se manifester simultanément, qui pourrait littéralement modifier le sentiment de marché sur l’or".
Pour quelles raisons ?
-          La Fed ne peut monter ses taux rapidement, c’est une évidence compte tenu de l’endettement des Etats-Unis et le dernier discours de Powell va nettement dans ce sens (le fameux « on est juste en dessous du taux neutre »). Conséquence, pas de grande friction sur les taux obligataire, il n’y aura pas précipitation sur le dollar, une bonne chose pour l’or libellé en dollar.
-          Sur la même thématique de la politique monétaire, parlons taux réel. La baisse des cours de l’énergie va momentanément peser sur une composante de l’inflation certes, mais cette dernière devrait structurellement s’intensifier du fait des tensions sur le marché de l’emploi US. Donc on a notre formule suivante : Taux nominal stable et hausse de l’inflation = baisse des taux réels, une bonne chose pour l’or qui ne délivre par définition aucun rendement.
-          Bien évidemment on ne peut passer à côté de l’aversion au risque grimpante sur les marchés actions, qui donne de plus en plus d’attrait au prix de l’or pour les opérateurs qui envisageraient de se couvrir, et ce, sans même parler de krach où de crise boursière d’ampleur.
"Je me suis attardé sur l’or mais en parallèle l’argent ne fait pas de bruit mais dispose d’un potentiel d’appréciation aussi important, notamment si on adopte un point de vue de statisticien sur le fait qu’historiquement, l’argent amplifie les mouvements de l’or". 
 
 
Mars, et ça repart. Anaïs Lozach
"Les incertitudes persisteront sur les marchés au 1er trimestre 2019, avant un mois de mars chargé en événements macroéconomiques, qui pourrait agir comme une période charnière".
Avec des perspectives de croissance mondiale revues à la baisse en raison des tensions commerciales, il est difficile de miser sur un parcours haussier pour les sociétés cotées, du moins à court terme. Le mois de mars risque d'afficher une concentration inédite d'événements. La date butoir de la trêve sino-américaine est fixée au 1er mars 2019.  D'ici là les marchés risquent de rester nerveux : un jour le regain d'optimisme gagne les investisseurs, et le lendemain l'aversion au risque domine à nouveau. Le Brexit va également peser sur la tendance, il est possible que des décisions soient prises à la dernière minute, c'est-à-dire jusqu'au 29 mars, date à laquelle le Royaume-Uni va quitter l'Union européenne. En Chine, le "Congrès National du Peuple" est organisé en mars. Le gouvernement devrait y annoncer une série de mesures pour soutenir l'économie. Il est attendu que la Fed, qui devrait ralentir le rythme de remontée des taux en 2019, ne les relève que deux fois l'année prochaine : la probabilité qu'elle le fasse en mars s'élève à 26% (contre 0% en janvier et 39% en fin d'année). A surveiller donc. D'ici là, les valeurs défensives continueront à surperformer (ou à mieux résister), et les valeurs refuges comme le yen, le franc suisse et l'or seront recherchés. "Le mouvement naturel de la bourse est de monter", se plaisait à rappeler un ancien de Zonebourse. Et si le rallye haussier de fin d'année était décalé au printemps ?
 
 
Consolidation dans le luxe. Anthony Bondain
"Le secteur du luxe est en train de toucher un plateau, avec une croissance qui ralentit après la frénésie post-crise des subprimes. Il va falloir trouver des relais pour entretenir la dynamique".
 Les grands groupes français du luxe sont en pôle-position pour en profiter, avec des caisses pleines et une très forte crédibilité auprès des investisseurs. Si Hermès et sa stratégie monomarque n'apparaît pas comme un prédateur, LVMH et Kering ont une belle carte à jouer. Reste à trouver les cibles adéquates dans un secteur où il vaut mieux avancer masqué pour ne pas faire flamber des valorisations déjà élevées. En attendant, le duo français fourbit ses armes. En décembre, LVMH a annoncé le rachat de la chaîne d'hôtellerie d'ultra-luxe Belmond pour 3,2 milliards de dollars, mais il s'agit plus d'une stratégie exploratoire (et opportuniste, l'enseigne étant dans une sorte d'impasse) que d'une véritable consolidation. Kering n'a encore rien laissé filtrer de ses projets, hormis le lancement d'une collection de joaillerie ultra-haute de gamme sous marque Gucci. Je mise sur des transactions de moyenne importance en 2019, pourquoi pas du côté de l'Italie, où se trouve l'un des plus gros viviers mondiaux.

 
Un début d’année dans les tunnels. Patrick Rejaunier
"Pas la peine de jouer les cartomanciens : un peu d'anticipation et de technique boursière suffisent".
 Tracer les grandes lignes de la future année boursière a toujours été très aléatoire, davantage encore dans un monde de plus en plus complexe où les trajectoires financières sont justement les conséquences de cette complexité. Rarement le passage d’une année à l’autre n’aura été aussi abscons car le monde n’a jamais subi une telle évolution, voire une telle révolution. La mutation technologique et ses gains de productivité ont pu générer une richesse abondante sur la planète. Mais une richesse déséquilibrée, d’où les réactions parfois violentes des peuples. L’équilibre - la justice, des thématiques dominantes dans les revendications populaires ou même dans celles des dirigeants, prennent plus de relief. L’attitude originelle de Donald Trump n’est-elle pas teintée de ce bien-fondé légitime, même si la posture se veut moins sympathisante ? On le voit, déterminer des trajectoires dans le monde financier, c’est aussi tenir compte de cet environnement mouvant.
 
Adaptation et Réactivité devant l’imprévu
 
La vraie qualité du gérant n’est pas d’essayer de prévoir l’imprévisible mais de s’accommoder, de s’adapter, d’être réactif au présent, c’est à dire de faire les bons arbitrages dans un timing plus ou moins efficient, lors des changements de cycles boursiers. Pour être plus concret, essayons de déterminer les contours du marché pour début 2019. La volatilité devrait accompagner les trajectoires indicielles. En effet, les Etats-Unis sont simplement en phase d’amorçage de la tendance baissière qui empêchera toute reprise durable sur le front européen. Néanmoins les indices continentaux se situent déjà dans une zone de survente qui doit les rendre plus résilients à des replis marqués outre-Atlantique. Les niveaux de valorisation dans les secteurs très affectés par une poussée du protectionnisme génèrent des opportunités pour les investisseurs qui possèdent une vision avec un horizon lointain. La crainte du court terme rend souvent aveugle devant les opportunités pour le long terme.
 
Faible valorisation, hausse de la volatilité : environnement parfait pour les Tunnels Haussiers Optionnels
 
Adepte des options, si la volatilité venait à s’intensifier sur les prochaines semaines avec une nouvelle baisse des marchés, je verrais bien la mise en place de quelques stratégies en tunnel haussier via des puts spreads. La démarche se veut basique :
  • Identifier des valeurs qui se trouvent en phase de surachat, adossées à des qualités intrinsèques fortes : le Stockscreener vous permet de sélectionner ces doubles critères techniques et fondamentaux.
  • Monter la stratégie optionnelle : Tunnels Haussiers sur les options avec vente de "puts spreads" créditeurs permettant d’Acheter un call en dehors de la monnaie. Vous trouverez toutes les explications ici.
Ces opérations ressortent fortement gagnantes en cas de rebond des marchés. En cas de baisse, le risque est borné au spread ou limité à l’achat du titre au prix d’exercice du put vendu soit environ 5% en dessous du cours de l’action le jour du montage. L’avantage de la mise en place de ces combinaisons réside dans la marge d’erreur, car tout le monde sait qu’il est impossible d’acheter, sans le coup chanceux, au plus bas. Le positionnement de cette stratégie va permettre d’être plus souple sur le prix d’entrée, de surperformer en cas de baisse, par rapport à un l’achat en direct sur le titre, tout en produisant du rendement à la hausse. Que demander de plus ?
 
 
Ce qui est petit est mignon. David Meurisse
"La sous-performance sensible des smallcaps en 2018, ouvrent aux investisseurs patients de véritables opportunités".
En "stock Picking contrarian" pour 2019, je m’intéresse particulièrement aux smallcaps du secteur des équipementiers aéronautiques pour plusieurs raisons.
  • Elles ont été particulièrement massacrées en comparaison aux donneurs d’ordre (Boeing et Airbus) et équipementiers de plus grande taille (MTU et Safran pour rester en Europe).
  • La concentration et les opérations de M&A devraient inévitablement se poursuivre dans le secteur, (stimulé par un besoin d’économie d’échelle et de gains de productivité conséquents) libérant un potentiel spéculatif à très court terme.
  • A moyen terme, dès le début 2020 les nouveaux programmes d’Airbus et Boeing devraient s’amorcer, et donc libérer une visibilité sur le secteur.
  • Les cours actuels offrent une excellente fenêtre de tir. Les titres de ces smallcaps comme Figeac, Lisi et Latécoere pour ne citer que ces trois valeurs tricolores ont perdu sur 2018 respectivement : 40%, 47% et 57% !  
 
Si je devais choisir un dossier en particulier, je citerais Latécoère, une recovery sur lequel le marché a perdu patience. Ma conviction spéculative sur le dossier repose sur les éléments suivants : une recapitalisation financière effectuée (la société est passée d’une lourde dette à une trésorerie nette positive) une refonte de la gouvernance sous l’égide des principaux actionnaires de concert que sont Apollo et Monarch, une réorganisation du management et de l’outil industriel (avec l’usine du futur de Toulouse et la promesse de gains de productivité importants, optimisant les probabilités de réussites pour les prochains appels d’offre). Enfin Latécoère est certainement la plus concernée par le mouvement de concentration dans le secteur, en tant que proie ou prédateur. Malgré le concert "Apollo et Monarch" à 25%, le flottant reste très important. L’annonce récente d’une croissance plus forte que prévue sur l’interconnexion mais des difficultés dans les aérostructures, décalant les objectifs 2019 sur 2020, a fini d’achever le parcours boursier 2018 en offrant une ristourne supplémentaire de 25%. Mon pari spéculatif et exotique : Metabolic Explorer, dans le secteur de la "chimie verte", suite à un parcours boursier très compliqué mais sans aucune augmentation de capital depuis son introduction. La société n’a jamais été aussi près de commercialiser un de ses produits phares en co-entreprise avec la BPI. 
 
 
En 2019, le populisme va encore gagner du terrain. Mathieu Burbau
"Partout, le populisme se renforce. Mais la situation devient plus particulièrement préoccupante en Europe".
Alors que l’accroissement des inégalités lui a déjà largement permis de prospérer aux quatre coins du globe malgré une phase manifeste de reprise économique, l’espoir de le voir reculer s’effrite davantage au moment où la croissance mondiale perd de la vitesse.
Grèce, Royaume-Uni, Etats-Unis, Italie, Brésil, … Même les grands pays ne sont plus épargnés par le succès d’idées clientélistes présentées comme solutions radicales à un diagnostic alarmiste mais souvent bien réel. Celui d’une paupérisation des peuples au profit d’une poignée de privilégiés malgré un endettement des Etats toujours plus conséquent. En bref, celui de l’incompétence trahie de nos aînés en matière de gestion de trésorerie publique.
 
Mais la situation devient plus particulièrement préoccupante en Europe.
 
Outre le casse-tête du Brexit, validé par un peuple en souffrance abreuvé de mensonges, des mouvements extrémistes ont désormais pris les commandes du gouvernement en Italie, la troisième économie de la zone Euro. Un coup d'Etat favorisé par la dette publique majuscule de la péninsule transalpine, qui laissait alors présager des années d’austérité à une nation pour qui la rigueur ne semble pas être une composante culturelle. Alors en proposant de combattre la crise par une vague sans précédent de dépenses supplémentaires, revenu de citoyenneté en tête de gondole, une coalition d’idéologues antisystème ont naturellement mis la main sur le Palais Chigi. Une occasion malheureuse pour Bruxelles d’exposer la fragilité de sa tutelle à côté de règles strictes et d’une rhétorique pourtant pugnace.
Et Rome n’est pas un cas isolé. En Espagne aussi, l'influence de Podemos (extrême gauche) progresse de façon notable, comme l'illustre à merveille la récente annonce d'une hausse de 22% du salaire minimum, dont beaucoup s’interrogent sur la crédibilité de son financement.
 
Même en France, Emmanuel Macron n’a plus la cote. L'élection présidentielle de 2017 avait pourtant fait souffler un vent d'espoir sur l'ensemble du Vieux-Continent, en témoigne le rallye de l'Euro à cette période. Mais une série de mesures jugées injustes combinée à une communication discutable ont déclenché une grosse colère au bas de l’échelle sociale et fait choir l’ancien banquier de son piédestal, l’obligeant finalement à emprunter les recettes démagogiques et onéreuses de ses principaux opposants.
 
Avec en prime le retrait programmé d’Angela Merkel d’ici 2021 et la percée de l’extrême droite allemande, dire que l’horizon politique européen s’assombrit sonne comme un euphémisme. Son effet sur la confiance des milieux d'affaires ou sur l'investissement des entreprises ressemble à une balle dans le pied de la croissance à long terme.

 
Introducing the VAMPS… Charles Fournier
"Non ceci n’est pas une nouvelle série Netflix sur les vampires, mais un nouvel acronyme de stars de la cote de notre création. VAMPS pour Visa Adyen Mastercard PayPal Square".
Nous constatons en cette fin d’année agitée que les GAFA et autres FAANGS ont un petit coup de moins bien niveau "popularité boursière", et comme vous l’aurez compris nous parions que le relais va être pris par les plus grands acteurs mondiaux du paiement "hors espèce" sous toutes ses formes. 2019 pourrait être un tournant dans l’adoption massive des nouveaux systèmes de paiements digitaux au niveau mondial, facilitée par de récents bonds technologiques (paiement mobile, sans contact, paiement "peer-to-peer social" comme Venmo de PayPal… etc.).
 
Vous comprendrez facilement la présence de PayPal et Square qu’on ne présente plus, et Adyen la dernière "Fintech star" Hollandaise que nous avons préféré à Apple Pay, un peu par chauvinisme Européen ! Mais vous serez peut-être étonnés de voir dans notre sélection des "vieilles dames" comme Visa ou Mastercard. Détrompez-vous, ces deux géants du secteur n’ont pas été laissés sur le bord de la route par cette révolution en marche, ils nouent des partenariats à tout va avec les nouvelles "Fintechs", et participent grandement aux premiers succès du secteur. J’en veux pour preuve leurs cours de bourse qui atteignent des sommets (plus de 300 milliards de dollars pour Visa au plus haut de septembre).
 
Nous pensons que ce phénomène n’en est qu’à ses balbutiements tant les espèces dominent encore ultra-largement le paysage mondial. On estime qu’en fonction du développement des pays le "cash" représente encore entre 70 et… 95% de l’ensemble des paiements ! Pas vraiment de risque de "winner takes all" ici, à l’inverse du Net, il semble bien qu’il y ait de la place pour tout le monde… ou presque.