Londres (awp/afp) - Le marché des cryptomonnaies poursuit sa croissance exponentielle en 2021: avec une taille vertigineuse de 2000 milliards de dollars (près de 1850 milliards de francs suisses), il intéresse de plus en plus de grands noms à Wall Street.

Alors que l'une des plus grandes plateformes d'échanges, Coinbase, prépare son introduction en Bourse mercredi aux Etats-Unis, retour sur un secteur créé de toute pièce dans les 12 dernières années.

Le bitcoin, première cryptomonnaie

Le 31 octobre 2008, dans le sillage de la crise financière, un ou des anonymes, cachés derrière le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, publient le livre blanc fondateur du bitcoin.

Le but, créer un moyen de paiement, dont la sécurité ne serait pas assurée par une banque centrale ou par des organismes financiers, mais par une cryptologie inviolable et à l'émission régulée par un logiciel aux règles quasi-impossibles à modifier: la décentralisation comme réponse aux abus de Wall Street.

N'importe quel particulier peut participer à la création de nouveaux bitcoins, par un processus appelé "minage", qui s'est depuis professionnalisé et est principalement pratiqué depuis des centres de données géants à travers le monde.

Près de 18,7 millions de bitcoins ont été créés depuis le premier bloc de 50 bitcoins, le 2 janvier 2009. Leur nombre final, 21 millions, fait partie des limites fixées par Satoshi Nakamoto.

Le minage est devenu difficilement accessible. Les particuliers utilisent désormais des plateformes d'achats, comme Coinbase, pour acheter des cryptomonnaies. Des banques et des services de paiement comme Paypal proposent également d'utiliser certaines cryptomonnaies.

Investir plus que payer

La volatilité du prix du bitcoin, et la limitation du nombre de transactions simultanées, rend son utilisation comme moyen de paiement difficile.

Ce qui n'empêche pas les investisseurs de s'y intéresser: certains d'entre eux voient dans le bitcoin un actif numérique qui pourrait remplacer l'or comme moyen de se protéger de l'action des banques centrales et de l'inflation.

Les plus radicaux espèrent même un retour de l'étalon or, mais avec le bitcoin comme réserve; d'autres profitent simplement de la hausse des prix pour engranger des bénéfices records.

Le constructeur de véhicules électriques Tesla a annoncé en février avoir investi 1,5 milliard de dollars de sa trésorerie dans les cryptomonnaies, alors que son patron, l'excentrique multimilliardaire Elon Musk, vante régulièrement leurs mérites sur les réseaux sociaux.

Après une chute des prix en 2018 et une traversée du désert, le prix bat record sur record depuis fin 2020: de moins de 12.000 dollars en octobre, il a dépassé 60.000 dollars en mars 2021.

Les banques centrales dénoncent régulièrement une utilisation du bitcoin comme moyen de paiement pour des achats illicites ou pour frauder, et les régulateurs des marchés s'inquiètent des risques causés par la volatilité.

Les cryptomonnaies sont particulièrement prisées dans les pays où l'inflation galope: alors que le naira nigérian a perdu 50% de sa valeur dans les dernières années, un tiers des habitants affirme avoir déjà utilisé des cryptomonnaies.

Les autres cryptomonnaies

De nombreuses autres cryptomonnaies cherchent à rivaliser, ou à compléter, le bitcoin.

Le numéro deux du marché est l'ethereum, qui a atteint un nouveau plus haut historique à plus de 2.000 dollars en début de semaine.

L'ensemble du marché des cryptomonnaies atteignait une taille de plus de 2.000 milliards de dollars, selon le site spécialisé Coinmarketcap, qui recense plus de 9.000 différentes cryptomonnaies et évalue leur marché en multipliant leur prix par le nombre de "pièces" émises.

Si le prix de la plupart évolue au gré des achats et des ventes, certaines cherchent à calquer le prix des monnaies traditionnelles: ce sont les "stablecoins", dont les créateurs promettent de posséder autant de dollars qu'ils n'émettent de "pièces".

De leurs côtés, les banques centrales planchent sur des projets de monnaies numériques, qui pourraient elles aussi se passer des banques ou de billets.

La Chine a ainsi lancé des expériences sur le yuan numérique en mars, tandis que l'euro et le dollar se penchent sur la question.

afp/al