BRUXELLES, 9 juillet (Reuters) - Les pays de la zone euro ont défini un calendrier serré pour tenter d'empêcher l'effondrement financier et économique de la Grèce, qui pourrait obliger le pays à abandonner la monnaie unique.

Voici les principales étapes qui attendent les pays du bloc au cours des prochaines heures et des prochains jours:

JEUDI

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit transmettre avant minuit des propositions de réformes détaillées et exhaustives à l'appui de sa demande d'un prêt sur trois ans au Mécanisme européen de stabilité (MES), ainsi qu'une liste des mesures préalables qu'Athènes s'engage à mettre en oeuvre avant la versement de toute aide financière.

Sa lettre doit être adressée à Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro, en tant que président du conseil d'administration du MES. Jeroen Dijsselbloem doit immédiatement transmettre ces propositions à la Commission européenne, au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque centrale européenne (BCE) ("les institutions") pour leur permettre de les évaluer.

VENDREDI

Les institutions doivent rendre une évaluation préliminaire à Jeroen Dijsselbloem, qui peut demander à Alexis Tsipras des modifications ou des précisions, consulter d'autres acteurs du dossier ou adresser les propositions au "Groupe de travail Eurogroupe" (Eurogroup Working Group, EWG), qui réunit les représentants du Trésor de chacun des 19 pays de la zone euro.

SAMEDI

L'EWG se réunit pour débattre de l'opinion des institutions et faire des recommandations aux ministres de l'Eurogroupe, mais aussi pour étudier des moyens possibles de fournir une aide financière provisoire à la Grèce dès la semaine prochaine.

Des sources de la zone euro expliquent que ces aides provisoires pourraient inclure 1,9 milliard d'euros de profits réalisés en 2014 par la BCE sur les obligations grecques qu'elle détient et distribués aux Etats membres, ainsi que 1,5 milliard de profits engrangés par la banque centrale cette année sur ces titres, ou encore des prêts bilatéraux à court terme de pays "amis de la Grèce".

Les ministres de l'Eurogroupe doivent se réunir à 15h00 (13h00 GMT) pour étudier les recommandations des institutions et de l'EWG. Ils pourraient recommander l'ouverture de négociations sur un accord de prêt à condition que la Grèce mette en oeuvre très rapidement un certain nombre de mesures préalables.

Selon certaines sources, le Parlement grec pourrait se réunir samedi ou dimanche pour voter la mise en oeuvre de certaines mesures prévues avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro convoqué dimanche. Un responsable du Parlement grec a déclaré qu'aucune réunion extraordinaire des députés n'était prévue pour l'instant.

Les ministres pourraient aussi conclure que rien ne permet l'ouverture de nouvelles négociations. Dans ce cas, la Grèce pourrait encore annoncer de nouvelles mesures dans les heures qui suivraient ce rejet, à temps pour le sommet de dimanche.

DIMANCHE

Si l'Eurogroupe rend une décision favorable, rien n'oblige à réunir les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro et a fortiori de l'ensemble de l'Union européenne pour avaliser celle-ci, mais un sommet de la zone euro et un autre de l'UE sont quand même prévus dimanche.

Des sources de la zone euro expliquent qu'un sommet du bloc permettrait d'assurer d'une part à Alexis Tsipras l'appui politique indispensable pour faire accepter par ses concitoyens des mesures difficiles et d'autre part à Angela Merkel des arguments pour convaincre le Bundestag, dont le feu vert est indispensable à tout nouvel accord. Une session extraordinaire des députés allemands requiert un préavis de trois jours.

En l'absence d'accord, un sommet de l'UE sera nécessaire pour prendre des décisions qui ne manqueront pas d'affecter le budget de l'Union et certains pays membres voisins de la Grèce mais pas membres de la zone euro, comme la Bulgarie, la Roumanie ou la Croatie.

Parmi les sujets susceptibles d'être abordés figurent la fourniture d'une aide humanitaire à la Grèce, des mesures liées au contrôle des capitaux en Grèce ou encore des dispositions en matière de contrôles aux frontières.

DIMANCHE OU LUNDI

Qu'il y ait ou non accord à Bruxelles, le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunira afin de faire un nouveau point sur la fourniture de liquidité d'urgence (ELA) aux banques grecques.

Si un accord est conclu, le plafond de l'ELA pourrait être relevé, estiment des sources de la zone euro, afin de permettre la réouverture des banques grecques la semaine prochaine.

En l'absence d'accord, le Conseil des gouverneurs aura à étudier des mesures d'urgence pour préserver la stabilité de la zone euro, ce qui pourrait passer par une extension de son programme d'achats d'actifs sur les marchés, un soutien aux banques centrales des pays voisins de la Grèce extérieurs à la zone euro ou la fourniture de liquidités à certaines banques dans d'autres pays de la zone euro.

LA SEMAINE PROCHAINE

Si un accord est conclu pendant le week-end, le Bundestag allemand se réunira en session extraordinaire pour se prononcer sur le texte, le gouvernement devant obtenir un mandat du Parlement pour ouvrir des négociations avec la Grèce dans le cadre du MES. En France, un vote du Parlement n'est pas obligatoire mais le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé mercredi que les députés seraient appelés à se prononcer. (Alastair Macdonald et Paul Taylor à Bruxelles, avec Gernot Heller et Noah Barkin à Berlin Deepa Babington à Athènes; Marc Angrand pour le service français)