"La SEK a atteint un nouveau plus haut la semaine dernière ; la NOK est encore un peu en retrait mais demeure robuste. Le facteur haussier est le resserrement des taux de leurs banques centrales respectives en raison de l'amélioration de l'activité manufacturière. La hausse est telle qu'il est légitime désormais de se demander si certains facteurs peuvent limiter leur hausse ? La question est d'autant plus pertinente que la Norges Bank a régulièrement exprimé ses craintes sur la maladie hollandaise", note SG Cross Asset Research.

"Et de son côté, la Riksbank table désormais sur un indice SEK pondéré des échanges commerciaux inchangé."

"Le principal obstacle à l'appréciation de la NOK et à un resserrement de la politique monétaire norvégienne est la peur de la maladie hollandaise ; c'est-à-dire les dégâts que pourrait infliger une devise forte au secteur manufacturier. La Norges Bank n'a vraiment pas fait mystère de ses inquiétudes à ce sujet. Les salaires augmentent ; la perte de compétitivité est évidente, a asséné le gouverneur de la Norges Bank Svein Gjedrem (A diversified economy, 8 juin 2010).

"Il a très bien expliqué pourquoi ce phénomène pourrait poser problème : le niveau des coûts en Norvège est un thermomètre indiquant combien l'économie norvégienne peut produire sans développer un cas grave de maladie hollandaise. La température est désormais élevée. Mis en parallèle avec ses homologues des partenaires commerciaux de la Norvège, le niveau des coûts est maintenant presque supérieur de 20% à la moyenne pour l'ère pétrolière. La main d'oeuvre norvégienne n'a jamais été si coûteuse qu'aujourd'hui."

"Les entreprises norvégiennes vont perdre des contrats étant donné le niveau actuellement élevé de la capacité de production disponible dans les autres pays. Et il n'a jamais été aussi rentable de délocaliser ses activités à l'étranger. La géographie économique de la Norvège va muter au cours des dix à quinze prochaines années. Le niveau des coûts en Norvège ainsi que la faible croissance européenne vont engendrer des pressions supportées par les emplois et les entreprises des communautés manufacturières. Les suppressions d'emploi auront des effets surtout marqués dans les zones où l'activité manufacturière domine. Des secteurs manufacturiers entiers pourraient disparaître."

"Nous pensons que ces inquiétudes importent surtout dans un environnement de croissance mondiale faible. Mais, alors que le cycle manufacturier planétaire s'accélère de nouveau aujourd'hui, elles ne vont que ralentir le processus de resserrement monétaire. En outre, le rééquilibrage de la croissance en direction des marchés développés (à partir des zones émergentes) devrait bénéficier aux prix du pétrole. Ces deux facteurs vont alors inciter la banque centrale norvégienne à relever davantage ses taux, selon nous."

"En Suède, c'est la demande d'exportations qui importe. Comme la reprise suédoise est fortement soutenue par la demande étrangère, la SEK pourrait être confrontée au même problème : une devise trop forte, qui entame la compétitivité des exportations. Le secteur manufacturier donne déjà des signes de ces pressions. Ainsi la semaine dernière, Jan Johansson, PDG de SCA (le premier exportateur net suédois l'an dernier) a critiqué le renforcement de la couronne induit par la hausse des taux."

"Cependant nous pensons que les biens de haute qualité produits en Suède, de plus en plus exposés à la demande asiatique (parfois via l'Allemagne), ne sont pas si sensibles aux cours de change des devises, mais plutôt à la demande elle-même. En d'autres termes, tant que les biens d'investissement seront demandés au niveau mondial, surtout en Asie, les exportations et la production industrielle suédoises devraient être étayées. La Riksbank semble avoir adopté le même raisonnement, car le passage de son dernier rapport de politique monétaire (février) sur les exportations affirme : les exportations devraient augmenter en même temps que les marchés d'exportations, soit une hausse moyenne d'environ 7% sur la période des prévisions."

"Les investissements ont désormais commencé à croître à l'étranger, ce qui favorise les exportations suédoises, puisque la Suède produit une part relativement importante des biens d'investissement. Nous avons par conséquence tendance à penser que dans le cadre du scénario global que nous envisageons, il y a peu de raisons de penser que les exportations suédoises seront fortement affectées par une SEK plus robuste. La Riksbank semblant partager cet avis, le risque de peser sur les exportations ne devrait pas empêcher les hausses des taux."

"Dans l'ensemble, la croissance mondiale devrait rester solide, permettant une appréciation de la NOK et de la SEK. Les craintes d'une maladie hollandaise ne vont selon nous que ralentir la progression de la NOK, tandis que la demande d'exportations suédoises devrait rester vigoureuse malgré la valeur de la SEK. Enfin, les valorisations ne constituent pas un obstacle, en particulier dans le cas de la SEK, qui reste nettement sous-valorisée."