Le salut n'est pas venu de Wall Street, qui refluait nettement elle aussi au moment de la clôture des Bourses européennes. Et la prudence risque de peser sur les marchés jusqu'à l'annonce mercredi des décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine: si la quatrième hausse de taux de l'année semble assurée, les investisseurs attendent de la banque centrale de nouveaux indices sur la trajectoire des taux l'an prochain, susceptibles de remettre en cause leurs anticipations.

Donald Trump, pour sa part, a une nouvelle fois reproché lundi à la banque centrale d'envisager une poursuite du resserrement monétaire.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,11%, son troisième repli consécutif, à 4.799,87 points. Le Footsie britannique a cédé 1,05% et le Dax allemand 0,86%.

L'indice EuroStoxx 50 a lâché 0,94%, le FTSEurofirst 300 1% et le Stoxx 600 1,14%.

Les indices européens, de Londres à Francfort en passant par Milan et Paris, accusent désormais des pertes de 10% à 17% depuis le début de l'année.

La Fed ne sera pas la seule banque centrale à prendre une décision de politique monétaire cette semaine; la Banque du Japon (BoJ) et la Banque d'Angleterre (BoE) feront de même jeudi.

Les tensions commerciales, spécialement entre la Chine et les Etats-Unis, restent d'autant plus préoccupantes que les marché s'interrogent sur l'évolution de la croissance mondiale et sur celle de la Chine en particulier.

De fait, les Etats-Unis et la Chine ont porté lundi leurs divergences commerciales devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où les deux principales puissances économiques de la planète se sont mutuellement accusées de pratiques déloyales.

Dans le même temps, la Chine et l'Union européenne (UE) ont accusé lundi les Etats-Unis de saper l'autorité et les principes de l'OMC en mettant en oeuvre des mesures protectionnistes qui nuisent au commerce multilatéral.

Dans le contexte actuel, le gouvernement chinois devrait abaisser sa prévision de croissance pour l'an prochain entre 6% et 6,5%, estiment ainsi plusieurs conseillers de Pékin.

Le président Xi Jinping doit prononcer un discours mardi à Pékin à l'occasion du 40e anniversaire de l'ouverture de l'économie du pays, ont déclaré des sources diplomatiques à Reuters.

VALEURS

Le "profit warning" du britannique Asos lui a coûté très cher et a fait des dégâts sur d'autres valeurs de la distribution. Le titre Asos a lui-mêle a dégringolé de 37,55%, pesant sur l'ensemble du secteur de la distribution (-2,70%), la plus forte perte sectorielle de la journée.

Les concurrents d'Asos Zalando et Boohoo ont perdu 11,4% et 13,7% respectivement, l'allemand accusant la plus lourde chute de l'indice Stoxx 600.

Dans le même secteur, le suédois H&M a reculé de 8,5% après avoir fait état d'une hausse moins forte que prévu de ses ventes au quatrième trimestre.

A Paris, Ingenico finit sur une perte de 7,4% après avoir décidé de ne pas donner suite aux marques d'intérêt dont le groupe a fait l'objet, notamment celle de Natixis (-2,51%), préférant se concentrer sur l'amélioration en interne de la performance.

Sopra Steria a subi le choc d'un abaissement de recommandation de la part de Morgan Stanley, de "pondération en ligne" à "sous-pondérer". L'action perd 11,4%, deuxième recul de l'indice Stoxx 600.

A WALL STREET

Wall Street restait dans le rouge à la mi-journée mais réduisait ses pertes, le Nasdaq oscillant même autour de l'équilibre.

Aux soucis partagés également par les intervenants sur les perspectives de croissance s'est ajouté un recul des valeurs de la santé après qu'un juge a déclaré vendredi que l'Obamacare, la loi visant à assurer une assurance maladie à tous les Américains, était inconstitutionnel.

"Si le Père Noël ne se manifeste pas très bientôt, Wall Street pourrait terminer l'année en territoire négatif", écrivent les analystes de Rabobank.

Le Nasdaq est le seul des trois grands indices de Wall Street à être dans le vert sur l'ensemble de l'année, et de justesse (-0,15%), alors que le Dow et le S&P-500 accusent un recul compris entre 2% et 3%.

L'indice S&P de la santé perd 0,52%, mais ce n'était pas la plus forte perte sectorielle du jour. Ceux des "utilities" et de l'immobilier cédaient 1,32% et 1,35% respectivement.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, l'inflation dans la zone euro a ralenti plus fortement qu'initialement estimé au mois de novembre, se retrouvant tout juste à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE).

L'excédent commercial de la zone euro a diminué en octobre pour revenir à 14 milliards d'euros, contre 17,8 milliards un an auparavant.

Aux Etats-Unis, l'activité manufacturière dans la région de New York s'est notablement dégradée en décembre, et bien plus que prévu, montre l'enquête mensuelle de la Réserve fédérale régionale.

L'indice de confiance des professionnels du secteur de l'immobilier a rétrogradé en décembre à son niveau le plus bas depuis mai 2015, selon l'enquête de la fédération professionnelle NAHB.

CHANGES

Le dollar se tasse, marquant une pause dans l'attente de la décision de la Réserve fédérale après avoir bénéficié la semaine passée d'achats de précaution. Face à un panier de devises de référence, il perd 0,28% à 97,170, non loin du pic de 19 mois de 97,711 inscrit la semaine passée.

L'euro, qui avait touché la semaine dernière un plus bas de 1,1270 dollar, en profite pour reprendre un peu de terrain, gagnant 0,27% à 1,1338 dollar.

La livre reprend 0,13% à 1,2598 dollar, au-dessus du plus bas de 20 mois de 1,2477 de mercredi dernier.

S'exprimant devant les parlementaires britanniques pour la première fois depuis son retour de Bruxelles, Theresa May a annoncé que le vote sur le projet d'accord de Brexit se déroulerait dans la semaine du 14 janvier.

TAUX

L'écart de rendement entre les papiers à 10 ans italien et allemand s'est à nouveau réduit, les intervenants pensant que Rome parviendra à un compromis avec Bruxelles sur son budget de 2019.

Le dialogue se poursuit entre la Commission européenne et l'Italie sur le projet de budget amendé préparé par le gouvernement italien, a déclaré lundi un porte-parole de l'exécutif européen.

Le spread Italie-Allemagne est de 270,4 points de base (pdb) contre 273,7 pdb vendredi.

Les emprunts français souffrent pour leur part des retombées d'une nouvelle journée d'action des Gilets jaunes samedi à Paris. Le rendement de l'OAT à 10 ans est monté à 0,735% contre 0,710% vendredi.

PÉTROLE

Les cours du brut sont en baisse prononcée, les craintes relatives à la croissance mondiale, dont dépend la demande d'hydrocarbures, jouant aussi sur ce marché.

En outre, les données provenant du terminal pétrolier de Cushing, dans l'Oklahoma, montrent que les stocks y ont augmenté plus que prévu, de plus d'un million de barils entre le 11 et le 14 décembre.

Ces signes d'une nouvelle hausse de la production pétrolière américaine l'emportent aux yeux du marché sur l'accord de la réduction de la production passé par l'Opep et ses alliés ce mois-ci.

A SUIVRE MARDI 18 DÉCEMBRE :

Première journée de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui se conclura mercredi.

Parution, à 09h00 GMT, de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne en décembre.

(Wilfrid Exbrayat, édité par Marc Angrand)