Si la première déflagration est apparue du côté de la Turquie à cause des sanctions américaines contre Recep Tayyip Erdogan, la fragilité des pays émergents s’est confirmée en Argentine où le gouvernement fut contraint de solliciter l’aide du FMI.

La Livre turque comme le Peso argentin perdant jusqu’à plus de 50% de leur valeur depuis le début de l’année sur fond de volatilité exacerbée, proche des records de 2008, leurs cours ont entrainé plusieurs autres devises dans leur sillage dans un climat de défiance généralisée. Ainsi les roupies indienne et srilankaise ont enregistré de nouveaux points bas historiques tandis que l’Indonésie, première économie de l’Asie du Sud-Est, voit sa monnaie dégringoler dans des niveaux inédits depuis la crise asiatique de 1998. Le Real brésilien, le Rand sud-africain et le Rouble Russe évoluent dans des zones qui n'avaient plus été vues en deux ans. Même le Yuan recule de près de 10% cette année sous l’effet des tensions entre Pékin et Washington. Seul le Mexique semble tirer son épingle du jeu, notamment au prix d’un accord inattendu, conclu avec l’Oncle Sam dans le cadre de la renégociation du traité ALENA.

Si chaque monnaie trébuche pour des raisons qui lui sont propres, la guerre commerciale initiée par Washington et les hausses de taux successives de la FED tendent à amplifier le phénomène.

Au mois d’Août, les indicateurs PMI ont reculé en Chine, en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Singapour et en Inde tandis que l’Afrique du Sud vient d’entrer en récession, signe que le protectionnisme américain, manifestation concrète du fameux "America First" de Donald Trump pèse nettement sur la croissance mondiale.

Pour ne rien arranger, le cycle de normalisation de la FED rend le Dollar plus rémunérateur, convaincant les capitaux étrangers de se rediriger vers la première économie mondiale, moins risquée.

Le repli de ces monnaies renchérit en effet le coût des produits importés, alimentant les tensions inflationnistes, ainsi que le montant de la dette de chaque pays en difficulté, laquelle est généralement élevée et surtout libellée en dollars, dissuadant d’autant plus les investisseurs étrangers de venir ou de rester et amplifiant un peu plus la glissade sur les changes. Un cercle vicieux extrêmement pernicieux. Un casse-tête impossible à résoudre malgré les efforts des banques centrales pour enrayer la chute de leurs devises respectives.

Malgré tout, les pays développés semblent encore loin d’être menacés par un effet de contagion, même si la BCE s’est récemment inquiétée de l’exposition de certaines banques européennes à la Turquie ou si la demande internationale, chère à l’Allemagne ou au Japon par exemple, tend à se tarir légèrement. Si le phénomène s'aggravait, nul doute que les grandes banques centrales joueraient aux pompiers de service à travers une action coordonnée.

Pour l'heure, l’indice MSCI, qui reflète la trajectoire d’une vingtaine de devises émergentes, évolue toujours dans ses niveaux du printemps 2017. Le VIX, lui, est plutôt stable.