(Actualisé avec porte-parole de la coalition, frappes aériennes, spécialiste de l'EI, Save the Children)

par Hamuda Hassan et Erik De Castro

MOSSOUL, Irak, 18 juin (Reuters) - Les forces irakiennes ont lancé dimanche l'assaut sur la vieille ville de Mossoul, où sont retranchés depuis des mois les derniers djihadistes de l'Etat islamique encore présents dans la grande ville du nord du pays.

"C'est le dernier chapitre", a annoncé le général Abdoul Ghani al Assadi, commandant des forces d'élite du CTS, le Service de contre-terrorisme.

"Les forces irakiennes ont pénétré tôt ce matin dans le vieux Mossoul, le dernier quartier de la ville encore tenu par l'EI", a déclaré le porte-parole de la coalition anti-EI sous commandement américain, Brett McGurk, sur Twitter. "Nous sommes fiers d'être à leurs côtés."

L'armée irakienne estime à 300 au maximum le nombre de combattants de l'EI encore retranchés à Mossoul, sur les quelque 6.000 qui contrôlaient la ville au début de l'opération de reconquête il y a neuf mois.

Mais d'après les Nations unies, quelque 100.000 civils seraient toujours pris au piège dans ce dédale de ruelles étroites très densément peuplé où la progression des forces irakiennes devra sans doute se faire maison par maison.

"Cela va être une période terrifiante pour les quelque 100.000 personnes toujours bloquées dans la vieille ville de Mossoul qui risquent aujourd'hui d'être prises dans les combats de rue à venir", s'alarme l'ONG humanitaire International Rescue Committee (IRC) dans un communiqué.

"Les bâtiments de la vieille ville sont particulièrement exposés à un risque d'effondrement même s'ils ne sont pas directement visés, ce qui pourrait conduire à plus de décès de civils que les centaines déjà tués dans des frappes aériennes dans le reste de la ville", ajoute l'IRC.

Plusieurs frappes aériennes de la coalition ont touché un complexe médical situé juste au nord de la vieille ville, le long de la rive ouest du Tigre, a rapporté un reporter de Reuters TV.

Ce complexe, qui abrite les deux plus grands hôpitaux de Mossoul, est encore partiellement contrôlé par l'EI, qui a disséminé des snipers dans les bâtiments.

Le responsable de la sécurité de l'EI dans la vieille ville, Kanaan Djiyad Abdoullah, également connu sous le nom d'Abou Amna, a été tué dans les combats de la matinée, a déclaré Hicham al Hachimi, un spécialiste de l'EI.

Une autre figure de haut rang du groupe djihadiste, en charge des renseignements à Mossoul, Chakir Mahmoud Hamad, a été capturé, a-t-il ajouté.

COMBATS DE RUE

Le général Maan Saadi, un des commandants du CTS, a déclaré à la télévision irakienne que l'assaut était mené avec la volonté d'éviter au maximum de faire des victimes civiles.

"Nous nous attendons à ce que des milliers de familles fuient la vieille ville", a déclaré le colonel Salam Faradj à Reuters. "Nous avons fait tous les préparatifs pour les évacuer de la ligne de front."

"On estime que 50.000 enfants sont en grave danger", a déclaré pour sa part l'ONG Save the Children.

Plusieurs centaines de civils ont été abattus par les djihadistes ces dernières semaines en tentant de fuir le dernier réduit de l'Etat islamique (EI) qui les utilise comme boucliers humains, a annoncé vendredi l'Onu.

"L'opération entre maintenant dans une phase de combats de rue, nous allons limiter les bombardements aériens et les tirs d'artillerie car c'est un secteur densément peuplé et les bâtiments sont fragiles", a déclaré le porte-parole du CTS, Sabah al Nouman, à la chaîne télévisée Al Hadath de Dubaï.

Lancée à la mi-octobre avec l'appui des forces de la coalition internationale sous commandement américain, la contre-offensive sur Mossoul est entrée samedi dans son neuvième mois.

Mi-janvier, les forces pro-gouvernementales ont repris la partie orientale de la ville, située sur la rive gauche du Tigre. Elles se sont lancées ensuite à la reconquête de Mossoul-Ouest.

Bagdad espérait à l'origine déloger l'EI de Mossoul avant la fin de l'année dernière, mais a dû revoir ses plans face à la résistance acharnée opposée par les djihadistes, multipliant les attaques suicide et utilisant des tireurs embusqués pour freiner la progression des forces pro-gouvernementales.

Les djihadistes de l'EI s'en étaient emparés en juin 2014. C'est de Mossoul que leur chef, Abou Bakr al Baghdadi, dont les autorités russes tentent actuellement de vérifier s'il a été tué dans une frappe aérienne fin mai, a proclamé le "califat". (Ecrit par Maher Chmaytelli avec Ahmed Rasheed à Bagdad et Ahmed Tolba au Caire; Henri-Pierre André, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)