par Pavel Polityuk et Tom Balmforth

KYIV, 11 septembre (Reuters) - Les forces ukrainiennes poursuivaient dimanche leur offensive contre l'armée russe dans la région de Kharkiv, dans le nord-est du pays, après la chute annoncée d'Izioum, et progressaient vers le Sud et l'Est, a déclaré le commandant en chef de l'armée ukrainienne.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a salué une percée capitale, en six mois de conflit, après le retrait des forces russes de la ville d'Izioum, important noeud logistique, prédisant de nouvelles reconquêtes durant l'hiver sous réserve d'un fort appui militaire.

Selon le général Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces ukrainiennes, l'armée nationale a repris le contrôle de quelque 3.000 km2 de territoire depuis début septembre.

"Dans la direction de Kharkiv, nous avons commencé à avancer non seulement vers le Sud et l'Est, mais aussi vers le Nord. Il reste 50 kilomètres à parcourir jusqu'à la frontière (avec la Russie", a-t-il dit sur Telegram.

Les troupes russes présentes autour d'Izioum ont reçu ordre de se redéployer dans la région du Donetsk, a annoncé samedi le ministère russe de la Défense.

Il s'agit de leur revers le plus sévère depuis l'offensive avortée contre la capitale, Kyiv, en mars.

"Je pense que l'hiver marquera un tournant, qui pourra aboutir à une réoccupation rapide de l'Ukraine", a dit Vladimir Zelenzky lors d'un forum politique, des propos rendus publics samedi soir sur le site de la présidence ukrainienne.

"Nous voyons comment ils (les occupants) fuient en certaines zones. Si nous étions un peu plus puissants en armements, nous pourrions mettre fin à l'occupation plus rapidement", a-t-il souligné.

La reconquête d'Izioum, qu'occupaient les Russes depuis fin mars, n'a pas été confirmée officiellement, mais le chef de cabinet de Zelensky, Andri Yermak, a posté sur les réseaux sociaux des photos de soldats ukrainiens à la périphérie de la ville, avec un émoji "raisin". Izioum signifie littéralement "raisin".

Oleh Djanov, analyste militaire basé à Kyiv, estime que les gains ukrainiens pourraient ouvrir la voie à une percée dans la région de Louhansk, dont la Russie a annoncé la conquête début juin.

GAINS UKRAINIENS, BOMBARDEMENTS RUSSES

"Si vous regardez la carte, il est logique de supposer que l'offensive va se poursuivre en direction de Svatovo - Starobelsk, et Sieverodonetsk - Lissitchansk. Ce sont deux directions prometteuses", relève-t-il.

Le ministère britannique de la Défense a fait état dimanche de nouveaux gains pour l'armée ukrainienne ces dernières 24 heures. Des combats se poursuivaient autour d'Izioum et Koupiansk, un carrefour ferroviaire essentiel à l'approvisionnement des forces russes reconquis par les Ukrainiens.

Les bombardements russes - tirs de missiles et frappes aériennes - se poursuivaient, principalement dans l'Est et le Sud.

Le ministère russe de la Défense a déclaré dimanche que des positions ukrainiennes étaient la cible de bombardements dans la province de Kharkiv.

Vitali Gantchev, chef de l'administration prorusse dans la partie de la région de Kharkiv contrôlée par Moscou, avait appelé samedi les populations civiles à évacuer et à fuir en Russie, dans le but de "sauver des vies", selon l'agence Tass.

Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kirilenko, a déclaré sur Telegram que dix civils avaient été tués samedi. Neuf ont été blessés dans la ville de Mykolaïv, plus au sud, a rapporté le maire.

Reuters n'a pu confirmer ces informations de sources indépendantes.

Dans le Sud, la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée depuis mars par les Russes, continue de susciter l'inquiétude.

L'opérateur ukrainien Energoatom a annoncé avoir mis à l'arrêt dans la nuit de samedi à dimanche le sixième et dernier réacteur en activité pour des raisons de sûreté. L'unité 6 a été déconnectée du réseau électrique et des procédures ont été engagées pour son refroidissement.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a précisé dimanche que l'approvisionnement électrique extérieur du site avait été rétabli pour ses besoins internes, comme les opérations de refroidissement du combustible.

Les abords de la centrale, la plus grande d'Europe, font l'objet de bombardements récurrents dont Russes et Ukrainiens se rejettent la responsabilité, alimentant les craintes d'une catastrophe nucléaire et incitant plusieurs pays et organisations internationales à réclamer l'instauration d'une zone démilitarisée. (Avec les bureaux de Reuters, version française Sophie Louet)