De nombreux acteurs du secteur évitent toutefois de s'engager dans des plans de réduction marquée de leurs réseaux, de peur de se priver de sources potentielles de revenus, de s'aliéner une partie de leur clientèle ou de déclencher des réactions politiques et sociales hostiles.

Les chiffres sur les fermetures et les cessions d'agences de 2013 ont été compilés par Reuters sur la base des informations publiées par 26 des 30 principales banques cotées d'Europe. Les quatre autres ne publient pas régulièrement ces chiffres et ont refusé de les communiquer.

Selon le cabinet de conseil Bain & Company, jusqu'à 40% des agences bancaires d'Europe pourraient fermer entre 2013 et 2020. Selon les statistiques de la Banque centrale européenne (BCE), l'Union européenne comptait près de 218.000 agences bancaires fin 2012.

"Nous ne sommes qu'au début des fermetures d'agences", estime Dirk Vater, responsable de la banque de détail chez Bain. "Je suis consultant bancaire depuis plus de 20 ans. Pour la première fois, nous allons assister à des changements considérables (...) Tout le secteur sera chamboulé."

L'ESPAGNOLE BANKIA LA PLUS TOUCHÉE

C'est en Espagne qu'ont pour l'instant eu lieu les coupes les plus importantes, le secteur bancaire local ayant été laminé par l'éclatement de la bulle immobilière et la crise de la dette ces dernières années.

En septembre dernier, une étude d'analystes de Deutsche Bank montrait que l'Espagne était le pays dans lequel le ratio entre le nombre d'agences et la population était le plus élevé.

Bankia, renflouée par l'Etat espagnol en 2012, a fermé l'an dernier 1.100 agences, soit 37% de son réseau.

Les quatre autres banques espagnoles figurant dans le "top 30" européen (Santander, CaixaBank, BBVA et Banco Popular) ont quant à elle réduit de 1.774 le nombre total de leurs agences. Ce nombre inclut des cessions de filiales étrangères mais la majeure partie concerne des fermetures en Espagne.

L'étude de Deutsche Bank concluait aussi que l'Italie, Chypre et l'Allemagne comptaient trop d'agences bancaires par rapport à leur population. Mais les banques de ces pays, à l'exception d'UniCredit en Italie, ont réduit leur réseau dans des proportions inférieures à la moyenne (6%) des 26 banques étudiées.

Les analystes de Deutsche Bank estiment que les banques de détail peuvent réduire leurs dépenses de jusqu'à 15% à moyen terme en fermant des agences et en réduisant la taille et les effectifs de celles qu'elles conservent.

En France, Société générale prévoit de réduire la taille de son réseau de 10% d'ici à 2024. Chez BNP Paribas, une quarantaine d'agences devraient fermer cette année selon des sources syndicales.

(avec Sarah White à Madrid, Steve Slater et Matt Scuffham à Londres, Matthias Blamont à Paris; Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame)

par Laura Noonan