Graphique n°1 & 2 : Les spiritueux toujours en souffrance
Le cours de Rémy Cointreau revient sur ses niveaux de 1994 et celui de Pernod Ricard sur ses niveaux de 2007. Le secteur des spiritueux subit un net ralentissement, en particulier sur les marchés clés que sont les États-Unis et la Chine. Rémy Cointreau est durement touché, avec une révision à la baisse de ses prévisions : ventes de Cognac attendues en recul de 21,4 %, et une baisse organique globale des ventes estimée à -17,9 % sur l’exercice 2024/25. L’EBITDA est revu en baisse sur plusieurs années, principalement en raison de la hausse des coûts de distribution, entraînant une dilution du BPA et une chute marquée du DCF (-36 %). Pernod Ricard résiste mieux mais voit son chiffre d’affaires reculer de 3 % au T3, pénalisé par un repli de -5 % en Chine et de -31 % dans le Travel Retail. Le groupe maintient toutefois ses objectifs annuels avec une marge stable et une gestion rigoureuse des coûts. Le secteur reste fragilisé par des incertitudes géopolitiques, un environnement de consommation détérioré et une pression accrue sur les marges, bien que les valorisations deviennent plus attrayantes.
Rémy Cointreau en vue mensuelle

Pernod Ricard en vue mensuelle

Graphique n°3 : Hermès au coude à coude avec LVMH
Pour la première fois, Hermès et LVMH se retrouvent au coude à coude en matière de capitalisation boursière, une situation inédite qui illustre le tournant que connaît le secteur du luxe. Longtemps loué pour sa stratégie de diversification, LVMH fait désormais face à un changement brutal de perception : ralentissement de la demande en Chine et aux États-Unis, perte relative d’exclusivité de Louis Vuitton, critiques croissantes sur les réseaux sociaux... autant de vents contraires qui pèsent sur sa valorisation. À l’inverse, Hermès, fidèle à son modèle monomarque, affiche une croissance insolente (+9 % au T1 2025), apparemment immunisé contre le climat économique mondial. Ce rapprochement capitalistique entre les deux géants traduit non seulement une réévaluation des perspectives de croissance, mais aussi une prime de plus en plus forte accordée à la rareté, à l’intemporalité et à la constance, dont Hermès demeure aujourd’hui l’archétype absolu.

Performance en Total Return sur 4 ans glissants
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Graphique n°4 : "Gold is the new crowded trade"
En avril 2025, l’or s’impose comme le nouvel actif refuge par excellence, porté par un rare consensus haussier parmi les investisseurs, après avoir longtemps été relégué au second plan au profit des valeurs technologiques. Il y a encore quelques mois, la frénésie autour des "Magnificent 7", ces géants de la tech à la croissance exponentielle, captivait les marchés, éclipsant les actifs tangibles. Mais le retour des incertitudes géopolitiques, la volatilité persistante des taux réels et les craintes de récession ont ravivé l’attrait pour le métal jaune. Symbole de stabilité, l’or bénéficie d’une demande robuste à la fois des banques centrales, des particuliers et des fonds institutionnels. Cette rotation de l’appétit pour le risque vers des positions plus défensives traduit un changement de climat profond, où prudence, couverture et préservation du capital prennent le pas sur la quête effrénée de performance.
- Décembre 2024 : Long Magnificent 7
- Avril 2025 : Long Gold

Graphique n°5 : Le VIX fait un top, bon signe pour la suite ?
Un haut niveau de volatilité de l'indice S&P 500 (le top 1% en terme de volatilité correspond à un VIX au-dessus de 47) comme nous l'avons constaté récemment (clôture du VIX à 52,33 le 8 avril 2025) est généralement suivi d'une période de bonnes performances de l'indice dans les années qui suivent (1990-2025).

Graphique n°6 : La décote des small-caps
Même lorsqu’on les compare à des indices de grandes capitalisations pondérés de manière égale, ce qui atténue l’influence démesurée des méga capitalisations, les actions de petites capitalisations continuent d’afficher une décote de valorisation nettement plus importante que la normale.

Graphique n°7 : Valorisation du marché US
Après avoir connu l’une des meilleures opportunités d’achat de l’histoire en 2009, le marché américain se retrouve aujourd’hui, seize ans plus tard, face à l’un des contextes de risque les plus défavorables des dernières décennies. Si parier sur l’Amérique reste pertinent sur le long terme, il existe des cycles où il est justifié de s’en écarter. En macroéconomie, les meilleures performances surviennent parfois dans des contextes très dégradés, et inversement. Actuellement, les actifs américains se négocient à des niveaux de valorisation élevés malgré une montée significative des risques politiques et une probabilité de récession estimée à au moins 50 %. Autrement dit, lorsque les marchés sont "valorisés pour la perfection" dans un environnement de plus en plus imparfait, il convient de marquer une pause et de réfléchir.

Graphique n°8 : Flux sortants des US
Les mentalités sur les marchés évoluent : de plus en plus d’investisseurs mondiaux expriment une intention record de sous-pondérer les actions américaines. Cette tendance se reflète concrètement dans les flux de capitaux, traduisant un mouvement réel de désengagement. Plusieurs facteurs motivent cette rotation : la crainte d’un affaiblissement du dollar, des valorisations encore élevées, l’incertitude sur les politiques à venir, ainsi que le risque de récession. Pour beaucoup, réduire l’exposition aux actions américaines apparaît désormais comme une décision prudente et rationnelle.
