Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai un peu de mal à retrouver mes petits dans ce marché agité, qui complique la tâche des investisseurs. Des investisseurs qui ont longtemps profité de la belle homogénéité haussière des indices occidentaux pour se la couler douce. Maintenant que les inconnues de l'équation sont un peu plus nombreuses, il faut recommencer à bosser et à réfléchir. Jusqu'ici, il suffisait de miser sur de la bonne grosse valeur technologique pour s'en sortir à peu près sans dommage, même en l'absence de plan d'investissement abouti.

A quoi ressemble le paysage boursier de l'hiver 2022 ? Pour commencer, il est globalement baissier pour les indices. Il fait la part belle aux valeurs décotées par rapport à celles qui sont plus richement valorisées et qui pèsent le plus lourd en bourse. On brûle un peu ce qu'on a adoré il n'y a pas si longtemps. Avec bien sûr la tentation d'y revenir pour profiter du trou d'air. Cela explique le curieux chassé-croisé entre indices sur la planète finance, avec le rebond des places européennes hier, suivi par le repli de Wall Street, plombé par ses vedettes. Meta Platforms par exemple, qui a encore chuté de 5% pour une valorisation amputée d'un tiers depuis le 1er janvier. L'ex-Facebook a rétrogradé hier de la 7e à la 8e place du classement des capitalisations américaines en passant derrière Nvidia.

J'ai l'impression que les investisseurs sont lassés du groupe de Mark Zuckerberg. C'est un sujet récurrent au sein de l'équipe ici : les métriques financiers de Meta en font le grand dossier technologique le moins cher de la place, ce qui incite évidemment à songer à entrer la valeur en portefeuille. D'ailleurs, j'ai ouï dire que des investisseurs talentueux à sang froid s'y sont risqués. Sur la base des résultats attendus en 2023, Meta est moins cher que Sanofi, Danone ou Roche. Et quatre fois moins cher que Dassault Systèmes. Pourtant, le marché n'en veut plus. De mon point de vue, Meta a un problème d'image. A cause de son dirigeant mi-mégalo, mi-inquiétant. A cause de son emprise tentaculaire sur les données. A cause de son incapacité à reconnaître ses torts. Et à cause de son arrogance qui conduit l'entreprise à manquer de discernement dans sa communication, comme le montre le dernier épisode de menace de se retirer d'Europe à cause d'une réglementation défavorable. Les autres géants américains du net ne sont pas toujours plus vertueux, mais ils savent faire profil bas quand c'est nécessaire. Pas Meta, ce qui explique sans doute en partie la prime de risque associée au titre en ce moment.

Plus globalement, les investisseurs continuent à hésiter sur la marche à suivre en bourse. Une attitude bien résumée dans la stratégie actuelle de Kepler Cheuvreux, qui recommande à ses clients de rester tactiquement positionnés sur les valeurs décotées (la value), notamment les financières, l'énergie, les métaux de base et les thématiques liées à la réouverture post-covid, "tant que les taux réels restent sous pression haussière". Des taux qui sont sur la pente ascendante par à-coups, comme le montre la remontée du T-Bond 10 ans à 1,95% ce matin, non loin donc du cap symbolique des 2%. Pour mémoire, ils avaient terminé l'année 2021 autour de 1,51%. En parallèle, l'intermédiaire financier est tenté par un retour sur des paris plus audacieux. Il explique que des points d’entrée sont en train de se former "sur les thématiques de croissance séculaire", même si la compression des multiples ne touche pas encore à sa fin.

En l'absence de données macroéconomiques importantes, la séance du jour sera encore dominée par les publications de résultats, à l'image d'Amgen aux Etats-Unis hier soir ou de BNP Paribas ce matin en Europe. Softbank a aussi publié ses comptes : le groupe japonais en a profité pour annoncer qu'Arm ne sera pas cédé à Nvidia mais introduit en bourse. La grande recomposition du paysage des semiconducteurs se poursuit donc maintenant que les Etats ont tous compris qu'ils constituent un enjeu stratégique majeur. Les Chinois le savent depuis longtemps, les Américains ont un peu tardé à réagir mais se sont mis en ordre de marche et les Européens ont réagi à l'européenne, c’est-à-dire après tout le monde. La bonne nouvelle, c'est que l'UE va dégainer aujourd'hui un plan doté de 42 Mds€ pour quadrupler la production de semiconducteurs sur le vieux continent d'ici 2030. Thierry Breton, à la baguette sur le sujet et au fait des risques encourus, a rappelé hier cette triste réalité, effleurée par les pénuries de ces derniers mois : si Taïwan n'est plus en capacité d'exporter, quasiment l'ensemble des usines du monde s'arrêteraient en trois semaines.

Pour être parfaitement complet, il faut ajouter que le long entretien entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Moscou n'a pas entraîné d'évolution concrète autour de la situation en Ukraine, même s'il semble avoir permis de déminer un peu le terrain. Et que la séance boursière est mitigée en Asie, avec un Nikkei 225 qui a gagné 0,1% en clôture mais des indices chinois qui reculent d'environ 1%. Le CAC40 évolue autour de l'équilibre peu après l'ouverture, non loin des 7000 points.

Les temps forts économiques du jour

Pas de gros indicateurs aujourd'hui, hormis la balance commerciale américaine de décembre.

L'euro recule légèrement à 1,1423 USD, pendant que l'or se renforce à 1821 USD l'once. Le pétrole consolide ses gains récents à 92,44 USD le baril de Brent et 91,21 USD le baril WTI. Le T-Bond affiche désormais un rendement de 1,95% sur 10 ans, en hausse de 3 points. Le Bitcoin progresse de 1% 44 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 140 EUR.
  • AXA : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 35 EUR.
  • BAE Systems : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 695 GBp.
  • Banco de Sabadell : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 1 EUR.
  • Ceres Power : HSBC passe de vendre à conserver en visant 600 GBp.
  • Coloplast : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 1150 DKK.
  • Faurecia : Deutsche Bank relève son objectif de 50 à 55 EUR.
  • JCDecaux : Goldman Sachs reprend le suivi à vendre en visant 21,60 euros.
  • M&G PLC : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 270 GBp.
  • Merck KGaA : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 185 à 197 EUR.
  • MTU Aero : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 225 EUR.
  • Nel : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 13 NOK.
  • Rolls-Royce : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 109 GBp.
  • Safran : Jefferies démarre le suivi à sousperformance en visant 89 EUR.
  • Schneider Electric : Citigroup passe de vendre à neutre en visant 150 EUR.
  • Scor : Morgan Stanley entame le suivi à surperformance en visant 38 EUR.
  • Siltronic : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 135 EUR.
  • St. James's Place : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 1900 GBp.
  • Telefonica : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 3 à 3,20 EUR.
  • Thales : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 89 EUR.
  • Worldline : Barclays abaisse son objectif de 64 à 56 EUR.
  • Zurich Insurance : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne.

En France

Résultats des sociétés

  • BNP Paribas dépasse les attentes de bénéfices au T4 et relève son payout ratio de 50 à 60%.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Orange pourrait marier ses activités avec Masmovil en Espagne, selon la rumeur.
  • Technip Energies investit dans la société éolienne offshore flottante X1 Wind.
  • Le prêt de 4 Mds€ de l'Etat français à Renault lui a permis de disposer des liquidités adéquates pendant la crise.
  • Electricité de France réduit encore son estimation de production nucléaire en France pour 2022. Le groupe va récupérer les turbines de General Electric.
  • Scor revendique une croissance de ses primes de 19% lors du renouvellement P&C de janvier.
  • TF1 conteste la communication relative à la distribution de ses chaînes et services faite ce lundi par Molotov.
  • Rémy Cointreau renforce ses investissements sur The Botanist.
  • Shell et Gaztransport & Technigaz s'associent pour accélérer le développement et l'innovation des technologies dans le domaine de l'hydrogène liquide.
  • Bpifrance entre au capital de Spie.
  • Iliad serait en passe de soumettre une offre de rachat de Vodafone en Italie.
  • Mirova demande à Orpea d'adopter le statut d'entreprise à mission.
  • Net rebond de l'activité de Getlink en janvier.
  • Virbac entre sur le marché de la nutrition pour animaux aux Etats-Unis.
  • Nacon acquiert 100% de Midgar Studio.
  • Alan Allman Associates renforce ses activités canadiennes dans l'intégration logicielle.
  • Pherecydes Pharma reçoit le feu vert pour lancer une phase I/II avec PhagoDAIR dans le traitement des infections ostéoarticulaires sur prothèses causées par le Staphylococcus aureus.
  • Adomos amende son contrat d'OCABSA Atlas et tire 2,7 M€ de l'exercice de trois tranches.
  • Crypto Blockchain Industries et la Fondation Horyou s’associent pour créer un Métavers et un token dédiés à l’action humanitaire et à la préservation de la planète.
  • Acheter-Louer prend une participation dans Cocoon-Immo.
  • Nicox entrevoit une possibilité de développement avec NCX4251 dans la sécheresse oculaire.
  • Néovacs tire 2 M€ sur son OCEANE-BSA.
  • AB Science présentera son programme de développement dans la Sclérose Latérale Amyotrophique lors de l'édition 2022 du ALS Drug Development Summit.
  • Bastide, Spartoo, Navya, Aurea, connect, Gérard Perrier, Tessi, Hexaom ont publié leurs comptes et/ou des prévisions.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Amgen est stable après la clôture post-publication de ses résultats.
  • AMS-Osram : les résultats dépassent les attentes malgré un repli d'activité au T4.
  • BP Plc a annoncé mardi un bénéfice de 12,8 Mds$ en 2021, le plus élevé depuis huit ans.
  • Outokumpu : les résultats sont inférieurs aux attentes à cause des coûts énergétiques.
  • Take-Two perd 2% hors séance après des résultats plutôt corrects.
  • TUI AG : le groupe a affiché une perte d'exploitation semestrielle sous-jacente de 273,6 M€, contre une perte à 675,8 M€ un an avant. Le management attend un "été fort".

Annonces importantes (et autres)

  • Nvidia renonce à racheter Arm, que Softbank veut placer en bourse.
  • Repsol cherche à vendre une partie de ses actifs canadiens.
  • La fusion entre Spirit Airlines et Frontier Airlines aux Etats-Unis fera l'objet d'un examen antitrust approfondi.
  • Nissan va presque totalement cesser de développer des moteurs à essence.
  • Tesla a retiré l'une des deux unités de contrôle électronique incluses dans les crémaillères de direction de certaines Model 3 et Model Y fabriquées en Chine pour atteindre ses objectifs dans un contexte de pénurie, selon CNBC.
  • Peter Thiel va quitter le conseil d'administration de Meta Platforms pour poursuivre le programme politique de Trump.
  • Lockheed Martin retenu par la NASA pour sa première fusée à décoller de Mars.
  • Wuxi Biologics s'effondre à Hong Kong après son inclusion dans la "liste noire" de boycott à l'export américaine.
  • Principales publications de résultats : Pfizer, BP Plc, S&P Global, BNP Paribas, Softbank, Fiserv, Chipotle, Ocado, Yara… Retrouvez tout l'agenda du jour ici.

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