Les détenteurs de portefeuille de placements doivent-ils s'en préoccuper des résultats des Midterms ? La nouvelle couleur du Congrès influera très certainement sur les grandes décisions de politique budgétaire et réglementaire – lesquelles concernent les investisseurs et les gérants de portefeuilles. Elle pourrait aussi affecter le marché des actions et favoriser certains de ses secteurs plutôt que d'autres, indique Scott Krauthamer, Head of Equity Strategy chez AllianceBernstein. Mais peut-elle peser sur le rendement des investissements à long terme ? La société de gestion en doute.

Les très nombreuses données recueillies à propos des élections présidentielles américaines – jugées plus importantes que les élections de mi-mandat sur le plan politique – montrent que la course à la Maison blanche et les rendements observés sur les marchés boursiers ne sont pas corrélés.
AllianceBernstein évoque toutefois les trois résultats possibles et leurs conséquences à court terme.

Le premier résultat est également le plus probable : le congrès perd sa couleur uniforme. Si républicains et démocrates se partagent le contrôle du Congrès, celui-ci ne votera probablement aucune loi importante d'ici l'élection présidentielle de 2020. Les marchés devraient donc bien réagir à ce résultat dans la mesure où l'économie américaine se porte bien et où le marché des actions profite de la situation. Les actions du secteur de la santé devraient afficher de bonnes performances en cas de blocage politique – lequel signifierait que l'Affordable Care Act et le prix des médicaments ne connaîtraient aucune évolution majeure.

De plus, le gouvernement, divisé, freinerait probablement ses dépenses budgétaires (et ne procéderait ni à des réductions d'impôts supplémentaires, ni à des dépenses d'infrastructure importantes), ce qui diminuerait la pression qui s'exerce sur le rendement des obligations du Trésor américain.
L'hypothèse – moins probable – d'une vague démocrate déferlant sur le Congrès pourrait donner lieu à un résultat plus perturbant. Le parti démocrate détiendrait alors le pouvoir de bloquer les nominations présidentielles et verrait augmenter ses chances de remporter l'élection présidentielle de 2020.

Il pourrait remettre en cause certains éléments clés de la réforme fiscale, dont la réduction de l'impôt sur les sociétés et le plafonnement du taux d'imposition appliqué à la tranche supérieure.

Dans ce cas de figure, le marché des actions américaines deviendrait vraisemblablement plus volatil – la réforme fiscale étant l'un des principaux déterminants des bonnes performances qu'il affiche depuis l'élection de Trump, et plus particulièrement cette année.

Les marchés pourraient en outre s'inquiéter d'une éventuelle tentative de destitution de Trump par un Congrès démocrate. Mais il semble très peu probable que le président en exercice puisse être mis en accusation et condamné dans le cadre d'une procédure d'impeachment. Même si les démocrates s'emparent du Sénat, ils n'obtiendront jamais la majorité des deux tiers (67 sénateurs) nécessaire à sa condamnation.

Sur le plan politique, cette vague démocrate modifierait très certainement l'orientation des dépenses budgétaires, notamment au profit des dépenses d'infrastructure. Cette inflexion réjouirait les secteurs de l'industrie et des matériaux et conduirait sans doute à une augmentation du rendement des obligations – notamment si le Congrès décide d'augmenter les impôts pour financer cette politique.

Si les républicains conservent le contrôle des deux chambres, on pourra légitimement estimer qu'il s'agit d'un résultat positif pour le marché des actions et moins prometteur pour le rendement des obligations. Le gouvernement Trump pourrait alors intensifier sa politique de réduction de l'impôt sur les sociétés, ce qui serait bien vu pas le monde des affaires. En revanche, le déficit du pays se creuserait très certainement.