Paris (awp/afp) - Les craintes sur le rythme de la reprise économique ont rendu maussades les marchés européens, qui ont reculé vendredi pour la deuxième journée de suite après la publication d'un indicateur sur la croissance du secteur privé en zone euro en août.

La prudence l'a emporté à Francfort, qui a perdu 0,51%, comme à Milan (-0,36%), Madrid (-0,34%), Paris (0,30%) et Londres (-0,19%). A Zurich, le SMI a cédé 0,11%.

Les marchés américains continuaient leur progression: à 18H30 (16H30 GMT), son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, s'appréciait de 0,30%, le Nasdaq, à forte coloration technologique, prenait 0,33% après avoir fini la veille à un niveau inédit et l'indice élargi S&P 500 grappillait 0,14%. Les indices étaient notamment portés par la forte hausse des reventes de logements anciens en juillet.

"Après la récession historique du printemps, puis le rebond technique de juin-juillet, l'atonie économique est déjà de retour" en Europe, résume Marc Touati, président du cabinet ACDEFI.

La croissance du secteur privé en zone euro a ralenti en août, notamment en France et en Allemagne, après une forte reprise en juillet avec le rebond de la pandémie de Covid-19 dans diverses régions, selon la première estimation vendredi du cabinet Markit.

A Londres, la tendance a été plus positive mais l'indice "a été entraîné par la tendance du continent", juge David Madden, analyste de CMC Market, tandis que Londres et Bruxelles se sont rejeté mutuellement la faute du manque de progrès pour trouver un accord sur leur relation post-Brexit.

Malgré différents essais au cours de l'été "les tentatives de franchissement des résistances à la hausse des indices mondiaux ont échoué" à l'exception des indices comportant énormément de valeurs technologiques comme le Nasdaq ou, dans une moindre ampleur, le S&P500, note l'économiste Véronique Riches-Flores.

Défiance des consommateurs

"La défiance des consommateurs reste importante et les comportements de dépenses bridés par les inquiétudes persistantes sur l'emploi et la situation financière future", justifie-t-elle.

Jeudi, la réserve fédérale américaine avait déjà mis en garde contre "l'incertitude élevée" entourant la reprise aux États-Unis.

La semaine a été en plus marquée par l'aggravation de la situation sanitaire en Europe, où le nombre des nouvelles contaminations est reparti nettement à la hausse (+15% par rapport à la semaine précédente), faisant craindre des mesures de restriction de l'activité économique.

Ainsi, la France a enregistré 4.771 nouveaux de Covid-19 au cours des dernières 24 heures, une progression inédite depuis mai.

Dans l'après-midi, des marchés ont rebondi à l'image de Paris et Francfort. Malgré les mauvais indicateurs, "les investisseurs ne sont pas allés sur l'or ou sur des valeurs défensives", mais ont continué de plébisciter "les valeurs technologiques", note également Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

Les taux sur le marché de la dette n'ont presque pas bougé vendredi pour les pays de la zone euro.

Le géant allemand de la chimie et de la pharmacie Bayer a baissé de 0,58% à 56,33 euros, au lendemain de l'annonce qu'il allait débourser 1,6 milliard de dollars (1,35 milliard d'euros) pour clore "90% des près de 39.000 plaintes" déposées contre son dispositif de contraception définitive Essure aux Etats-Unis, mis en cause pour des effets indésirables.

Les rumeurs autour d'un rapprochement entre le groupe hôtelier Accor et son concurrent britannique Intercontinental Hotel Group ont encore porté les deux titres, qui ont bondi respectivement de 4,18% à 24,67 euros et de 6,20% à 4.280 pence.

En France, Dassault Système qui a gagné 1,13% à 152,40 euros, Capgemini (+1,51% à 114 euros), ou encore Atos qui a pris 0,46% à 70,40 euros ont bien résisté à la tendance, dans le sillage des performances du Nasdaq.

afp/rp