Paris (awp/afp) - La circonspection dominait vendredi matin sur des marchés européens peu enclins à prendre des risques à quelques heures de la publication d'un rapport particulièrement attendu sur l'emploi aux Etats-Unis, qui pourrait raviver le spectre de l'inflation.

Vers 09h10 GMT, Paris (-0,08%), Francfort (-0,03%) et Milan (-0,02%) hésitaient sur la marche à suivre tandis que Londres reculait de 0,25%.

En Asie, la Bourse de Tokyo a fini en recul (-0,4%), tout comme celle de Hong Kong (-0,3%) tandis que celle de Shanghai s'est adjugée 0,2%.

De son côté, la Bourse de New York a terminé dans le rouge jeudi, l'indice à forte coloration technologique Nasdaq accusant sa plus forte chute en trois semaines.

La situation du marché du travail semble pourtant s'améliorer aux Etats-Unis avec des créations d'emplois dans le privé soutenues et un recul des demandes hebdomadaires d'allocations chômage, selon des indicateurs publiés jeudi.

En outre, l'activité dans les services aux États-Unis a bondi plus qu'attendu en mai, atteignant même un niveau jamais enregistré auparavant.

Mais "tout en se réjouissant de cette embellie extraordinaire, les investisseurs qui ont déjà intégré une partie de ce très fort rebond dans les prix des actifs, se posent la question des possibles ajustements que cette situation pourrait entraîner" au niveau de la politique monétaire, souligne Sebastian Paris Horvitz, stratégiste chez LBPAM.

Si l'inflation devient galopante et durable, les banques centrales pourraient opérer un resserrement monétaire, avec hausse des taux d'intérêt directeurs et baisse des rachats d'actifs.

Des hypothèses non envisagées à ce stade, les banquiers centraux n'ayant eu de cesse de répéter ces dernières semaines que le pic d'inflation qui se profilait ne serait que transitoire.

Reste que "le débat sur la surchauffe de l'économie gagne du terrain, même si le meilleur thermomètre pour le mesurer - qui est le marché obligataire - reste très calme au regard de la situation", complète M. Horvitz.

Ce jeudi, les rendements obligataires, qui se sont légèrement tendus la veille dans le sillage des statistiques américaines, se stabilisaient.

Dans ce contexte, le rapport détaillé sur l'emploi américain de mai, attendu dans l'après-midi, sera particulièrement scruté.

Les analystes tablent sur 720'000 créations d'emplois et une petite baisse du taux de chômage, à 5,9%.

Par ailleurs, le G7 Finances s'ouvre ce vendredi à Londres, avec en haut de l'agenda le projet d'impôt minimal mondial ravivé par l'administration du président américain Joe Biden, et qui reçoit un soutien commun des grandes puissances européennes.

L'aérien à la peine outre-Manche

Le secteur du tourisme pâtissait à Londres du retrait du Portugal de la liste verte du Royaume-Uni, ce qui imposera une quarantaine de dix jours pour les passagers revenant de ce pays. La compagnie aérienne EasyJet perdait 1,84% à 941,56 pence et le groupe IAG (British Airways) 1,43% à 195,34 pence.

Les matières premières dans le haut du tableau parisien

A Paris, les valeurs pétrolières tiraient la cote, aidées par Vallourec qui bondissait en tête du SBF 120 (+21,97% à 11,70 euros) après le lancement d'une augmentation de capital de 300 millions d'euros, dernière étape de sa restructuration financière entamée début février.

Il était suivi de TechnipFMC (+4,93% à 8,56 euros), Technip Energies (+3,85% à 13,21 euros) et CGG (+1,08% à 0,95 euro).

Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin

Vers 09h00 GMT, le pétrole reprenait de la vigueur après s'être stabilisé la veille.

Le baril de WTI pour le mois de juillet, la référence américaine, gagnait 0,55% à 69,19 dollars. Il avait clôturé mercredi à son plus haut niveau depuis octobre 2018.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août prenait 0,49% à 71,66 dollars. Il avait atteint jeudi en séance un niveau plus vu depuis mai 2019.

La veille, le WTI est monté jusqu'à 69,40 dollars le baril en cours de séance asiatique, un plus haut depuis le 23 octobre 2018, tandis que le Brent a atteint un maximum depuis le 22 mai 2019, à 71,99 dollars.

De son côté, l'euro poursuivait son reflux face au billet vert (-0,12% à 1,2112 dollar), ce dernier étant dopé par la perspective de bonnes données sur l'emploi américain.

Le bitcoin perdait 5,3% à 36,669 dollars.

afp/ck